Titre original : Bloody Ballet – Fantasma
2018 – Etats Unis
Genre : Giallo
Durée : 1h24
Réalisation : Brett Mullen
Musique : Matt Hill, NightStop
Scénario : Brett Mullen et Matt Cloude
Synopsis : Traumatisée par le meurtre sauvage de ses parents étant enfant, Adriana a grandie, et est maintenant une danseuse. Lorsqu’elle obtient le premier rôle d’une pièce par contre, elle commence à perdre pieds et à avoir des visions. Pour ne rien arranger, un tueur s’amuse à flinguer son entourage, de la même manière que le meurtre de ses parents.
Bloody Ballet, aussi appelé Fantasma (du moins durant sa production) est un gigantesque hommage au giallo. On est donc en droit de s’attendre à un tueur ganté, un visuel à coup de symbolisme et de couleurs flashy, des meurtres gore, une ambiance musicale années 70/80, tout ça tout ça. Car le giallo, et bien c’est un genre que j’adore et que je connais bien. Je préfère d’ailleurs le giallo au slasher, et il faut dire que le premier surpasse le second facilement, le slasher étant un genre basique dans lequel au final, seuls les meurtres comptent vraiment. Le giallo lui a des qualités visuelles dépassant les meurtres, une recherche d’ambiance, et souvent une intrigue policière bien plus fouillée. Bloody Ballet avait tout pour me plaindre, surtout lorsque l’on se penche un peu sur le film. Réalisé par Brett Mullen, qui coécrit également le film, mais s’occupe aussi du montage et de la photographie, le film s’octroie le talent du groupe NightStop pour la musique, utilise en effet des codes de couleurs que le Argento de la bonne époque n’aurait pas renié, et place dans des rôles secondaires importants quelques têtes bien connues de l’amateur de série B. La chef de la petite troupe de danseuse sera par exemple jouée par Caroline Williams, dont le premier rôle marquant au cinéma aura été dans Massacre à la Tronçonneuse 2 (que je déteste du plus profond de mon âme), avant d’apparaître dans Le Beau Père 2, Leatherface (pour un rôle non crédité), Leprechaun 3, Halloween 2, Hatchet 3 ou encore Contracted et… Sharknado 4. Quand au rôle de la psy de notre personnage principal, nous trouvons Debbie Rochon, bien connue des fans pour ses débuts chez Troma (Tromeo & Juliet, Terror Firmer, Toxic Avenger 4) avant de continuer dans le cinéma de genre à bas budget, jusqu’à avoir une filmographie de plus de 200 films, allant du très mauvais (Witchhouse 3, Witchbabe) à la série B plus que recommandable mais que personne n’a vu (l’excellentissime Exhumed de Richard Griffin, avec Sarah Nicklin).
Un film entre de bonnes mains. Et même si l’on n’est jamais à l’abri d’une erreur ou d’un mauvais film, et bien un hommage au giallo ne se refuse pas, surtout qu’avec ses 1h24 au compteur générique compris, on ne perd pas grand-chose. Verdict ? Et bien le film a réussi en ce qui concerne l’ADN même du giallo, mais échoue à d’autres endroits. Du coup soyons honnêtes, Bloody Ballet plaira aux amateurs du genre, en les brossant dans le sens du poil, mais pourra irriter ceux qui ont déjà du mal avec le genre en question. Il parvient à être un bel hommage au giallo, mais ne se hisse pas un seul instant au niveau des meilleurs du genre, suivant plutôt une voie façon Opera (1987) de Argento, à savoir une oeuvre plastique irréprochable, pour un scénario minimaliste et décevant, le tout affublé d’un final raté. Un peu comme si le film voulait être un hommage à Opéra d’ailleurs. Bref dans Bloody Ballet, on bouffe du cinéma Italien à tous les râteliers. La danse (Suspiria), les répétitions de spectacles (Bloody Bird, Opéra), le tueur masqué, avec son petit rituel avant les meurtres (Les Frissons de l’Angoisse), l’héroïne traumatisée qui a des visions (Le Syndrome de Stendhal), un tueur qui adore les yeux (le cinéma de Fulci). Brett Mullen connait le cinéma Italien, et le montre dans quasi chaque plan. D’ailleurs, parlons d’emblée de ce qui fonctionne et impressionne dans son film. En terme de visuel, et ce dés le plan d’ouverture avec cette enfant sous la neige éclairée par une voiture de police, on se rends compte que Bloody Ballet a été soigné. Visuellement, c’est le plus souvent beau à en pleurer, même si on notera par la suite certaines scènes moins inspirée en lumière plus naturelle. Mais souvent, ça se montre inspiré et très joli. Éclairages souvent colorés, mise en scène fluide, belle gestion du cadre.
On peut dire la même chose en ce qui concerne la musique du métrage, sentant bon les années 80 comme il se doit, électro au possible, se permettant par moment quelques expérimentations bienvenues pour passer d’une scène banale à une scène d’hallucination puis une scène de meurtre dans la foulée. Tristesse de s’apercevoir après la vision que l’ost n’existe pas ! Les meurtres quand à eux sont peu nombreux au final, mais très graphiques, fait à l’ancienne. Notre tueur aime s’en prendre aux yeux, égorger ses victimes et j’en passe. Ça plus quelques hallucinations franchement gore, et l’amateur de genre a de quoi faire. Seulement à côté, il y a le reste, et ce n’est pas quelques paires de seins qui vont remonter ce qui ne va pas. Car Bloody Ballet semble bel et bien rendre hommage à la fin du giallo, notamment Opéra et Bloody Bird, qu’aux monstrueux grands films du genre. Le scénario, basique au possible, se perds parfois dans des sous intrigues peu intéressantes, notamment avec l’ajout d’un personnage masculin qui n’a rien à faire là (mais qui ne m’aura pas ennuyé, merci l’ost). Certains acteurs et actrices ont également tendance à en faire un peu trop, et on pourra souligner le final, les 5 dernières minutes du métrage, prévisibles et finalement pas très intéressantes ni palpitantes, qui ramènent encore une fois Bloody Ballet aux œuvres de la fin du giallo. Ceux qui y sont donc allergiques peuvent fuir d’avance. Tandis que les autres pourront passer outre les défauts et profiter de cet hommage imparfait mais fait avec passion et honnêteté.
Les plus
Visuellement très beau
La musique géniale
Des effets à l’ancienne
Un bel hommage
Les moins
Mais un hommage imparfait
L’intrigue secondaire
Les derniers instants
En bref : Bloody Ballet veut rendre hommage au giallo. À défaut d’être une grande réussite, il s’agît d’une réussite dans la forme. Le fond par contre ça coince un peu plus. Mais sa courte durée ainsi que sa générosité permettront au film de plaire aux fans.
Je ne le connaissais pas celui-là, je me le mets de côté, ne serait-ce que pour Caroline Williams et Debbie Rochon. Rayon « néo giallo », j’ai aussi beaucoup aimé l’allemand « Masks » (un bel hommage à « Suspiria »), les français « Blackaria » et « Last Caress » (ultra référentiels mais généreux et excitants) et le diptyque belge du duo Cattet/Forzani, « Amer » et « L’étrange couleur des Larmes de ton corps » (dont les aspects expérimentaux ne font pas toujours l’unanimité…). En tout cas, merci pour la découverte de ce ballet sanglant !
Il est plutôt méconnu, et au-delà des connaisseurs, a l’air de plutôt se faire saquer par le public (4/10 de moyenne imdb).
Blackaria, on m’en a parlé il n’y a pas si longtemps que ça, faut que je mette la main dessus, il a l’air sublime visuellement.
Amer je n’ai pas eu la chance de le voir encore, mais je n’avais pas accroché à L’Étrange Couleur des Larmes de Ton Corps par contre, il m’avait plutôt ennuyé, malgré encore une fois son visuel sublime et ces expérimentations parfois sympas il est vrai.
Comme mon prédécesseur, j’allais évoquer le visuel de Cattet & Forzani. Très beau en tous cas, et.tu en parles bien. Ça m’a l’air déjà moins pompeux que du Black Swann
Pas un fan de Black Swann? 😉 Après l’ambition n’est pas du tout la même. Le budget non plus, et la prétention (ou non) du réalisateur non plus 😀
Finalement, ça n’a pas grand chose à voir donc… Eh bien c’est encore mieux !