LE BATEAU DE LA MORT (Death Ship) de Alvin Rakoff (1980)

LE BATEAU DE LA MORT

Titre original : Death Ship
1980 – Canada / Angleterre / Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h31
Réalisation : Alvin Rakoff
Musique : Ivor Slaney
Scénario : John Robins
Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes, Kate Reid et Victoria Burgoyne

Synopsis : Un gigantesque navire de croisière coule. Les quelques survivants parviennent à trouver refuge sur un mystérieux cargo fantomatique. Ils découvrent qu’il s’agît d’un ancien cargo de torture nazi de la seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui oublié, Le Bateau de la Mort (ah ce titre VF qui fait gros nanar) a malgré tout un petit statut de film culte. Enfin, culte est un bien grand mot. Disons qu’il a quelques fans. Pour ma part, je ne connaissais que l’affiche, que je voyais souvent en vidéo club dans ma jeunesse, sans avoir jamais vu la chose en question. Chose rattrapée aujourd’hui. Le Bateau de la Mort donc, Death Ship en anglais (une traduction littérale au moins). Une affiche qui a la méga classe, un casting avec deux têtes connues, pas du cinéma de genre certes, mais connues tout de même, avec George Kennedy (la série des Y-a-t-il un Flic) et Richard Crenna, le colonel dans les trois premiers Rambo, qui aura parodié son propre rôle dans Hot Shots 2, et déjà touché au cinéma de genre avec Le Couloir de la Mort et Les Chiens de l’Enfer, tout deux en 1978, avant d’y retourner en 1989 avec Leviathan. Les films se déroulant sur des bateaux maudits, ou même des bateaux tout court, c’est assez rare au final. Assez pour attirer l’œil, même si le résultat est souvent bancal. Car un bateau au final, ce sont de longs couloirs sombres, humides, qui se ressemblent tous. Un endroit où le silence ne règne jamais, avec des machines bruyantes. Le cadre idéal donc pour faire un film d’horreur. Malheureusement, Le Bateau de la Mort ne parvient jamais à utiliser son cadre pour faire quelque chose de convaincant. Pourtant, j’ai eu envie d’y croire dans les premiers instants, avec cette scène d’ouverture qui certes ne présente que des plans de la mer et le nom des acteurs, mais tente de poser une certaine ambiance inquiétante, avec son bateau au milieu de nul part, sa musique d’ambiance lente.

Puis on entre dans le vif du sujet, et 10 minutes après, le drame (low cost), le navire coule, quelques survivants sont sur un canot de sauvetage, et le lendemain matin, voilà que le fameux bateau du titre est là. Grand, vide, majestueux, poussiéreux. Le cadre parfait pour une histoire de fantômes en plein milieu de l’océan. Sauf qu’encore une fois, c’est la douche froide. Il ne se passe pas grand-chose, les rares moments qui se bougent sont ratés, les scènes d’action souvent illisibles (manque de budget sans doute), les acteurs n’ont pas l’air de vouloir y croire, certains en font des tonnes pour pas grand-chose, d’autres n’ont clairement pas envie d’être là. Pour ne rien arranger, le montage du film est souvent en roue libre totale, nous sortant parfois un montage ultra cut (avant l’heure), des zooms abusifs et d’autres effets de styles pour nous dire « oulala attention le bateau est hanté et se pilote tout seul, la caméra représente les esprits pas contents » sauf que ça ne marche pas et ça ridiculise souvent le métrage. À croire donc que tout le budget (4,5 millions de dollars Canadiens) est parti dans la location du bateau et la construction des divers décors, et puis c’est tout. Alors oui, il y a par moment un certain potentiel nanar là-dedans, tant rien n’a de sens. Le scénario qui n’a pas de sens (oh, un navire hanté qui a détruit notre navire… montons à bord et cherchons les chambres pour dormir un peu), George Kennedy monoexpressif qui semble vraiment ne pas vouloir être là, la scène de la douche qui aurait pu être cool, si l’actrice n’en faisait pas des tonnes et que le montage n’insistait pas autant dessus…

Peu de choses fonctionnent dans le métrage, qui n’a au final que son splendide décor pour lui. À la limite, on pourra noter également la bande son, assez étrange et plongeant le film dans une ambiance étrange. Mais au-delà de ça, il faut accepter l’évidence, Le Bateau de la Mort n’est pas bon. Il possède pas mal de défauts inhérents au cinéma de genre de son époque sans jamais chercher à les justifier. En résulte un film bancal, pas forcément toujours très intéressant, qui s’étire entre deux scènes qui pourraient être intéressantes et fait durer ces mêmes scènes jusqu’à les rendre inintéressantes. J’en avais déjà parlé, mais la scène de la douche de sang, une idée en soit pas nouvelle mais qui aurait pu fonctionner et faire office de scène choc. Sauf qu’à force d’étirer encore et encore la scène, on ne finit que par voir une fille hystérique tourner dans tous les sens en criant. Risible. Beaucoup de scènes de ce genre ne fonctionnent absolument pas, et l’ennui pointe presque le bout de son nez. Les films de bateaux maudits sont donc bel et bien maudits, puisque jamais clairement bons ou presque. Bien plus tard, Le Vaisseau de l’Angoisse en 2002 reprendra un peu la même base (ancien bateau hanté), et le film sera tout aussi bancal. Seule exception : Triangle de Christopher Smith, que je vous recommande.

Les plus

Les décors
La musique, étrange

Les moins

Long et souvent ridicule
Les acteurs en roue libre
Le montage raté

En bref : Ce bateau de la mort hanté par des fantômes nazis ne fonctionne jamais vraiment. Longuet, mal joué, parfois ridicule, avec un montage en roue libre et un scénario qui n’a pas toujours de sens, l’amateur peut passer son chemin.

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