THE MONSTER de Bryan Bertino (2016)

THE MONSTER

Titre original : The Monster
2016 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h31
Réalisation : Bryan Bertino
Musique : Tomandandy
Scénario : Bryan Bertino

Avec Zoe Kazan, Ella Ballentine, Aaron Douglas, Scott Speedman, Christine Ebadi et Chris Webb

Synopsis : Kathy et Lizzy ont toujours eu une relation compliquée. Kathy, c’est la mère, jeune, un brin dépendante à l’alcool et d’autres choses, ne s’occupant pas de sa fille. Lizzy, c’est la fille, jeune, un peu traumatisée. Alors qu’elles prennent la route pour aller voir le père de Lizzy, leur voiture tombe en panne après avoir évité un loup sur la route. Une dépanneuse et une ambulance est en route, mais quelque chose semble roder dans les bois aux alentours…

Au fur et à mesure que l’on se penche sur le cinéma de genre vraiment indépendant, on peut se poser quelques questions. Oui, que l’on regarde par exemple It Follows, The Witch ou bien The Monster, on se rend compte que l’horreur, la vraie, celle fait sérieusement et avec amour, n’est pas morte. Et surtout qu’elle peut être dans certains cas très réussie. Alors pourquoi ces petites productions indépendantes au budget souvent ridicule (entre 1 et 3 millions) font mieux que les gros budgets, mais font également mieux que les téléfilms made in Syfy et The Asylum qui ont pourtant parfois des budgets plus élevés que ces dits films ? The Monster a un budget de 2,7 millions de dollars, a été fait en indépendance totale, ne contient que peu d’acteurs, qu’un seul monstre, et pourtant, bien qu’imparfait (tout comme l’était It Follows), il parvient à nous renvoyer à l’époque où l’horreur était synonyme de tension. Oui, et non pas de found footage ou autre torture porn, ou de DTV fumants aux concepts tout aussi fumants. The Monster donc est de cette veine, celle des petits films indépendants de 2016, aux côtés de The Witch, Green Room et autres, qui avec un lieu restreint et peu de personnages, parvient à nous scotcher à l’écran grâce à quelques éléments. Non pas son histoire, puisqu’en soit, The Monster ne raconte pas grand-chose de neuf, mais par sa gestion pure et simple de la mise en scène au service d’une ambiance tendue.

The Monster donc nous amène avec une mère et sa fille dans une voiture à l’arrêt, de nuit, au milieu d’une route pluvieuse. Le point de départ ? La mère apporte la fille à son père, un loup sur la route leur fait avoir un accident. L’élément perturbateur ? Un méchant monstre traîne dans les environs et a plutôt faim ! Oui, je vous l’avais dit, The Monster est un métrage sur le papier très simple. Mais qui grâce au savoir faire du réalisateur et aux acteurs, interpelle sur toute la durée. Premier bon point, même avant l’arrivée du monstre, le casting. Zoe Kazan et Ella Ballentine fournissent un excellent travail. Les enfants au cinéma, surtout dans un film de genre, ce n’est pas toujours simple, et il est facile de franchir la fine ligne entre le personnage intéressant et nuancé et le personnage tête à claques. The Monster n’a pas à se soucier de ça, les deux personnages sont bien écrits, et très bien joués. Et si Kathy, la mère, parait bien jeune pour être vraiment maman, le métrage se permet quelques petits éléments visuels afin de renforcer leurs liens, comme des petits tics et autres gestuelles. De l’excellent travail pour que l’on s’accrocher à ces deux personnages. Car oui, le film se concentre sur elles, et pratiquement que sur elles, les autres ne sont que secondaires et furtifs. Et au bout de quoi, 15 minutes, les voilà dans leur voiture au milieu de nul part. Aux alentours, la forêt, l’obscurité, la pluie battante, un cadavre de loup au milieu de la route.

Et le monstre au final va tarder à être révélé, et c’est pour cela qu’il fonctionne. Au départ, une ombre furtive, une silhouette, un petit bout de bras. Et en plus de fonctionner à ce niveau avant de le révéler dans la dernière partie, Bryan Bertino fait un excellent travail de mise en scène tout le long. Il compose chacun de ses plans en laissant une grande place pour l’obscurité, pour l’arrière plan, si bien que la tension nait facilement, le spectateur sait que la créature pourrait surgir à chaque instant, derrière un personnage, dans la forêt, sous une voiture. Chaque plan est une possibilité d’attaque pour la créature, et le réalisateur joue sur cette tension et sur l’attente qu’elle provoque, comme pour nous forcer à être toujours aux aguets, puis à relâcher notre tension au mauvais moment. Et face à cette maîtrise, j’ai envie de pardonner à The Monster ces quelques défauts, comme quelques réactions maladroites des personnages, ou l’insertion à des moments parfois étranges de flashbacks venant nous révéler plus des personnages. Des bons flashbacks d’ailleurs, mais arrivant parfois à des moments étranges. Car The Monster remplit haut la main son contrat. Et lorsque la créature est finalement là, on ne pourra qu’applaudir des deux mains face à la non utilisation de CGI. Oui, le monstre du titre est fait sur le plateau, et ça marche, il possède une véritable présence à l’écran. Imparfait donc, mais délivrant ce qu’on peut attendre d’un vrai film de genre.

Les plus

Les deux actrices principales
Une mise en scène astucieuse
Le monstre, jamais en CGI
La tension s’installe

Les moins

Quelques moments maladroits
Des flashbacks intervenant à des moments parfois étranges

 
En bref : The Monster est une réussite sur pas mal de points. Il parvient à jouer astucieusement sur l’attente et sur la composition de ces plans, et nous offre en prime deux personnages attachants.

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