Titre original : Riaru Onigokko – リアル鬼ごっこ
2015 – Japon
Genre : Drame assez violent
Durée : 1h25
Réalisation : Sono Sion
Musique : Mono
Scénario : Sono Sion
Avec Triendl Reina, Shinoda Mariko, Mano Erina, Sakurai Yuki, Takahashi Maryjun et Isoyama Sayaka
Synopsis : Alors qu’elle prend joyeusement le bus pour se rendre à son lycée, Mitsuko est victime d’un drame. Une force invisible tue tout le monde sous ses yeux et la poursuit. Parvenant à rejoindre son lycée, elle pense que tout est désormais plus calme. Sauf que ben non !
2015 est une grande année pour Sono Sion. Pas moins de 7 projets sous le coude. Oui rien que ça ! On s’en doute, en se lançant dans autant de projets, il va y avoir à boire et à manger. La nouvelle pourrait ravir ses fans, mais en fait, elle fait plutôt peur. Oui, il va y avoir des œuvres de commandes, des œuvres sans doute torchées à la va vite également. Tag est au départ une œuvre de commande, qui adapte un roman. Roman déjà adapté avec 5 films de V-Cinema à la qualité très discutable. Voilà qui peut faire peur. Mais pourquoi pas. L’histoire, de base, nous parle des personnes dont le nom de famille est Sato se faire attaquer. Bon, Sono Sion vire tout ça, et à la place, se sont juste des lycéennes aux petites culottes apparentes qui se font décimer dans la joie et la bonne humeur. Le film commence fort d’ailleurs, puisque deux minutes en mains, et voilà que deux bus entiers sont décimés, plus quelques passants, pour le fun ! Directement, on constate diverses choses. Triendl Reina (Ju-On : The Beginning of the End) joue très bien, c’est un fait. En plus d’avoir un certain magnétisme à l’écran, elle passe parmi plusieurs émotions, de la joie à la peur avec aisance, et porte le film, du moins une partie du film, sur ses épaules. On remarque également que le film se fait généreux. On ne perd pas de temps et paf, une trentaine de morts d’un coup.
La mise en scène de Sono Sion se fait élégante, souvent posée, avec beaucoup de plans filmés en drone, et cela donne un aspect très poétique au métrage. Bien loin de ce que l’on pouvait attendre du métrage. Car oui, Tag n’est absolument pas le film que l’on pouvait attendre. On nous vendait un carnage non stop à la Battle Royale ? Et bien non, Sono Sion s’en amuse et découpe son film en trois (voir plutôt quatre) parties. Le carnage, l’action, ce sera au début, dans les deux premières parties, le reste se faisant finalement beaucoup plus posé. Mais jamais ennuyeux, puisque Tag est un film extrêmement bien dosé. Et bien qu’étant de base une œuvre de commande, on remarque dés les premiers instants, et cette impression se confirme au fur et à mesure, que le métrage est finalement, dans son propos, beaucoup plus personnel qu’on ne le pense. Oui, les trois personnages principaux sont Mitsuko, Keiko et Izumi, des noms déjà utilisés pour les premiers rôles d’œuvres antérieures de Sono Sion. Trois femmes qui passent leur temps à courir, trois femmes qui ne sont qu’une seule femme. Tag n’est finalement que le chemin d’une femme, qui va courir, sans arrêt, pour sa vie, mais aussi pour grandir, pour apprendre à se connaître, apprendre à se défendre, à s’assumer, à s’accepter. On reprochera dans le propos le film au chemin de la femme de Guilty of Romance, bien que le genre abordé est bien évidemment totalement différent.
Là où dans Guilty of Romance, les hommes étaient manipulateurs et dépeints uniquement comme des hommes intéressés par le sexe, Sono Sion donne une autre image de l’homme ici, peu glorieuse et arrivant tardivement (les hommes sont très peu présents), puisque leur traitement sera soit grotesque, soit ils seront camouflés derrière un masque de cochon. Peu subtil certes, mais le message passe ! Tag serait donc une œuvre de commande parfaite, que le réalisateur se serait totalement approprié pour livrer finalement une critique sociale pertinente et personnelle ? Oui et non. Tag est bien plus personnel et réussi qu’un Tokyo Tribe ou encore Why Don’t You Play in Hell ? (déjà, il ne dure qu’1h25), il est incroyablement maîtrisé dans sa forme, son fond est plutôt intéressant et pertinent bien que parfois facile, mais pas parfait. Niveau défauts, comment ne pas citer cet affreux sang numérique, de plus en plus présent dans le cinéma de son auteur. S’il passe à la limite dans un délire tel Why Don’t You Play in Hell ? (après tout, c’est le tournage d’un film), ici, il retire quelque peu de la force poignante que la violence aurait du avoir à l’écran. Dans le même ordre d’idée, alors que la scène de l’église commence de manière magistrale et plutôt bien trouvée, elle se termine par un combat de kung-fu et la seule chose qui interpelle, c’est que oui, les actrices ne savent pas se battre ! Quelques doublures, un meilleur découpage au niveau du montage ou un temps de tournage plus grand (au lieu de tourner 7 films en 2015) aurait sans doute pu corriger ce problème. Mais en soit, Tag est une rafraîchissante surprise.
Les plus
Des scènes parfois très violentes
Trois actrices convaincantes
Une mise en scène très appliquée
De très beaux moments poétiques
Un film surprenant
Les moins
Un combat assez raté dans l’église
Le sang numérique
En bref : Sono Sion mêle ses propos personnels à une œuvre de commande, livrant ainsi un film étrange, entre le défouloir jouissif et le film d’auteur féministe. Pas parfait certes, mais intéressant.