Titre original : Destroy All Monsters – 怪獣総進撃 – Kaijū Sōshingeki
1968 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 1h28
Réalisation : Honda Ishirô
Musique : Ifukube Akira
Scénario : Kimura Takeshiro et Honda Ishirô
Synopsis : À la fin du xxe siècle, les monstres sont parqués sur l’île d’Ogasawara. Ils sont retenus sur l’île par des moyens prodigieux. Mais un jour, les barrières se dissipent et les monstres s’évadent. L’équipe du SY-3 est chargée d’enquêter. Ils se retrouvent face aux Kilaaks, des extraterrestres, auteurs du dysfonctionnement. Ils prévoient d’utiliser les monstres de l’île pour prendre le contrôle de la planète. Les monstres attaquent les capitales des plus grands pays simultanément. Un seul moyen de les arrêter, couper la liaison mentale entre les monstres et les Kilaaks.
Le Kaiju Eiga rapporte de moins en moins d’argent et de moins en moins de spectateurs dans les salles. Au lieu de se remettre en question, la Toho décide de livrer un ultime opus, un au revoir pour les fans. Si il y a moins de spectateurs, ça n’a pour eux rien à voir avec la qualité des deux précédents films, Ebirah et Le Fils de Godzilla. Bon heureusement pour le spectateur, lorsqu’ils décident de faire un ultime opus, ils ne font pas les choses à moitié. Honda Ishirô revient à la mise en scène et sera un des deux auteurs du scénario, Ifukube Akira revient également à la musique. Mieux, le ton enfantin des précédents fou un peu le camp, et on retourne à la place à la science fiction. Car dans ces grandes lignes, Les Envahisseurs Attaquent ressemble comme deux gouttes d’eau à Invasion Planète X qu’avait signé Honda 3 ans auparavant. Mais attention, plutôt que de faire une redite, Honda améliore son propos. Le rythme se fait beaucoup plus soutenu, le film ne perd pas de temps alors qu’il ne dure même pas 1h30, les Kaijus s’insèrent beaucoup mieux dans l’intrigue, et encore mieux, on a l’impression de voir un Godzilla Final Wars 35 ans avant et avec 40 minutes de moins au compteur. Car ici, nos envahisseurs vont se servir des Kaijus dés le début, en les contrôlant pour les envoyer détruire la Terre. Oui comme dans Final Wars. Et du coup, c’est un vrai spectacle, car des monstres, il y en a. Première vraie réunion au cinéma, l’on trouvera Godzilla bien entendu, Rodan (ou Radon au Japon), Mothra dans sa première forme, Anguirus que l’on n’avait pas revu depuis Le Retour de Godzilla en 1955, Manda, Gorosaurus, Kumonga que l’on découvrait juste l’année précédente, Baragon, Varan, et bien entendu King Ghidorah en ennemi mortel final.
Non non, je n’oublie personne. Bon ok, il y a malheureusement aussi Minilla… vous savez, le fils de Godzilla. Comme d’habitude, il ne sert ici strictement à rien, se contentant de suivre son père et de faire ses cris d’otarie mourante. Heureusement, on le voit très peu au final. Et nous n’allons pas attendre une heure pour voir tout ce bon monde, les Kaijus sont d’ailleurs introduis dans l’histoire et montrés à l’image dés les premières minutes, puisqu’ils sont tous réunis sur une île contrôlée par le gouvernement, Monsterland. On nous les présente d’entrée de jeu, un par un, avant qu’à peine 10 minutes plus tard, des envahisseurs débarquent, le personnel de l’île étant attaqué, endormi, et au réveil de tout le monde, et bien c’est simple, les Kaijus ont disparus, et vont réapparaître peu de temps après un peu partout dans le monde, pour détruire Moscou, New York ou bien entendu Tokyo. Les Envahisseurs Attaquent ne perd pas une seconde, et laisse même au placard la plupart du temps l’aspect kitch et daté de Invasion Planète X. Les Envahisseurs en eux-mêmes sont déjà bien plus crédibles, avec une tenue bien plus sobre à l’image. On pourra toujours pester contre les pistolets en plastiques, mais cela donne au final un certain charme au métrage. Bon par contre, il faut bien l’avouer, une scène en particulier m’aura beaucoup fait rire, car oui, les mannequins en mousse qui tombent des falaises, cela se voit à des kilomètres, et je ne m’y attendais absolument pas ici. Malgré ce petit écart, l’aspect science fiction du titre possède son charme, avec ses maquettes, ses envahisseurs au départ à forme humaine, son exploration lunaire (oui, pas de Jupiter ce coup-ci).
Et l’aspect Kaiju donc, que je ventais comme étant mieux introduis dans le récit et apparaissant surtout beaucoup plus rapidement qu’auparavant ? Et bien on ne va pas mentir, si tout n’est pas parfait, après avoir subit les enfantillages de Godzilla sur deux opus, l’aspect Kaiju des Envahisseurs Attaquent fait du bien ! Les monstres détruisent tout sur leur passage, la Toho a mit le paquet malgré le budget que l’on sent parfois limité (certaines incrustations moyennes, et certains plans qui semblent assez vides). Car si les ambitions sont à la hausse et que Honda est à la barre, cela ne veut pas dire que le métrage a eu droit à un temps de production plus élevé que les précédents. Mais le film se fait généreux en destruction, et nous offre un combat final avec un nombre impressionnant de Kaijus à l’écran. Alors oui, on pourra se dire d’office que le combat est déséquilibré, car bon, King Ghidorah a beau être un super méchant, le faire affronter 10 monstres, sachant que dans Invasion Planète X, Godzilla, Rodan et Mothra lui foutaient une sacrée raclée. Résultat des courses : il se prend une méga grosse raclée. Mais son combat de Kaijus reste impressionnant et divertissant pour son époque, et était un bel adieu. Adieu qui n’aura pas lieu, vu que face au sérieux du film et sa générosité, le succès fut au rendez-vous, et dés 1969, la Toho décida de continuer, de la pire manière imaginable, mais là est un autre débat.
Les plus
Un film généreux et fait avec sérieux
Ultra rythmé
11 Kaijus réunis
King Ghidorah prend cher
Les moins
Minilla est toujours présent
Même si supérieur, une redite d’Invasion Planète X
En bref : Un opus prévu comme un au revoir, et qui remonte grandement la qualité de la saga. Plus ambitieux, plus généreux, plus sérieux également.