Titre original : Jigsaw
2017 – Etats Unis / Canada
Genre : Escape Room
Durée : 1h32
Réalisation : Michael et Peter Spierig
Musique : Charlie Clouser
Scénario : Pete Goldfinger et Josh Strolberg
Synopsis : Dix ans se sont écoulés depuis la mort de John Kramer, surnommé Jigsaw (le Tueur au Puzzle). Cependant, tout laisse à croire que l’affaire Jigsaw n’est pas complètement terminée, quand cinq personnes se retrouvent entre la vie et la mort. Kramer est-il réellement mort ? Ou a-t-il décidé de disparaître pour mieux renaître ?
On le sait depuis le temps, on ne tue jamais une saga de films d’horreur. On la laisse se reposer, puis on la fait revenir. Comme pour Vendredi 13, Les Griffes de la Nuit, Halloween et tant d’autres. Saw, c’est une saga un peu à part, car depuis sa création, elle aura donnée 7 opus, tous séparés par seulement une année, avant de s’éteindre par un chapitre final en 3D. Une saga qui a son public, et que je qualifierais de mauvaise tout simplement passé le troisième opus. Mauvaise et inutile. L’annonce d’un nouvel opus qui n’était pas un remake, ça faisait peur, mais à voir le choix des réalisateurs, à savoir les frères Spierig (Daybreakers, Predestination), cela donnait un minimum espoir. Enfin les producteurs se donnaient les moyens d’avoir de vrais réalisateurs. Car soyons clairs, si la saga Saw est gore, au delà de ça, ce sont juste des scénarios débiles fait par des techniciens qui filment avec les pieds, utilisent des filtres verts dégueulasses en postproduction et font appel à un monteur qui ne comprend pas que multiplication de plans et accélérés ne veut pas dire que ton récit est rythmé ou ta scène soit réussie. Je ne porte pas Saw dans mon cœur. Et ce Jigsaw, nouvel opus, le huitième, datant de 2017, et bien dans le fond, c’est pas franchement bon, mais c’est un poil mieux. Pas franchement bon car finalement, il s’agît uniquement d’un opus de plus qui n’ajoute rien et nous livre un scénario pas folichon, mais mieux car l’ajout de vrais metteurs en scène derrière donne une identité visuelle bien plus propre au métrage. Donc on nous promet le retour, encore, de Tobin Bell, pourtant mort à la fin du troisième opus, encore des pièges, encore du gore, tout ça tout ça.
Ici, cinq personnes sont contraints de jouer à un jeu mortel, comme d’habitude vous me direz-vous, pendant que l’on suit une enquête de police, avec deux flics et deux légistes. John Kramer, alias Jigsaw (alias Tobin Bell) est-il vraiment mort ? Avons-nous pour la énième fois un copycat ? Le scénario ne distille pas de vraies surprises, on peut d’ailleurs se douter plutôt rapidement du pourquoi du comment, après tout la saga est déjà bien connue pour avoir une narration catastrophique abusant de flashbacks, et c’est bel et bien encore le cas. Ceci dit, cela reste moins illogique que beaucoup d’opus. Ce huitième film semble même d’ailleurs un peu renier les 5, 6 et 7, dans le sens qu’il amène de nouveaux personnages et se focalise surtout sur John Kramer et les nouveaux personnages plutôt que sur les restes laissés par les précédents opus de la saga. Tant mieux ai-je envie de dire. Mais si le scénario déçoit, mais n’a jamais été la force de la saga de toute façon, c’est dans le reste que le métrage ose changer un peu la formule. Donc il y aura certes toujours un twist final, des rebondissements, des personnages piégés, mais la forme change, ainsi que quelques autres éléments, à commencer par les pièges. Ceux-ci semblent moins élaborés que dans les opus précédents, moins grotesques, et à un ou deux pièges près, moins sanglants. Là où le fan criera car il n’a pas sa dose de sang (même si certains scènes sont assez dégueu), moi je salue l’initiative de ne pas aller dans le grotesque total. Les pièges sont beaucoup plus simples, et donc dans le fond, plus crédibles. De là à me dire que cela nécessitait un nouveau film, il y a un fossé que je ne franchirais pas, mais bon.
Non, c’est clairement dans sa mise en image que ce Jigsaw coupe le cordon avec la saga. Beaucoup de fans y verront une trahison encore une fois, car ils n’auront pas leurs plans tournoyants en accélérés, leurs filtres verts dégueulasses sur l’image ou encore leurs effets de jump-cut qui étaient innovants dans le premier et ridicules par la suite. Les frères Spierig adoptent une mise en image beaucoup plus classes, avec un très bel éclairage, des plans stables, sans shakycam, et même des plans qu’ils n’hésitent pas à faire durer pour laisser l’ensemble respirer et être lisible. Et j’ai envie de dire que ça fait du bien ! Ils modernisent la saga, en oublient les codes les plus putassiers et inutiles, et font leur boulot. Je comprends du coup que les fans veulent crier au scandale. Jigsaw est sans doute l’opus le moins sanglant depuis le second opus, et le mieux filmé depuis le premier. Et ça, ça tient du miracle. Il se fait du coup également moins cruel avec des pièges moins élaborés (sauf peut-être le piège avec la moto), son enquête est un brin trop rapide et veut nous amener tellement vite vers certaines conclusions que l’on se doute qu’il ne s’agît pas des bonnes conclusions. Mais en tout cas, cet opus est moins honteux que beaucoup d’autres de la saga. Cela reste un film d’horreur à tendance policière un brin anecdotique, et qui n’ajoute rien de franchement palpitant sur le papier, mais le spectacle n’est pas non plus honteux comme j’ai pu le lire à certains endroits.
Les plus
Oh une vraie mise en scène
Visuellement oui c’est propre
Des pièges plus réalistes
Les moins
Une histoire qui n’ajoute pas grand-chose
Un peu plus gentillet qu’avant
L’intrigue policière vite expédiée
En bref : Jigsaw revient, dans un film au final un peu inutile (comme la saga passé le 3), mais bien mieux foutu visuellement. Du coup, j’ai envie de dire que ça se regarde.