Titre original : Ava’s Possessions
2015 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h29
Réalisation : Jordan Galland
Musique : Sean Lennon
Scénario : Jordan Galland
Avec Louisa Krause, Whitney Able, Deborah Rush, William Sadler, Zachary Booth, Lou Taylor Pucci et Wass Stevens
Synopsis : Après avoir subi un exorcisme, Ava Dopkins essaie de vivre une vie normale. Ayant tout oublié du mois précédent, elle est obligée d’intégrer un groupe anonyme pour les personnes possédées. Elle tente de se rapprocher de ses amis, de retrouver un boulot mais surtout de savoir d’où viennent toutes ces tâches dans son appartement.
Au cinéma, on ne peut pas dire que le sous-genre de la possession démoniaque soit un genre bien varié. En 1973, William Friedkin a livré l’Exorciste, et encore aujourd’hui, tous les films de possessions s’évertuent à le copier. Même au sein de la saga, quand certains films tentent de s’éloigner du concept, cela donne, au choix, l’Exorciste 2 de John Boorman, bon gros ratage ridicule dont la Warner a encore honte, ou L’Exorciste, la Suite de William Peter Blatty, dont nous avons enfin droit au Director’s Cut en 2016, 26 ans après sa sortie, puisqu’à l’époque, le producteur fit pression pour qu’un exorcisme soit présent dans le dernier acte. Et autre que la saga ? Le Dernier Exorcisme, l’Exorcisme d’Emily Rose, La Possession, The Devil Inside, The Exorcism of Molly Hartley, même le premier The Conjuring contient un exorcisme. Le genre ne cherche jamais à s’éloigner de sa matière première, l’Exorciste de Friedkin donc. Triste constat pour un manque flagrant d’originalité. Heureusement, voilà que débarque en 2015 Ava’s Possessions, un film qui a première vue n’ajoute rien au genre. Sauf que, à la fois dans ce qu’il raconte, dans son ton que dans sa mise en scène, le film a de la ressource. Ava’s Possessions, sur un ton relativement léger, ça aurait pu être un bon Exorciste 2 au final, puisque le film fait le pari fou de nous parler de l’après possession. Oui, dans la scène d’ouverture, nous voyons l’exorcisme d’Ava, cash, puis générique, puis l’exorcisme, c’est terminé.
Ava’s Possessions nous parle donc de l’après possession, de comment la jeune Ava (très convaincante Louisa Krause) va reprendre sa vie après la visite d’un démon pendant un mois. Ça veut donc dire accepter les faits, comprendre les dégâts que son démon a bien pu faire, essayer de reprendre sa vie avec son travail, ses amis, sa famille, et surtout, s’en sortir au niveau légal. Car oui, techniquement, un possédé, c’est bel et bien son corps qui fait des dégâts. Ici, dégâts matériels, agressions, outrage public à la pudeur, prise de drogue… un vrai coquin ce démon. Au niveau de la loi, c’est bel et bien Ava qui a commit toutes ces infractions. Le métrage fait le choix de nous expliquer donc ce qu’il se passe lorsqu’un possédé reprend possession de son corps et doit assumer les responsabilités des actions de son démon. Ava se retrouve donc devant 3 choix. Aller en prison (assez radical, surtout qu’elle ne se souvient d’absolument rien), aller dans une clinique (pas top non plus), ou suivre un traitement proposé par l’église pour les anciens possédés. Oui, les possédés anonymes ! Comme les alcooliques anonymes. C’est bien entendu cette option qu’Ava va choisir, et elle va devoir étudier un manuel, et rejoindre le groupe pour discuter de son cas. Et donc par la même occasion, se souvenir de tout ce que son démon a fait pendant un mois, et s’excuser auprès des victimes.
Ava’s Possessiosn fait le choix dans son traitement d’un humour léger, d’un décalage vis-à-vis de la situation, et au final, cela fait clairement du bien dans un genre qui n’a jamais su se renouveler et toujours rester sur ses acquis. Sans être tordant (le but n’est pas non plus de livrer une pure comédie), Ava’s Possessions séduit par son ton léger, ses personnages un peu loufoques, et dans un sens, son originalité. Tout n’est pas parfait bien entendu, les personnages secondaires, que ce soit les autres membres des possédés anonymes, ou alors les anciennes victimes d’Ava ou ses proches ne sont pas bien développés et ne servent qu’à faire doucement avancer l’intrigue, mais peu importe. Le film concerne avant tout Ava, et dans un sens, son démon qui aimerait bien revenir. Original donc dans son traitement, Ava’s Possessions bénéficie également d’un choix visuel qui fait plaisir, puisque rendant hommage au cinéma Italien des années 60 et 70, en particulier bien entendu les œuvres de Mario Bava et Dario Argento. Ambiance onirique, plans assez libres, couleurs vives que ce soit en arrière plan ou au premier plan, visuellement, le film nous ramène à cette époque et moi, ça me fait hautement plaisir. Avec donc ses choix visuels bien sympathiques, son ton léger et pas prise de tête, mais son idée originale, Ava’s Possessions reste un film gentillet, mais recommandable pour les amateurs cherchant un film de possession sortant du lot.
Les plus
Visuellement un bel hommage
Un ton ironique sympathique
Louisa Krause convaincante
Un film différent
Les moins
Ironique mais pas hyper drôle
Ça reste gentillet
En bref : Petit film bien sympathique, Ava’s Possessions fait sourire, se suit avec grand plaisir, et représente une petite bouffée d’air frais dans le genre.