Titre original : I Know Who Killed Me
2007 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h45
Réalisation : Chris Sivertson
Musique : Joel McNeely
Scénario : Jeff Hammond
Avec Lindsay Lohan, Julia Ormond, Michael Adler, Garcelle Beauvais, Neal McDonough et Art Bell
Synopsis : Aubrey Fleming, une jeune étudiante, est enlevée. Retrouvée plus tard après au seuil de la mort, Aubrey s’imagine être quelqu’un d’autre, Dakota Moss. Ce nom est en fait celui d’un personnage d’une histoire qu’elle a écrite.
3,6 de moyenne imdb, un record à l’époque de 8 Razzie Awards, des critiques désastreuses. Oui, I Know Who Killed Me n’a pas bonne réputation, ça tout le monde le sait. Son tournage difficile avec Lindsay Lohan qui arrivait en retard voir n’arrivait pas sur le tournage et commençait à avoir de sérieux problèmes avec la justice, ça, tout le monde le sait aussi. Est-ce que ces soucis de tournage justifient le ratage du film, et est-ce que tous ces prix (pire film, pire actrice, pire couple à l’écran, pire rip-off, pire réalisateur, pire scénario et même pire excuse pour un film d’horreur) sont mérités ? Et bien même s’il est difficile de parler du film et de l’analyser après l’avoir vu, il faut bien avouer que… pas du tout. I Know Who Killed Me n’est pas le pire film de tous les temps, ni le pire film de l’année 2007. Pire actrice ? La même année, Jessica Alba n’était pas bonne dans Les Quatre Fantastiques. Pire couple ? Encore une fois, Jessica Alba et Hayden Christensen en tenaient une couche. Pire scénario ? Il y avait pourtant Epic Movie en concurrent. Les Razzie Awards, qui « récompensent » les pires films de la profession ne seraient-ils pas devenu juste une vaste blague ? Il suffit de voir l’édition 2016 pour s’en rendre compte, avec Batman V Superman (que je n’ai pas vu) rafler quasi tous les prix, alors qu’il y avait en concurrent Gods of Egypt, Zoolander 2, Independence Day 2, Suicide Squad, Divergente 3, Oppression… Bref, revenons au sujet qui nous intéresse, à savoir I Know Who Killed Me, de Chris Sivertson (le très bon The Lost). Un film qui a mon avis fut avant tout jugé pour la vie privée de Lindsay Lohan plus que pour ses qualités artistiques.
Car il y en a des bonnes choses dans le métrage. D’autres bien bancales, mais rien ne méritant tant de haine. On pourrait même dire qu’elle s’en sort bien Lindsay Lohan dans son double rôle. Pour moi, une actrice au talent certain mais dont la vie privée aura totalement gâché sa carrière. Malgré tout, petite chose qui m’aura gêné, c’est que malgré l’écriture de son personnage, son comportement parfois assez « bitch », son métier de stripteaseuse (pour l’une de ses personnalités), Lindsay Lohan et sa clause de non nudité dans son contrat est peut-être un poil décevant. Au delà de l’actrice, que vaut le film ? On nous raconte donc l’histoire de Aubrey, une lycéenne modèle, qui veut devenir écrivain, mais qui finit kidnappée. On la retrouve pas mal de temps après alors que tout espoir était perdu, sauf qu’elle a été lourdement torturée. Et elle en gardera les séquelles à vie. Une main en moins et une jambe de moins, forcément, voilà qui change radicalement la vie de tous les jours. Pire, lorsqu’elle se réveille à l’hôpital, Aubrey n’est plus elle-même, abordant la personnalité de Dakota, un personnage fictif d’une histoire qu’elle a elle-même écrite. Voilà une histoire pleine de mystères qui promet beaucoup. Chris Sivertson à la mise en scène a des influences, beaucoup même, et il ne s’en cache pas. Son film va donc lorgner vers deux cinémas relativement différents. Le premier sera le torture porn, genre récent initié notamment par Saw et Hostel. Ici donc, pas mal de gore, des scènes de tortures et autres amputations. De l’autre, un côté très David Lynch. Autant dans la gestion du récit, assez brumeux, que par la mise en scène de certains événements et l’aspect surréaliste qu’il s’en dégage.
Ça ne s’arrête pas là, avec un usage des couleurs plutôt joli, notamment le bleu et le rouge, mais aussi une certaine influence du giallo. Et pour rester fidèle à ces influences, le film nous offre une fin ouverte. Mais est-ce que l’ensemble fonctionne ? Oui et non. L’ensemble parait extrêmement brouillon, comme si le scénariste et le réalisateur n’avaient pas su gérer leur propre histoire et s’y étaient quelque peu perdu, entre leurs intentions et ce que leur histoire veut véritablement dire. En résulte pour le spectateur une certaine confusion, et un milieu d’intrigue un peu moins prenant, puisque venant développer les personnages et appuyer telle ou telle possibilité de réponse, mais laissant de côté le côté thriller du métrage avec l’enquête du FBI, dont on n’entend au final pas beaucoup parler. Ce côté confus et un peu bancal se retrouve un peu dans la mise en scène malgré toutes les bonnes intentions du réalisateur (et un certain sens du cadrage, de l’éclairage, enfin des techniques en général). Il y a comme un fossé entre le propos du métrage et le côté parfois rentre dedans et violent des images. I Know Who Killed Me a donc pas mal de défauts, mais également pas mal de qualités que beaucoup de critiques à l’époque ainsi que de spectateurs essayent de passer sous silence pour tirer sur une œuvre un peu boiteuse et sans doute trop ambitieuse au final. Certains accrocheront, d’autres non, mais n’en déplaise à tous ces mauvais avis sur iMDb (ou Sens Critique), désolé, mais non, I Know Who Killed Me n’est pas le plus mauvais film que j’ai vu de ma vie, loin de là.
Les plus
Lindsay Lohan plutôt convaincante
Un bon jeu de lumière
Quelques scènes prenantes
Les moins
Petit ventre mou au milieu
Trop ambitieux et trop brouillon
En bref : Film détesté par excellente de 2007, I Know Who Killed Me a pourtant des qualités, visuelles, en terme d’interprétation aussi. Mais son scénario est brouillon, bancal et un peu déséquilibré.