Titre original : Death Wish 3
1985 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h32
Réalisation : Michael Winner
Musique : Jimmy Page et Mike Moran
Scénario : Don Jakoby
Avec Charles Bronson, Deborah Raffin, Ed lauter, Martin Balsam, Gavan O’Herlihy et Alex Winter
Synopsis : Dix ans après les événements du premier opus et quelques années après ceux du second, Paul Kersey a définitivement laissé tomber les armes. L’un de ses amis, Charley, rencontré pendant la guerre de Corée, lui propose de se rendre chez lui à New York. Une fois sur place Paul découvre avec horreur le corps de Charley gisant sur le sol, fraîchement agressé par une bande de voyous dans son appartement. Alertée, la police se rend dans l’appartement et arrête Paul. Au commissariat, la présence de Kersey ne passe pas inaperçue aux yeux du commissaire qui le reconnaît immédiatement : celui-ci connaît son passé et ses méfaits en tant que justicier 10 ans auparavant dans les rues de New York. Kersey se voit alors proposer un marché : en échange de sa libération, il devra nettoyer les rues d’un quartier abritant une bande de voyous ultraviolente terrorisant le voisinage.
Ah les années 80, son action débridée, ses innombrables suites, cette envie d’aller toujours plus loin. Voilà bien ce qui pourrait définir ce troisième opus de la saga Death Wish, à savoir Le Justicier de New York, toujours réalisé par Michael Winner pour le compte de la Cannon Films, et toujours avec Charles Bronson. Charles Bronson qui faillit ne pas revenir d’ailleurs, suite à une dispute au sujet de son salaire. Ne perdant pas le Nord, puisque la Cannon avait annoncé le film à Cannes en 1984, ils proposent le rôle à Chuck Norris, qui refuse, et finalement, Bronson revient avec un salaire plus que confortable, et représentant tout de même 15% du budget de 10 millions (il est l’heure de voir si vous êtes bons en math donc). Don Jakoby, qui a déjà écrit Lifeforce (que devait au départ réaliser Michael Winner d’ailleurs) pour la Cannon, puis l’Invasion Vient de Mars l’année suivante, s’occupe donc du scénario. Alors, après le sympathique film original, et le second opus qui était finalement une copie se déroulant à Los Angeles et qui multipliait la violence, les viols, et oubliait son message en faisant de son justicier un vengeur psychopathe, que nous propose ce troisième opus ? Encore la même recette ? Alors dans les grandes lignes, oui, sauf qu’en fait, la formule est dynamitée dés le début. Paul Kersey, qui ici est peut-être encore architecte mais en fait on s’en fou donc le scénario ne se prend pas la tête, se rend à New York pour voir un ami. Mais pas de bol, le quartier est mal famé, son ami battu à mort par un gang, la police arrête ce pauvre Bronson, et lui propose de se faire justice pour protéger le quartier. La police des fois, elle devient bien sympathique quand ça arrange le scénario, et quand il faut laisser Bronson se lâcher. Car déjà que le postulat de base dynamite l’essence même de la saga (une vengeance ? Une justice ? Que nenni, un carnage messieurs !), mais Michael Winner se lâcher également à 300% pour le coup.
Alors oui, au début, on a l’impression et presque l’envie de prendre le tout au sérieux, car forcément, ça commence doucement. Quelques passages à tabac, Bronson qui improvise des pièges quelques années avant Maman j’ai Raté l’Avion. Mais on se rend aussi compte rapidement que le film fait l’apologie de la violence pour régler la violence, sans se prendre la tête. Ainsi, Bronson se fait voler un appareil photo dans la rue ? Pas de soucis, un magnum, un tir dans le dos en pleine rue, de jour devant des dizaines de témoins et… et non, tout le monde applaudit Bronson, le voit comme un héros et lui demande de l’aide pour exterminer cette vermine qui pollue les rues. Même cas de figure alors qu’il mange tranquille, mais que deux voyous tentent de voler sa voiture. Il arrive, s’exclame que c’est sa voiture, avant de tuer froidement les deux voyous avant de repartir finir sa soupe comme si de rien n’était. La réinsertion sociale, il faut croire que Charles Bronson ne connait pas ces mots. Et tant mieux. Car soyons honnête, si Le Justicier de New York n’est pas un film subtil, qu’il s’avère parfois bien stupide, qu’il est violent et racoleur et fait donc appel aux plus bas instincts des spectateurs, et bien il faut le prendre comme tel. Une série B bien bourrine qui ne se prend jamais au sérieux, et n’a pas de prétentions, autre que de divertir en proposant finalement au public ce qu’il voulait voir en entrant dans la salle. Des gangs (peu crédibles) dans un New York (le film fut tourné à Londres) qui se font défoncer par un Charles Bronson (vieillissant) qui n’en a clairement plus rien à faire, et n’hésite pas à faire parler la poudre. Si pendant une heure, le film prend des allures de film de vigilante un peu stupide et bourrin, il se suit malgré tout avec plaisir, surtout que le film n’essaye même plus de développer à côté des personnages secondaires, une tension ou quoi que ce soit. Non, il y a juste des méchants dans les rues, ils font des choses très méchantes, et très souvent, Bronson est là l’instant d’après pour leur donner sa justice divine, à coup de magnum, de couteaux, ou plus tard, avec une artillerie beaucoup plus lourde.
Car si Le Justicier de New York n’est pas oublié de nos jours, et a même de nombreux fans, voir plus de fans que le film original (oui oui, véridique apparemment), il le doit clairement et uniquement grâce à sa dernière demi-heure, ce moment jouissif totalement improbable faisant office de défouloir géant, et faisant monter le bodycount du film a plus de 80, ce qui n’est pas rien, quand on prend en compte que dans les premiers films, Bronson ne tuait jamais plus de quoi, 10 personnes. Ici, c’est carrément la guerre urbaine, on a l’impression de voir du Rambo, ou pour rester dans le même studio, du Chuck Norris, et du coup, Bronson et les autres habitants de l’immeuble qu’il tentait de protéger prennent les armes, et là ça ne plaisante plus. Ça fusille dans tous les sens, ça explose à coup de grenades, ça sort carrément la mitrailleuse de guerre, ça passe de rue en rue en faisant le vide. Si bien que le film aurait pu s’appeler Le Destructeur de New York (même si oui, tourné à Londres) que ça serait passé sans souci. Si la mitrailleuse taille XXL ne suffisait pas, Bronson nous sort carrément un bazooka sur la fin, rien que ça. Et vous savez c’est quoi le plus drôle ? C’est qu’il achète ses armes tout naturellement et se les fait… livrer par la poste, tout simplement, comme ça, même pas besoin de signature, le postier arrive, lui donne son paquet, il l’ouvre, oh tiens un bazooka. Ces moments improbables, ces autres moments d’une violence radicale et n’ayant d’autre but que d’assouvir les pulsions de… on ne sait pas trop en fait, et bien forcément, ça en fait un film bâtard, couillon même, mais que l’on regarde, comme fasciné par autant de violence, de meurtres, le tout sans prise de tête bien entendu. C’est improbable, totalement surréaliste, faisant office de défouloir qui ne veut pas s’arrêter, et finalement, n’a plus trop de sens, mais après tout, Bronson ayant déjà perdu sa femme dans le premier film puis sa fille dans le second, il ne fallait pas imaginer avoir un prétexte ici. Juste non, les choses vont mal, et comme il passe par là, il fait le ménage. Alors, ce n’est pas réellement bon, mais ça fait du bien !
Les plus
Cette dernière demi-heure de folie
Magnum, mitrailleuse, bazooka
Un film qui va si loin, impossible à prendre au sérieux
Les moins
Les thématiques de la saga, dynamitées
Des justifications, prétentions ou autres ? Non !
Un film bourrin qui vire au n’importe quoi
En bref : Ce troisième opus vire clairement au n’importe quoi, ne cherche plus la cohérence, ni même à garder les thèmes de la vengeances ou de la justice, et devient uniquement un gros défouloir où Bronson enchaîne les carnages sur un pauvre gang.
Immoral et idiot, voilà un film qui pourrait être sponsorisé par la NRA. 😉
Et Michael Winner qui se complaît la dedans. Faut bien se nourrir tu me diras.
Je m’en vais de suite me commander un lance-flammes sur Amazon, des fois que quelques punks voudraient nager dans ma piscine. 😉
Mais !!! Je viens de rire tout seul sur la dernière partie de ton commentaire 😀 Justement, il ne faut pas oublier au final que des cinéastes comme Tarantino (ou Eli Roth, j’ai vu un bout d’interview de lui sur le sujet dans la bande annonce du documentaire The Go-Go Boys) aimaient la Cannon et leurs métrages. Pour ce que c’était bien entendu.
Immoral et idiot oui, enfin en réalité surtout idiot. Car ça va tellement loin que le côté immoral est en retrait. Pour le côté immoral, c’est le second opus, complaisant avec ses viols de 10 minutes.
Ce qui est triste, c’est qu’au final, je connais peu la carrière de Winner, mais je me suis procuré quelques films de lui pour la culture : Le Flingueur (dont j’avais vu le remake avec Statham, et pas du tout aimé d’ailleurs) et Le Corrupteur. Il paraît que c’est bien meilleur comme polars. Et de Bronson, j’ai vu dans la foulée les deux opus suivants (car je tente toujours de terminer les sagas, et autant ce troisième opus dans sa connerie était hyper drôle et divertissant, autant après…), et j’ai encore le Justicier de Minuit (10 to Midnight) à voir.
Je n’ai pas vu les autres films que tu cites. De Winner j’ai vu « l’homme de la loi » avec Lancaster. Clairement pas un chef d’œuvre de western. Il paraît que « la sentinelle des maudits » est très bien. Le DVD attend son heure en ce qui me concerne.
C’est sûr, Death Wish (surtout le premier je pense) est une influence majeure de Tarantino. Mais c’est surtout pour Bronson qu’il avait adoré dans « Mr Majestik » où il tenait un rôle un peu semblable mais plus fin (cf mon article sur le film 😉). Bien sur là, on est chez Golan/Globus, faut pas s’attendre à du haut niveau. Mais tout de même, le côté complaisant des exécutions sommaires, qu’avait par exemple réussi à utiliser à son profit Eastwood dans les Dirty Harry, me gêne un peu.
Ils ont en tout cas, pour the Mechanik du moins, bonne réputation. Donc je verrais ça très prochainement.
J’attendrais bien sagement ton avis sur La Sentinelle des Maudits alors (rien ne presse haha).
Death Wish 1, ironiquement également signé par Michael Winner. Il faut croire que les années 80 et son passage chez la Cannon lui ont permis de se lâcher, et pas qu’un peu.
Mais je comprend oui, il faut vraiment réussir à prendre du recul, et comme c’est souvent bien difficile de prendre les films au sérieux… Mais marrant que tu me parles de Dirty Harry, car j’ai un film en stock, non produit par la Cannon, mais avec un acteur récurent (Chuck Norris), qui avait été écrit pour être le quatrième opus des Dirty Harry, et qui est au final un film bien sympathique : Sale Temps pour un Flic de Andrew Davis (Le Fugitif). Tu vois, tout est lié !!!! 😀
Le quatrième Inspecteur Harry est un des tout meilleurs ! C’est celui réalisé par Eastwood. Ça m’aurait fait mal d’y voir Chuck Norris 😁, même si j’avais bien aimé ladaptation du « fugitif » par Davis.
C’est un poil plus compliqué (mais très intéressant), j’ai tout détaillé dans mon futur article. Un scénariste avait fait le scénario, Clint n’en a pas voulu. Ça a été proposé à Kristofersen qui a refusé aussi. Et finalement, Clint a fait Pale Rider, Kristofersen a joué dans Flashdance. Et les trois films….. sont signés par le même scénariste au final. Et Chuck a donc eu droit au scénario de Sale Temps pour un Flic (Code of Silence), un polar classique et carré, un des premiers rôles de Dennis Farina d’ailleurs. Un film sérieux qui tient la route, j’ai aimé pour des vraies raisons ce coup-ci haha.
En effet, ça a l’air d’être d’un autre niveau que les Death Wish 😉
En plus il y a Farina, acteur fétiche de Mann, je suis preneur !
Oh ça l’est. Je crois qu’il est souvent considéré par le public et les critiques comme le meilleur film de Norris d’ailleurs, pas pour rien. Pour le moment, je leur donne raison.
J’adore aussi Farina, autant chez Mann que chez Soderbergh (Hors d’Atteinte) ou Ritchie (Snatch), ou encore dans Get Shorty.
Du coup on est limite parti dans un essai sur le cinéma d’exploitation made in 80 là! 😀
Il faudra qu’on songe à publier nos réflexions un de ces jours 😄
Un petit livre sur le cinéma d’exploitation made in 70/80 avec la Cannon, les prods Corman et le déclin du bis Italien ? (remarque, je suis sûr qu’il y aurait tellement de choses à en dire qu’un livre ne suffirait même pas).