Titre original : Cat People
1982 – Etats Unis / Espagne
Genre : Fantastique
Durée : 1h58
Réalisation : Paul Schrader
Musique : Giorgio Moroder
Scénario : Alan Ormsby
Avec Nastassja Kinski, Malcolm McDowell, John Heard, Annette O’Toole, Ruby Dee et Ed Begley Jr.
Synopsis : Après la mort de ses parents, la jeune Irena Gallier retrouve son frère aîné, Paul, qui vit près de La Nouvelle-Orléans. Peu de temps après, Paul disparaît sans laisser de traces dans une maison close où une prostituée a été attaquée par une panthère. On réussit à capturer l’animal qu’on enferme dans un zoo où, le lendemain, Irena accourt. Elle se lie d’amitié avec un des zoologistes, Oliver Yates.
À Hollywood dans les années 80, c’est l’époque des remakes. Mais pas comme la vague actuelle qui persiste depuis quasi 10 ans, en copiant les films originaux pour livrer encore la même histoire. Non, les années 80, c’était l’époque où l’on laissait des réalisateurs ayant un univers bien personnel s’occuper de faire des remakes, plus des relectures des thèmes au final. Oui, il y eu l’énorme The Thing de John Carpenter en 1982, mais également La Mouche de David Cronenberg en 1986. La Féline de Paul Schrader en 1982 est de ces métrages là, très différent de l’original, reprenant au final le concept et une unique scène pour livrer une vision personnelle. La Féline de Jacques Tourneur en 1942 jouait sur la suggestion, se révélait plus un drame dans son approche du fantastique et de sa mythologie. L’époque était différente, l’approche également, le budget tout autant. En 1982, les techniques sont au point, les effets spéciaux ont une place très importante dans le cinéma fantastique. Que ce soit Paul Schrader, David Cronenberg ou John Carpenter, leur réinvention de cette histoire connue s’éloigne sensiblement des films originaux, pour s’encrer dans leur époque, mais pas de manière stupide et mercantile non, mais de manière logique et avec une thématique poussée. Si La Féline de Tourneur est un grand film et un classique, la version livrée par Schrader l’est tout autant, pour des raisons différentes.
Clairement encré dans les années 80, dans son visuel, l’utilisation des couleurs, des travellings, et même jusque dans sa musique (outre le thème composé par David Bowie, le score est signé Giorgio Moroder), La Féline est un film beaucoup plus démonstratif que l’original, mais également donc poussant ses thématiques plus loin. La panthère est un animal qui inspire la peur, mais également le respect, se déplaçant et se muant avec une certaine sensibilité. Paul Schrader le comprend bien, et fait de cette sensualité, ou même de cette sexualité un des piliers de son film. Nastassja Kinski (la fille de Klaus Kinski), jouant Irena, le personnage central de l’intrigue, épouse à merveille cette sensualité. Le scénario explique ici l’originale de cette féline, et donc de son frère, et si aujourd’hui son propos pourrait être vu comme superflu et facile, le traitement que Paul Schrader en fait force le respect. Irena est une féline, une panthère, sans s’en rendre compte. Mais plus le film évolue, plus elle accepte sa condition, ses origines, et cède donc à ses pulsions, sexuelles, et meurtrières, alors qu’elle les refuse au départ, ou tout simplement refuse de les voir, comme lorsqu’elle sautera par la fenêtre et atterrira comme un félin. Face à elle, son frère Paul, joué par l’énorme Malcolm McDowell (Orange Mécanique, Doomsday, Halloween) est l’exact opposé de sa sœur, acceptant pleinement sa condition, acceptant de tuer, même s’il voit en Irena son salut.
Oui, les thématiques de cette version 1982 sont intéressantes, Schrader rend son film hautement sexuel sans pour autant être racoleur (la nudité est présente, notamment dans la seconde partie du récit, mais jamais vulgaire), et se permet même de révéler l’origine de nos personnages via quelques rares séquences sublimes. Car oui, ici, la forme épouse le fond. De l’utilisation des couleurs, à la musique synthé nous plongeant clairement au début des années 80, La Féline captive et attire l’œil. Schrader change aussi légèrement le ton de sa relecture, notamment lors de son final, s’inscrivant encore une fois plus dans son époque avec un final plus romantique que pessimiste ou même fataliste. Il faut dire qu’au final, cette version de 1982 ne reprend qu’une seule scène du film original, à savoir la scène de la piscine, fort réussie dans les deux versions. Et comme pour beaucoup de relectures de cette époque (La Mouche, The Thing, ou même le mythe du loup-garou avec Hurlements et Le Loup-Garou de Londres), les effets spéciaux, mécaniques bien entendu, tiennent encore la route aujourd’hui et se font impressionnants. Cette relecture de La Féline, boudée par certains, mérite pourtant amplement le coup d’œil, se faisant très différente certes, mais d’un côté complémentaire. La bonne époque !
Les plus
Le charme de Nastassja Kinski
Malcolm McDowell
L’ambiance années 80
Une relecture intéressante
Les moins
…
En bref : Plus une relecture qu’un remake, La Féline fait parti de la grande vague de remake des années 80. Très différent, complémentaire, plus visuel, plus sensuel.