CHRISTINE de John Carpenter (1983)

CHRISTINE

Titre original : Christine
1983 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h50
Réalisation : John Carpenter
Musique : John Carpenter et Alan Howarth
Scénario : Bill Phillips d’après le roman de Stephen King

Avec Keith Gordon, John Stockwell, Alexandra Paul, Robert Prosky, Harry Dean Stanton, Christine Belford et Roberts Blossom

Synopsis : La vie d’Arnie Cunningham change radicalement lorsqu’il achète pour 250 dollars une vieille épave, une Plymouth Fury de 1958 nommée Christine. Alors qu’il répare la voiture, Arnie commence à changer psychologiquement.

En 1983, tout ne va pas très bien pour John Carpenter. En 1982, The Thing est une déception au box office et ne récolte que des critiques assassines. Pour rebondir, Carpenter accepte de réaliser l’adaptation du roman Christine pour le producteur Richard Kobritz, qui a été produit l’adaptation en téléfilm des Vampires de Salem d’après King en 1979. Une commande donc, qui ne passionne pas réellement Carpenter, mais dont il a diablement besoin pour rebondir et continuer sa carrière. Commande ou pas, en regardant Christine, impossible de ne pas reconnaître la patte du réalisateur en quelques plans, surtout qu’il signe également la splendide musique du métrage. Dès la scène d’ouverture, Christine prend des libertés avec le roman, avec une scène inédite montrant l’origine de Christine. Oui, Christine est une voiture possédée en quelque sorte depuis sa création, chose que le film nous montre clairement, tandis que le roman semble indiquer que la voiture est possédée par l’esprit de son ancien propriétaire. On n’en voudra aucunement au scénariste, puisque le film est une réussite. La lente dégradation d’Arnie, le changement de sa psychologie dés lors qu’il achète Christine, cette Plymouth Fury, le tout allié à la sublime mise en scène du maître font de ce film un grand film. Pas le meilleur de Carpenter (en même temps, dur en tant que film commercial de passer juste derrière New York 1997 et The Thing), mais une œuvre tout à fait honorable, intéressante, parsemée de plans marquants et iconiques.

Ce n’était pas gagné pourtant, car oui, le film parle bel et bien d’une voiture tueuse, et l’histoire du cinéma a prouvé que le sujet était casse gueule. Si l’on ne parlera pas de la moto tueuse dans le cinquième opus de Freddy, orienté humour et comic, il y a eu le bien mauvais Hybrid de Eric Valette, Sans Plomb de Alex Orr ou encore le triste Maximum Overdrive, de Stephen King justement. Christine lui fait bien les choses, et on le doit clairement à la mise en scène de Carpenter. Car comme souvent déjà, le réalisateur prend son temps pour nous poser une ambiance, nous exposer son contexte, ses personnages, et donc faire basculer doucement son récit dans l’horreur. Les méfaits de Christine seront donc durant toute la première partie avant tout psychologique, changeant doucement Arnie, le rendant obsédé par sa voiture alors que ce qui l’entoure semble enfin lui réussir, notamment avec sa petite amie Leigh. On pourrait même dire au début que l’influence de Christine est bénéfique pour lui. Arnie, ce souffre douleur comme Stephen King les aime tant depuis son premier roman (Carrie), qui prend enfin confiance en lui, s’affirme, ose répondre à ses parents, se trouve une petite amie. Le souci, c’est que rapidement, son obsession devient étouffante et dépasse les limites, lorsqu’il insulte ses parents, délaisse son unique ami, et se montre beaucoup plus intéressé par sa voiture que par sa petite amie.

Puis fatalement, dans sa seconde heure, après la culte séquence de la reconstruction de la voiture détruite, Christine verse dans le film d’horreur, sans pour autant se faire graphique. Car Carpenter, à l’exception de The Thing qui en mettait plein la vue mais uniquement lorsque cela était nécessaire, a toujours préféré la suggestion. Christine fonctionne également pareil, de la suggestion. Et il donne à Christine (la voiture) des plans absolument marquants, lorsque celle-ci se conduit toute seule dans les rues, sur les notes de synthé parfaitement identifiables, à la recherche de ses victimes. Ces scènes auraient pu être ratée, ou n’être simplement que de simples scènes de meurtres de série B, mais entre les mains de Carpenter, cela devient bien plus, cela impressionne, cela devient jouissif même. On pourra bien encore une fois pester contre un film ultra expéditif, mais qu’importe, puisque même celui-ci fonctionne en soit. Christine n’est clairement pas le meilleur film de Carpenter (il admet l’avoir réalisé sans vraie envie, mais admet aujourd’hui que le film est plutôt pas mal), mais il a indéniablement sa patte, autant dans les moments de tension entre les différents personnages (les discussions entre Anie et son ami dans la voiture) que dans les attaques de Christine. Néanmoins, le fantastique est très souvent en arrière plan ici, pour se focaliser sur autre chose, à savoir le mal être adolescent. Et le personnage d’Arnie est vraiment réussit dans ce sens. On ne pourra pas dire la même chose des autres personnages, stéréotypés il est vrai. Mais rien qui ne gêne réellement la vision du métrage.

Les plus

Efficace
Le score musical
Un métrage intéressant
Les attaques de Christine

Les moins

De nombreux stéréotypes et clichés

En bref : Carpenter livre une adaptation efficace du roman de Stephen King. Tout n’est pas parfait, mais le métrage contient suffisamment de scènes fortes, de plans iconiques en plus d’une pure ambiance à la Carpenter pour supporter le poids des années.

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