Titre original : Fortress
1992 – Etats Unis / Australie
Genre : Science Fiction
Durée : 1h35
Réalisation : Stuart Gordon
Musique : Frédéric Talgorn
Scénario : Troy Neighbors, Steven Feinberg, David Venable et Terry Curtis Fox
Avec Christophe Lambert, Kurtwood Smith, Loryn Locklin, Clifton Collins Jr., Lincoln Kilpatrick, Jeffrey Combs, Tom Towles et Vernon Wells
Synopsis : En 2018, la Terre est en crise à cause de la surpopulation. Une règle est instaurée : chaque famille ne peut avoir qu’un seul enfant. John Brennick et sa femme Karen enfreignent cette règle en raison de la mort de leur premier enfant. Ils sont condamnés à 31 ans de prison dans une prison à sécurité maximale de la société MENTEL. Personne n’a réussi à s’en évader, c’est pourquoi on l’appelle LA FORTERESSE.
Fortress au départ, c’était un projet à très gros budget, aux alentours de 60, qui devait mettre en avant Arnold Schwarzenegger. La star du cinéma d’action propose à la production d’embaucher le réalisateur Stuart Gordon pour le film, avec qui il avait travaillé en étant cascadeur en 1985 sur Re-Animator, et dont il apprécie le travail. Il faut dire que le métrage est une belle opportunité, puisque la carrière de Gordon a connue quelques bas. Enchaînant Re-Animator, puis From Beyond et Dolls, Gordon n’aura pas eu de chance à la fin des années 80 en signant Robot Jox, un nanar de science fiction aussi connu sous le nom des Gladiateurs de l’Apocalypse. Un film raté ayant coûté 10 millions, et rapporté un peu plus d’un million… Gordon accepte, mais entre temps, Schwarzenegger quitte le projet pour rejoindre un projet d’envergure : Last Action Hero pour McTiernan. Il est remplacé par Christophe Lambert donc sur Fortress, et le budget lui descend, descend, jusqu’à atteindre les 8 malheureux millions. Oui, pour un projet de science fiction se déroulant dans une prison, avec évasion à la clé, ce n’est pas des masses. Et pourtant, Fortress s’en sort bien, très bien même. Certes ce n’est qu’une petite série B inoffensive, mais ce qu’il propose, à quelques scènes fauchées près, il le fait bien. À la manière d’un New York 1997, John Brennick est arrêté et envoyé dans une prison futuristique dont personne ne peut s’évader. Oui le pitch on le connaît. Comme le personnage de Carpenter également, Brennick est un ancien soldat.
Dès les premiers instants, on se rend compte que Gordon, malgré le petit budget, a soigné son métrage. Les décors sont réussis, les effets spéciaux (maquettes et autres) ont de la gueule, et si le scénario ne sera pas surprenant, il se fait rythmé et plaisant. Comme chaque film d’évasion, Fortress contient ce qu’il faut de prisonniers méchants qui mettront des bâtons dans les roues du héros, des gentils qui vont l’aider, d’étude de la prison, mais également un plan bien huilé qui va se dévoiler petit à petit mais ne va pas se dérouler comme prévu, et surtout, d’un chef de prison très très méchant. Sans pour autant forcer le trait, Fortress délivre tous ses éléments, et nous offre en plus un casting de qualité. Dans le rôle de Brennick, Christophe Lambert, dont la carrière commence à descendre, mais n’est pas encore au plus bas (Highlander Le Retour en 1991 certes, mais en 1992, ce Fortress, Face à Face également, le pire est à venir), et en chef de prison, on trouve une gueule inoubliable des bad guy avec Kurtwood Smith (Robocop). Pour aider Brennick à sortir de prison, des personnages secondaires assez classiques dans l’ensemble, avec le gentil latino (Clifton Collins Jr., vu récemment dans Transcendence ou Pacific Rim), le noir qui pourrait bientôt avoir la conditionnelle (Lincoln Kilpatrick, déjà en prison dans le film Prison de Renny Harlin), le détenu binoclard doué en robotique (Jeffrey Combs, habitué du cinéma de Stuart Gordon et Brian Yuzna)…
Classique sur le papier oui, mais hautement divertissant. Surtout que Stuart Gordon, malgré les contraintes imposées par son budget, fait du travail plutôt honnête. Son univers a de la gueule, le film se fait par moment bien violent (les affrontements entre prisonniers qui finissent la gueule en sang, les émetteurs dans l’estomac des détenus qui explosent), ce qui surprend aux premiers abords, et l’ensemble ne s’éternise pas dans des scènes inutiles. Certes, Fortress est une série B un peu fauchée, mais il dépasse ce simple stade la plupart du temps, pour se montrer divertissant mais surtout, comme étant un petit film possédant une âme. Tout n’est pas parfait, mais on pourra critiquer certaines scènes, notamment lorsque le directeur explore les rêves des prisonniers, contenant des filtres de couleurs et des effets totalement kitchs qui là trahissent clairement le manque de budget. Certains éléments scénaristiques seront un peu concons également, notamment lors du final que je ne spoilerais pas pour autant. Pour apprécier Fortress, il faut le prendre pour ce qu’il est, c’est-à-dire une solide série B, avec des gueules connues que l’on aime voir, des moments bien violents, quelques idées intéressantes, un parcours en soit prévisible, mais le tout emballé avec sérieux et s’avérant très plaisant à suivre, et mieux, parvenant à survivre au cap des années (c’est ambitieux et fauché, ça a tout de même plus de 20 ans, mais l’ensemble passe toujours). On ne pourra pas en dire autant de sa suite en 2000, Fortress 2, oscillant toujours entre le nanar nawak et le sombre navet.
Les plus
Un film divertissant
De la solide série B
Bien emballé
Bon casting
Les moins
Quelques moments kitchs
Peu de surprises en soit
En bref : Un peu oublié, Fortress reste encore solide et divertissant des années après. Gordon a fait du plutôt bon boulot et ça se regarde avec nostalgie.