Titre original : Crime d’Amour
2010 – France
Genre : Thriller
Durée : 1h46
Réalisation : Alain Corneau
Musique : Pharoah Sanders
Scénario : Alain Corneau et Natalie Carter
Avec Ludivine Sagnier, Kristin Scott Thomas, Patrick Mille, Guillaume Marquet, Gérald Laroche et Julien Rochefort
Synopsis : Christine Rivière dirige la branche française de la multinationale Barney Johnson. Elle mène avec succès plusieurs dossiers grâce à sa subordonnée, Isabelle Guérin, qui ne parvient pas à lui tenir rigueur de ce que son rôle est chaque fois minoré. Sa supérieure déploie une relation en apparence très affective et complice avec elle, et se voit en même temps proposer une promotion à New York. Christine Rivière envoie Isabelle à sa place pour une négociation au Caire, où cette dernière commence une liaison avec Philippe Deschamp, l’un des amants de Christine. Isabelle se demande rapidement si elle n’a pas été manipulée, d’autant que sa patronne s’attribue une fois encore ses idées et le succès de cette mission.
En 2010 lors de sa sortie, Crime d’Amour était un métrage que j’attendais, mais étant alors en voyage à l’étranger à l’autre bout du monde, je n’avais pas pu le voir, et je l’avais presque oublié. Presque car entre temps, Brian De Palma en a signé un remake, en y injectant tous ses effets de styles habituels (écrans splités, vues subjectives). Passion donc, un remake que j’avais trouvé, sans pouvoir comparer du coup avec l’original, tout juste sympathique. En vérité, ce fut les effets de styles typiques de De Palma que je trouvais de trop, que je trouvais superficiels vis-à-vis de l’histoire (et je suis un fan de De Palma). Six ans après sa sortie, je peux enfin me rattraper et voir l’original, signé Alain Corneau, son dernier film d’ailleurs, puisque le réalisateur a rendu l’âme deux semaines après la sortie de son film. Mais du coup, par extension, l’histoire, la même à quelques détails près (le milieu dans lequel les personnages évoluent), ne réserve que peu de surprises. Et à ma grande surprise, ce n’est absolument pas un souci, puisque Crime d’Amour s’avère être un film maîtrisé et passionnant malgré quelques menus défauts. Kristin Scott Thomas est donc à la tête d’une société, et profite bien de ses employés pour obtenir tous les lauriers, notamment de sa subordonnée, jouée par Ludivine Sagnier. Très rapidement, en réalité, dés la scène d’ouverture, le spectateur comprend sans difficulté que quelque chose cloche entre les deux.
Est-ce un jeu ? De la provocation ? Christine (Kristin Scott Thomas) semble proche, un peu trop même, très familière voir plus avec Isabelle (Ludivine Sagnier). Lorsque les deux femmes sont ensembles, on pourrait y voir les deux meilleures amies du monde, voir même un couple. Mais Christine cache son véritable visage, puisque dés qu’elle se retrouve seule ou avec d’autres personnes, elle change littéralement de personnalité. Christine représente en fait la femme manipulatrice par excellence, dont le seul but est de réussir dans sa vie, professionnellement et personnellement, quitte à écraser un peu tout le monde sur son passage. Isabelle va très rapidement en faire les frais, à tous les niveaux, et même devant les autres. Rabaissée, humiliée, Isabelle va devoir faire un choix. Etre la victime et subir en prenant sur elle, se laisser aller à la dépression sans réagir, ou justement, réagir et prendre son destin en main pour être vue comme elle veut l’être. On s’en doute, la troisième option est la bonne, sinon le film ne serait pas vraiment passionnant.
Isabelle va prendre modèle sur Christine et tenter la manipulation ultime : le meurtre. En planifiant tout, et ça, le spectateur le découvrira au fur et à mesure du film, une fois l’acte accompli. Si au final, Crime d’Amour se fait prévisible, il nous montre les événements de manière claire et simple, et donc plutôt habile, sans utiliser de quelconques artifices pour nous tromper (à la différence du remake de De Palma). On suit l’aventure jusqu’au bout pour bien comprendre comment tout a été planifié, et surtout pour voir si tout le plan va fonctionner comme Isabelle le voudrait. Dommage qu’à quelques rares instants, Crime d’Amour se fasse un peu plus « pauvre » cinématographiquement parlant, comme lors de quelques flashbacks dans un noir et blanc peu élégant (un simple filtre noir et blanc posé sur l’image), et surtout très terne. Des petits détails au final pas si catastrophiques que ça, puisque le dernier film d’Alain Corneau est une bobine plutôt solide. Il a su s’entourer de grandes actrices (Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier) pour donner vie à cette manipulation féminine dans le monde des entreprises, et ça fonctionne. Bien mieux que dans le remake.
Les plus
Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier
Un bon jeu de manipulation
Maîtrisé et intéressant
Les moins
Les moments en noir et blanc, peu esthétiques
En bref : Crime d’Amour est un thriller manipulateur intéressant et plutôt habile, même si on se doute de sa finalité. Le métrage fonctionne parfaitement grâce au talent des interprètes.