LA FILLE DU TRAIN (The Girl on the Train) de Tate Taylor (2016)

LA FILLE DU TRAIN

Titre original : The Girl on the Train
2016 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h52
Réalisation : Tate Taylor
Musique : Danny Elfman
Scénario : Erin Cressida Wilson d’après le roman de Paula Hawkins
Avec Emily Blunt, Haley Bennett, Rebecca Ferguson, Justin Theroux, Luke Evans, Edgar Ramirez, Allison Janney et Lisa Kudrow

Synopsis : Rachel Watson est une femme de 32 ans, qui a sombré dans la dépression et l’alcool depuis son divorce de Tom. Son ex-mari s’est depuis remis en ménage avec sa maîtresse, Anna et leur fille, dans l’ancienne maison du couple. Afin d’occuper ses journées et tromper sa colocataire sur la perte de son emploi, Rachel fait quotidiennement l’aller-retour en train vers son ancien lieu de travail, passant près de son ancienne adresse. Elle voit tous les matins depuis sa fenêtre un couple voisin de Tom et Anna, qu’elle a surnommé Jason et Jess et qu’elle imagine comme un couple heureux et sans histoire. Un soir, elle voit « Jess » avec un autre homme, et apprend quelques jours plus tard la disparition de cette femme, de son vrai nom Megan Hipwell. Persuadée qu’elle a vu quelque chose concernant la disparition de Megan pendant une nuit d’ébriété, Rachel va se rapprocher de Scott/« Jason », devant ainsi croiser à nouveau Tom et Anna.

Petit thriller adaptant un roman à succès que je n’ai pas lu, La Fille du Train a souvent été comparé au film Gone Girl. N’ayant pas encore vu le film de David Fincher, je n’aurais pas à faire le petit jeu de la comparaison qui semble-t-il amuse beaucoup de personnes, et je peux juger l’œuvre pour ce qu’elle est, en tant qu’œuvre cinématographique et non en tant qu’adaptation non plus. La Fille du Train nous raconte donc au départ le destin de Rachel Watson (Emily Blunt), une fille qui est au fond du trou, et emprunte le même train tous les jours, non pas pour les besoins de sa vie personnelle ou professionnelle, mais plutôt pour se mentir à elle-même et aux autres. Elle n’a plus de travail, elle est divorcée, elle n’a en réalité plus rien dans sa vie, son existence s’est arrêtée. Et pourtant, tous les jours, elle emprunte ce fameux train, pour faire passer le temps, pour faire croire à ses proches qu’elle part travailler, pour observer la maison de son ex mari à chaque trajet, et imaginer la vie de ses voisins, Jason et Jess. Pas mal de choses intéressantes, autant dans la construction du récit que dans le récit en lui-même, sautent aux yeux dés le début du métrage, même si Rachel ne nous apparaît pas au départ comme un personnage attachant, ni même véritablement intéressant. Car voir une femme alcoolique au bout du gouffre prendre toujours le même train en étant à la même place et imaginer la vie des voisins de son ex, ce n’est pas un portrait fort accrocheur, c’est un portait avant tout passif de quelqu’un qui préfère observer le monde que d’en faire parti.

Du coup, elle projette son propre passé sur le couple Jason et Jess qu’elle observe par la vitre du train, à savoir Haley Bennett (Kristy, Hardcore Henry) et Luke Evans (Fast & Furious 6). Sauf que bien entendu, la réalité est très éloignée de l’imagination de Rachel, et heureusement, sinon La Fille du Train ne serait qu’un mélodrame un poil larmoyant et peu passionnant. Or, il s’agît d’un thriller. Pas parfait, mais tout à fait sympathique. Malgré elle, Rachel va se retrouver, lors d’une soirée pas très fraiche, embarquée dans une histoire plus sombre. La vie parfaite qu’elle imaginait pour Jason et Jess n’est pas parfaite, Jess trompant son mari, et se retrouvant donc dans l’esprit de Rachel à avoir la place de son ex mari. Car Rachel est dans cet état pas très glorieux à cause de son ex mari, joué par le trop rare Justin Theroux (Mulholland Drive), qui aura préféré la quitter pour sa maîtresse. Alors lorsque l’on retrouve Jess assassinée, et que Rachel devient une suspecte pour la police alors qu’elle ignore elle-même ses agissements lors de la fameuse nuit, la faute à l’alcool. À partir de là, le métrage commence sa ligne droite, celle allant vers la résolution de son mystère, et donc de son intrigue, et se sert de l’heure qu’il lui reste au compteur avant tout pour percer la psychologie des deux personnages féminins principaux, Rachel qui cherche à en savoir plus sur Jess (en réalité, Megan, Jess n’étant que le prénom imaginé par Rachel) pour en apprendre plus sur elle-même, et donc fatalement, Megan / Jess, pour apprendre la vérité sur la personnalité de la jeune défunte.

En tant que thriller, La Fille du Train fonctionne bien, même s’il grille un peu trop tôt sa révélation finale, que l’on devine donc malheureusement un peu avant son final, ce qui lui retire la surprise. Mais le métrage sait se faire rythmer, mais surtout parvient à bien alterner entre son enquête et le portrait de ces deux personnages féminins, intéressants, via des flashbacks qui ne ralentissent heureusement pas réellement l’intrigue. Quand à sa partie dramatique, elle fonctionne étonnement bien malgré certaines simplicités, notamment dans le développement des personnages masculins, un peu plus simplistes que les personnages féminins. Pourtant, entre Luke Evans en mari, Edgar Ramirez (Hands of Stone, Point Break) en psy tentateur et Justin Theroux, il y avait de quoi faire, mais au final, à l’exception de la révélation finale (pas si finale), ils ne sont là que pour faire avancer au choix l’intrigue ou amener un nouveau développement dans la psychologie des deux actrices principales. Alors oui, le métrage est parfois un peu simpliste ou parfois un peu bancal, autant dans son aspect dramatique que dans son aspect thriller, et on pourrait dire que Tate Taylor ne prend pas énormément de risques dans la mise en image de son métrage, collant au plus près des acteurs sans jamais dévier de sa ligne de conduite, et c’est tout. Mais en soit, le métrage demeure sympathique et bénéficie d’un casting très solide. Ce qui est déjà pas mal.

Les plus

Narration fluide et agréable
Très bon casting
Les personnages féminins travaillés

Les moins

Des facilités du côté thriller
La simplicité des personnages masculins

En bref : La Fille du Train est un thriller, mais aussi un drame assez fragile, mais intéressant sur bien des points. Il tient la route grâce à son casting notamment, et fera passer un bon moment.

26 réflexions sur « LA FILLE DU TRAIN (The Girl on the Train) de Tate Taylor (2016) »

  1. Moi j’ai lu le livre (classique un peu prévoyant mais prenant (on veut savoir, zut)). L’héroïne vraiment « merdique » et depressive et alcoolique et vieillie et qui fait pitié m’avait mise mal à l’aise mais j’ai trouvé interessant d’en faire l’héroïne justement, telle qu’elle est. (Il y a une faute que j’ai relevée : « hors » à la place de « or »)

    1. Exact, merci pour la petite faute, c’est corrigé (je me relis toujours, mais j’ai tellement accumulé les écrits l’année dernière que je m’y perds).
      Je pense que le livre peut-être intéressant, il faudrait que je me le procure, mais j’ai déjà une pile de bouquins qui m’attendent. Les journées sont trop courtes !

      1. C’est sur ! Je l’ai acheté sur kindle, c’est bête sinon je te l’aurais donné (pour des livres que je relirai pas (je relis tous les livres que j’aime)), je trouve que c’est la bonne chose à faire ! Mais c’est parfois dur de trouver à qui donner 😊

        1. J’achète aussi mes livres sur Kindle depuis peu (le manque de place), à part ceux que j’attend vraiment avec impatience.
          L’art de la lecture se perd, et puis dans ce domaine là aussi, les goûts sont tellement variés qu’un cadeau peut devenir un cadeau empoissonné (enfin, si tu as des goûts aussi vastes que les miens).

          1. Ahah oui c’est vrai ! Je pense avoir des gouts variés mais un peu moins que les tiens (au vu de la variété de films traités sur ton blog).
            Le soucis de la kindle, c’est que je me suis dit que ça prendrait moins de place et que je prendrai les livres dont je ne veux pas m’encombrer en papier. Sauf que ces livres sont aussi ceux que je refilais pour en faire profiter un autre. Ou alors j’aime tellement le livre que je le rachète en papier (donc je l’ai acheté deux fois). Dur dur d’adorer les livres/films/bd/mangas !

            1. Après avoir jeté un coup d’oeil aux derniers articles publiés…. oui en effet, on peut voir les choses comme ça (j’ai arrêté par contre les films avec des requins à plusieurs têtes, déjà que je trouve qu’on n’a pas assez de temps, inutile d’en perdre) ! Disons que j’aime être surpris, que l’on m’emmène là où je ne m’attends pas à aller. Et c’est pour ça, en plus d’embêter déjà tout le monde autour de moi, que je redis que Twin Peaks c’est génial haha !
              Ah oui je connais ce phénomène là aussi, ça m’est déjà arrivé, peu importe que ce soit livre, ou jeu, ou film, d’avoir une version numérique, et d’aimer tellement l’oeuvre qu’il me fallait une version physique. Mon âme de collectionneur. Les mangas par contre j’ai arrêté, j’en lis peu (pareil pour les animés, même si j’ai un article sur School Days à publier, mais me faut les captures).

              1. Oui, Twin Peaks il faut que je regarde (le fossoyeur de film en a parlé, tu connais)
                ?).
                Heureusement, je lis très peu de mangas aussi ou ne regarde d’animés (je pense que mon instinct de protection monétaire a pris le dessus quand j’ai compris qu’un seul manga que je lis en moins d’une heure coute 7euros ahah.)
                Oui aussi, l’âme de collectionneuse prend souvent la main, et c’est aussi presque pathologique je pense. Par ex j’ai regardé star wars 7 tous les soirs pendant une semaine environ et relu certains passages du livre plusieurs fois ahah.

              2. Twin Peaks, c’est la vie ! (oui, j’exagère un peu beaucoup). J’avais vu oui que le Fossoyeur avait mit la saison 3 en tête de son top 2017, et je le comprend. Mais quitte à te lancer dedans, regarde déjà quelques films de Lynch plus accessibles (même si les deux premières saisons sont presque mainstream comparées à la 3).
                À l’exception de quelques rares séries que je suis en manga, comme MPD Psycho (mais vu le rythme de publication et la complexité de l’histoire, je dois tout relire à chaque nouveau tome, ça rentabilise), j’ai totalement arrêté même. Surtout qu’à force, on a l’impression que les personnages ont le même design souvent haha !
                Roh, Star Wars 7. Bon je ne l’ai jamais revu, j’avais bien aimé, mais peur d’être trop critique si je le revois.

              3. Quand je regarde quelque chose, le produit a toute mon attention, je m’investis dedans.
                Pour commencer l’oeuvre de Lynch ? Dans ce cas, sans doute Blue Velvet (on y retrouve un thème qu’il adore, la dualité) ou Mulholland Drive. Sinon tu as les oeuvres plus commerciales, comme Elephant Man ou Une Histoire Vraie.

              4. C’est quand je regarde un film une dizaine de fois que je le regarde en coin. Comme pour un livre que je relis 4 fois, parfois je ne lis plus que certains passages. C’est ma façon maladives de rererelire/voir des livres fills ahah.
                Bon je vais essayer Blue Velvet alors (le titre est beau). Elephant Man m’a traumatisée il me semble.

              5. Alors que j’ai vu par exemple 100 fois Donnie Darko et le film Twin Peaks (et quelques autres comme Suspiria), et ils ont toujours 110% de mon attention, pour percer toujours quelques nouveaux petits secrets ^^
                Blue Velvet représente bien son oeuvre, et reste parfaitement compréhensible. Pas mon préféré, mais une bonne entrée en matière. Elephant Man est un beau film, mais si tu l’as vu jeune oui ça peut traumatiser ^^

              6. Je suis de plus assez « sensible » et autant je peux regarder des films qui font peur, mais si c’est trop « vrai » et touchant ça me marque trop.
                Je comprends pour ton attentions aux films, y’a plusieurs écoles, et j’ai fait criser plusieurs personnes en leur racontant comment je lis ou regarde les films ahah.

              7. Hmmm je vois. Alors je pense que ces films là ne te laisseront pas indifférente 😉 Je suis très sensible également, très réceptif aux émotions (positives comme négatives), et c’est pour cela que ces oeuvres là me marquent sur la durée, et que je les aime autant.
                J’avais un ami, quand il regardait des films, s’il aimait un passage, il le remettait parfois, du coup un film de 2h pouvait durer 2h30 voir plus juste parce qu’il remettait des scènes en cours de route, ce qui me casse le rythme perso haha.

              8. Génial ! Je voudrais voir un film avec quelqu’un comme lui pour voir ce que ça fait quand quelqu’un d’autre que moi casse le rythme d’un film (je pars dans une autre pièce sur certains passages trop durs pour moi, je mets pause pour aller dessiner un truc qui m’inspire…) !Une vraie plaie ! (En vrai, je sais aussi me tenir, si si.)

              9. Alors désolé, mais je ne vois plus cette personne, je ne peux donc pas t’aider haha ! Pas pour cette raison je rassure.
                Et oui je confirme, une vraie plaie ! (je plaisante bien entendu)

              10. Je ne vais quasi plus au cinéma, ou alors des séances très tôt, justement pour éviter les mangeurs de pop corn et ceux qui passent leur séance à parler et regarder leur smartphone. Au prix de la place maintenant, je ne parviens pas à comprendre comment on peut faire ça.

              11. Mais OUI ! Moi je vais voir que certains types de films (genre ceux qui explosent et que je suis presque sure d’aimer). Et je vais les voir en VO un moment après la sortie. Ça aide ahah. Sinon une scéance de ciné peut vite devenir un calvaire…

              12. Ma meilleure séance fut (oui ça date) INLAND EMPIRE en 2007, séance de 9h, 10 dans la salle au début, 5 dans la salle à la fin 😀 Mais je me suis déjà fait pourrir des séances, le pire ayant été The Descent 2, avec pleins de jeunes partout qui rigolaient aux moments chocs…

    1. Je pense que tu as du voir que moi aussi 😉
      Mais il y a tellement de sous genre, il y a de quoi se détendre, de quoi stresser, de quoi réfléchir.

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