Titre original : Boogeyman
2005 – Etats Unis / Allemagne / Nouvelle Zélande
Genre : Slasher fantastique
Durée : 1h29
Réalisation : Stephen Kay
Musique : Joseph LoDuca
Scénario : Eric Kripke, Juliet Snowden et Stiles White
Avec Barry Watson, Emily Deschanel, Skye McCole Bartusiak, Tory Mussett, Andrew Glover et Lucy Lawless
Synopsis : En apparence, Tim a tout d’un garçon normal. Sa vie professionnelle lui donne satisfaction et il s’entend bien avec Jessica, sa petite amie. Mais en réalité, il est hanté par une terrible angoisse depuis un événement dont il a été témoin à 8 ans. Chaque soir, avant de s’endormir, son père lui racontait une histoire terrifiante. Mais, Tim et son père veillaient toujours à ce qu’aucun monstre ne se cache dans la chambre. Jusqu’à cette nuit où Tim vit son père se faire aspirer à travers le placard pour ne plus jamais reparaître. Depuis, Tim est terrifié rien qu’à l’idée de prendre une veste dans une penderie. Chez lui, il s’est arrangé pour ne laisser aucun recoin sombre ni aucun placards, et son lit est à même le sol. Mais lorsqu’il se voit contraint de quitter son périmètre de sécurité pour aller dîner chez les parents de Jessica, le cauchemar recommence…
Fier de son succès dans les blockbusters avec Spider-Man, Sam Raimi est enfin reconnu de tous depuis quelques années, et pas seulement des fans de l’horreur. Des films comme Darkman ou encore Un Plan Simple lui auront ouvert des portes, et avec Spider-Man, il prouve qu’il peut en plus rapporter un max d’argent. Il créé en 2004 Ghost House Pictures afin de continuer à bosser sur des films de genre, et lancera le remake Américain de The Grudge la même année. En 2005, il décide de produire Boogeyman, afin de lancer une nouvelle saga horrifique, chose qu’il retentera par la suite avec 30 Jours de Nuit. Avec un budget ultra confortable de 20 millions, il offre la mise en scène à Stephen Kay (déjà responsable de Get Carter), embauche Barry Watson (7 à la Maison) pour le rôle principal et nous offre une « œuvre » qui pourrait se résumer à « tout ce qu’il ne faut pas faire dans un slasher surnaturel en 5 leçons ». Pourtant sur le papier, avouons le, Boogeyman n’était pas plus mauvais qu’un autre film. Son pitch était simple mais pouvait jouer sur l’ambiance, sur les peurs enfantines, avec une narration façon slasher. Sa pochette également faisait envie, avec cette main derrière une porte. Et puis les enfants, c’est imaginatif, ça voit des monstres partout, sous le lit, dans les placards. Nous suivons Tim, traumatisé par les placards depuis qu’il est jeune, depuis qu’il a vu le boogeyman lui prendre son père. Bien entendu, son passé revient le hanter, sinon on ne serait pas dans un film d’horreur, ni dans un slasher, même si celui-ci est surnaturel. Passons donc aux 5 leçons de ce qu’il ne faut pas faire. Leçon numéro 1. Si l’on fait un film d’horreur, on s’adresse à un public, et ce public sait ce qu’il veut. Un film d’horreur sur un Boogeyman, produit par Sam Raimi, avec une base de slasher, on veut donc des sursauts, des meurtres, du sang. Mais non, la peur il n’y en aura jamais, les meurtres se comptent au nombre de trois, et ils sont hors champs et sans une goutte de sang.
Oui, le film est PG-13, donc tout public quasi. Leçon numéro 2, on veut une ambiance. Boogeyman, en terme d’ambiance, ne nous offre que des portes qui s’ouvrent toutes seules, que ce soit la porte de la cuisine ou celle du placard. Le réalisateur parfois a des idées, il se dit que s’il cadre son plan de travers et fait avancer sa caméra en accéléré vers l’acteur, cela donnera un effet original et une ambiance du tonnerre. Sauf que non. Leçon numéro 3, on veut comprendre ce qu’il se passe. Embaucher Stephen Kay à la mise en scène était sans doute la pire idée qui soit. Ayant sans doute passé trop d’années à se nourrir de produits MTV, le réalisateur nous offre une mise en scène catastrophique, me faisant même relativiser sur la carrière de William Malone (La Maison de l’Horreur, Terreur Point Com). Ici, ce n’est que de l’esbrouffe visuelle non stop, des plans de travers, des accélérés, des caméras tournantes, de la shaky cam dés qu’il se passe quelque chose. Et puis tiens, un éclairage sombres et quelques filtres pour donner des tons bleutés lors des passages surnaturels. Non, une catastrophe je vous dis. Leçon numéro 4. Gérer son rythme pour rendre ses effets intéressants. Non, le réalisateur ici comme je l’ai dit multiplie les effets inutiles à la mise en scène, et en oublie qu’il est censé raconter une histoire. Je pourrais dire qu’il livre un slasher banal bien que surnaturel et donc qu’il suffirait de gérer ses meurtres à intervalle régulier, sauf que comme ils sont peu nombreux et hors champs. Du coup avouons le, on s’emmerde clairement du début à la fin, à regarder Tim déambuler dans des couloirs vides, à entendre le sol grincer pendant que la caméra s’emballe.
Raimi aime le cinéma asiatique, mais ça ne veut pas dire que tous les tics des films de fantômes marchent utilisés n’importe comment. Car absolument rien ne marche dans Boogeyman. À part l’ennui. Et si vous êtes dans un mauvais jour, la migraine grâce à la mise en scène. On aura bien 2 ou 3 plans de caméra sympathiques par ailleurs, mais déjà vu ailleurs. Leçon finale, soigner son méchant. Pourquoi un slasher devient bon. Si les meurtres ne sont pas excellents, un slasher peut toujours se rattraper sur son méchant. Vendredi 13 est devenu célèbre grâce à Jason Voorhees, Halloween grâce à Michael Myers, et ainsi de suite. Boogeyman ne restera pas dans les mémoires pour son Boogeyman. En fait, le monstre ici, c’est le créateur des CGI. C’est tout simplement ignoble visuellement, et comme la caméra s’emballe, tout comme le montage dés que le monstre est là, et bien on verra des bribes de visage et de mains numériques, parfois attention des corbeaux numériques. Pitié, délivrez nous du mal ! Boogeyman, c’est un paradoxe, la preuve que un slasher, ça fonctionne suivant des bases simples : des meurtres graphiques, un tueur qui a de la gueule, et une mise en scène simple mais allant à l’essentiel, ou au choix, inventive. Et le film n’a rien de tout ça. Carpenter frappait fort en 1978 avec moins d’un million, mais Hollywood croit qu’avec 20 millions, ils feront 20 fois mieux. Sauf qu’ils font 20 fois pire. Petit conseil pour Hollywood : il y a beaucoup de fans de cinéma horrifique, respectez les. Si vous touchez à un genre existant, respectez les règles. Et surtout, ce n’est pas parce qu’il y a plus d’argent que le film sera meilleur.
Les plus
Attendez… oui je crois qu’un plan était sympa
Les moins
Un concentré de nullité
La mise en scène MTV
Les CGI dégueulasses
Chiant du début à la fin
Un slasher aux meurtres hors champ et au tueur raté
En bref : Boogeyman, c’est la preuve qu’un gros budget ne fera pas un meilleur film, la preuve qu’Hollywood n’a rien compris au cinéma d’horreur, la preuve que s’il y a des règles, c’est pour une bonne raison.