Titre original : It Comes at Night
2017 – Etats Unis
Genre : Suspense
Durée : 1h31
Réalisation : Trey Edward Shults
Musique : Brian McOmber
Scénario : Trey Edward Shults
Synopsis : Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.
It Comes at Night a bénéficié d’un petit buzz au moment de sa sortie, et d’excellentes critiques, l’annonçant comme un grand film d’horreur. Au niveau du public par contre, le film a largement divisé. Un peu le même cas de figure que pour The Witch, film avec lequel le métrage partage beaucoup de points communs, notamment dans sa manière d’aborder l’horreur, avant tout psychologique, et de faire travailler l’imagination du spectateur. It Comes at Night était du coup forcément voué à diviser. Oui, il s’agît là d’un pur film d’ambiance, jouant sur l’ambiance donc, sur l’attente, le silence, la tension s’installant entre les personnages. Et à mes yeux, ça marche du tonnerre la plupart du temps, même si dans le même genre, je lui préfère donc The Witch. À une époque indéterminée, le film nous propose de suivre une famille, avec un père, une mère, et leur fils, barricadés dans leur maison suite à une catastrophe dont on ne saura rien. Ils vivent là, enfermés, se méfiant du monde extérieur. Et le jour où un intrus va tenter de rentrer dans la maison un soir, les différents membres vont se retrouver face à un choix : lui faire confiance alors qu’il leur annonce qu’il cherche juste de la nourriture et à boire pour mettre sa femme et son fils en sécurité, ou douter les uns des autres. Avant d’être un film d’horreur au sens large du terme comme beaucoup voient le genre, It Comes at Night est un film avant tout profondément humain, même si sur le papier, il ne raconte rien de franchement nouveau. Même le fond de son intrigue, proposant un monde que l’on suppose dévasté suite à une infection n’a rien de nouveau.
Pas grave, puisque le métrage n’a pas l’envie de raconter quelque chose de nouveau, mais plutôt nous montrer les conséquences de la survie, de la peur, et du manque de confiance entre les différents personnages. The Witch nous montrait comment un événement étrange dont personne (sauf le spectateur) n’avait de preuves de l’existence brisait une famille et ses croyances, et bien ici, c’est un peu pareil, avec les conséquences du manque de confiance dans un environnement restreint qui forcément, détruit tout sur son passage. Dans les deux cas, les personnages sont isolés, n’ont aucun contact avec le monde extérieur, avec les grandes villes ou de quelconques autres humains. Juste deux familles, chacune constituée d’un père, d’une mère et d’un fils, deux familles qui tentent de survivre, quitte à remettre toujours leurs doutes sur l’autre famille pour tenter de se préserver soi-même. Dès les premiers instants, It Comes at Night captive, face à une mise en scène millimétrée, sublime, intelligente, et une bande son mélangeant des nappes sonores d’ambiance lente et stressante à des sons tribaux beaucoup plus percutants que l’OST de Predator 2 n’aurait pas reniée. Non pas que le film va tout à coup se bouger et nous proposer des scènes d’action, oh que non, mais cela convient parfaitement à la manière dont les personnages vivent, ou plutôt survivent. Chaque manière d’aborder la situation est clairement amenée dans le métrage via les différents personnages, entre Paul le père de famille près à tout, son fils Travis beaucoup plus calme et optimiste, ou encore Will, l’intrus qui va finalement s’installer avec sa famille dans la même maison, lui aussi prêt à protéger sa famille, mais sans avoir recours à des solutions aussi extrêmes.
Mais peu importe la manière dont ces personnages tentent de gérer leurs peurs afin de survivre et de protéger ceux qu’ils aiment, chacun se renferme sur lui-même, et le moindre petit élément étrange intervenant va mettre le peu de confiance existant entre eux en péril. Choix d’ailleurs très intéressant, le réalisateur (également scénariste) ne va pas hésiter à changer de format d’image en cours de route, aplatissant l’image pour plusieurs séquences, renfermant les personnages dans un cadre beaucoup plus serré, beaucoup plus écrasant et oppressant, et ce jusqu’au final, à la morale certes plutôt simpliste vu l’utilisation du procédé en fait, mais qui fonctionne parfaitement. C’est en tout cas bel et bien l’homme, ses peurs, et son manque de confiance qui sont au centre du récit, pas l’épidémie dont on ne saura rien (ni sa nature, ni depuis quand elle est là), ni sur ce qui se cache la nuit dans les bois, contrairement au titre, puisque le film préfère jouer sur la subtilité et l’attente plutôt que sur les jumpscares et autres effets chocs, absents du métrage. D’où la déception d’une partie du public, oubliant au passage que l’horreur est un genre vaste, qui évolue constamment, et que le limiter tout simplement à ce que l’on aimerait voir (à savoir des effets faciles) ou à montrer frontalement tout sans jouer sur la subtilité, c’est le meilleur moyen d’être déçu et de passer à côté de certains grands films.
Les plus
Une ambiance excellente
Une mise en scène travaillée
Belle tension
Un film intéressant
Les moins
Quelques procédés malgré tout simplistes
En bref : It Comes at Night est un très bon film dans le domaine de l’horreur psychologique. Un film s’intéressant aux humains avant tout plutôt qu’au monde qui les entoure.