Avec Christopher Walken, Brooke Adams, Tom Skrettitt, Herbert Lom, Anthony Zerbe et Martin Sheen
Synopsis : Professeur, Johnny Smith se retrouve dans le coma pendant cinq longues années après un accident de voiture. À son réveil cependant, quelque chose a changé. En touchant une personne, il a le don de voir son avenir ou son passé.
Ce qui est intéressant avec l’œuvre de Stephen King, c’est de voir que beaucoup de grands réalisateurs se sont approchés de l’œuvre de l’écrivain, et qu’au début des années 80, il s’agissait encore de grands réalisateurs. Des réalisateurs dit de genre dans un sens, mais des auteurs au style facilement identifiable. Brian De Palma pour Carrie, Tobe Hooper pour Les Vampires de Salem, Stanley Kubrick pour Shining. Il y a assurément pire, même si le film de Hooper est un téléfilm un brin chiant et que le film de Kubrick trahit le roman (mais le sublime pour le coup). 1983 est une année importante, puisque deux romans de King sont portés sur les écrans, par deux petits réalisateurs qui ont débuté dans les années 70, et au style identifiable à des kilomètres. Il y a Christine de John Carpenter, et Dead Zone de David Cronenberg. Avec le recul, deux films mineurs dans la filmographie de ses deux grands réalisateurs, mais deux réussites. Et aujourd’hui, nous allons parler de Dead Zone de David Cronenberg, un film produit par Debra Hill pour le compte de Dino De Laurentiis. Un des rares métrages de Cronenberg d’ailleurs où la musique n’est pas signée Howard Shore mais Michael Kamen, par décision du studio qui voulait quelqu’un de bien plus connu. Mais Cronenberg a néanmoins eu de la liberté, dans sa façon de traiter le sujet et de la mettre en image, et il est encore plus intéressant de mettre l’œuvre en lumière avec les films qui l’entourent au sein de sa filmographie, puisque Cronenberg a semble-t-il volontairement alterné les approches de son cinéma durant plusieurs métrages au sein des années 80, livrant le très visuel et choc Videodrome la même année avant de sortir un Dead Zone beaucoup plus sobre, pour revenir en 1986 avec La Mouche et ses nombreux effets spéciaux, avant de livrer encore une fois l’exact opposé avec le génial Faux Semblants deux ans plus tard.
Ce qui ne change pas d’un film à l’autre, c’est l’approche du réalisateur, privilégiant donc l’ambiance mais soignant toujours son sujet pour en faire ressortir le meilleur. Dead Zone donc, c’est l’histoire de Johnny Smith, un prof a qui tout réussi, et qui, comble de l’ironie, fait étudier la légende du cavalier sans tête à ses élèves, des années avant que Christopher Walken, jouant le professeur, ne joue le rôle du dit cavalier chez Tim Burton. Sauf qu’en rentrant chez lui un soir, le voilà victime d’un accident de voiture, qui va dramaticalement changer sa vie. Cinq années plus tard, il se réveille d’un coma, comme si pour lui une seule journée avait eu lieu. En un instant, il perd son travail, sa financée qui a reconstruite sa vie et a d’ailleurs donné naissance plusieurs mois avant son réveil à un bébé. Le voilà donc, devant repartir de zéro, boitant, ne connaissant plus le monde qui l’entoure, sa ville, ses amis, la politique. Mais Johnny se réveille différent, avec ce qu’il considère comme une malédiction. En touchant une personne, il peut, au choix, voir son passé ou son avenir. Et a donc le choix. Le choix de changer cet avenir souvent sombre qu’il découvre comme s’il y était. Un concept simple, mais ouvrons de nombreuses pistes et thématiques. Pour le personnage et son entourage déjà, l’un vivant ça comme une malédiction, les autres pensant à un don, mais également à des niveaux plus vastes. Peut-on changer l’avenir, ou alors ce qui doit arriver arrivera ? L’approche du sujet par Cronenberg est très naturelle, et le réalisateur se refuse presque les effets chocs. Ils sont présents, notamment le temps d’une scène, mais le réalisateur Canadien préfère soigner le reste et baser son film sur les émotions de ses personnages que sur les ressorts fantastiques de son histoire. Et tant mieux, car il bénéficie ici d’un excellent casting.
Christopher Walker dans le rôle principal est excellent, comme souvent finalement, mais les seconds rôles ne sont pas en reste. Pour l’ex fiancée du héros, on trouve Brooke Adams, qui avait (ou non, mais ce fut mon cas) marqué les esprits en 1978 avec L’Invasion des Profanateurs, dans le rôle du shérif de cette petite ville on trouve Tom Skerritt (Alien, Contact), et pour jouer un politicien véreux, le grand Martin Sheen (Apocalypse Now). Dans un petit rôle marquant, on trouve Nicholas Campbell, qui retrouvera Cronenberg en 1991 pour Le Festin Nu, et qui apparaissait déjà dans Chromosome 3. Un excellent casting qui met son talent au service de l’histoire. Une histoire simple certes, qui prend son temps pour poser ses enjeux et thématiques, mais crédible grâce à ses personnages. Il y a d’ailleurs quelque chose de très intéressant dans ce personnage principal, à l’opposé de nombreux héros qui ont pour habitude de déjouer des complots au cinéma, puisque Johnny n’est qu’un homme ordinaire qui veut retrouver son quotidien ordinaire, ne veut pas de son don, et n’a que faire de la politique, il n’est même pas inscrit pour voter. Mais il reste avant tout humain, et lorsqu’il faut se lancer dans un crime pour déjouer un avenir sombre, pas le choix, il se lance. Mais l’autre aspect intéressant du métrage, et plutôt surprenant en 1983 venant de Cronenberg, c’est que cet aspect politique n’intervient que tardivement, toute la première partie du récit, une heure environ, se veut avant tout dramatique, avec plusieurs arcs scénaristiques, notamment celui du tueur au ciseau, se terminant par le seul moment résolument choc du métrage, qui mettent constamment en avant son personnage principal et sa solitude. Dead Zone, plus qu’un énième film fantastique pour Cronenberg, est un drame avant tout humain et intériorisé, et une réussite en ce sens. Mais un film qui décevra sans doute les amateurs de fantastique plus classique.
Les plus
Casting aux petits oignons
Une mise en scène sobre et appliquée
Les moments chocs, très rares, mais marquants
Des thématiques intéressantes
Les moins
Le côté fantastique de l’intrigue trop timide
En bref : Cronenberg accepte le film de commande après Videodrome, et signe un film à la frontière entre le drame, le fantastique et le film politique. Surprenant, tout en subtilité et porté par un grand casting.
Gros fan de Cronenberg, j’ai un très bon souvenir de cette Dead Zone. Sans doute pas le plus personnel ou emblématique du réalisateur mais c’est souvent dans ce genre de projet qu’il est intéressant de dénicher les éléments attachés à un réal à l’univers si emblématique. Il y a évidemment les scènes sanglantes, mais surtout je pense à la psyché du personnage dont tu as fort bien souligné les tenants. Cronenberg s’intéressera d’ailleurs bien davantage à ce versant du l’humain par la suite, jusque dans ses films les plus récents (Spider ou a dangerous Method notamment).
En le revoyant, je me suis rendu compte que j’avais quasiment tout oublié du film, à part quelques images marquantes (les ciseaux). Mais bon, ma précédente vision datait bien de la fin des années 90/début 2000 aussi il faut dire. Et c’est du très bon. Un peu comme Carpenter la même année, on reconnait sa patte malgré tout oui dans cette oeuvre de commande. J’aime beaucoup A Dangerous Method, qui est un autre film qui divise dans sa filmographie, comme ces trois derniers j’ai l’impression en fait. Sans doute car il a totalement délaissé pour ces trois films l’horreur organique pour laquelle il était connu.
Disons qu’il s’est écarté du genre, comme il l’avait fait une première fois avec « Faux semblants », néanmoins, on devine l’obsession organique sous la surface de ces récits les plus récents.
Il avait fait le tour du sujet je crois aussi, il est parvenu à se renouveler. Ironiquement, mes deux films préférés de Cronenberg sont ses deux oeuvres les plus opposées, à savoir Faux Semblants justement (que je dois me prendre en Blu-Ray) et Videodrome.
This is a tightly written and directed film with not a wasted second. Cronenberg and his team created a great atmosphere that makes the drama tragic and compelling. What hurt most was seeing the gulf between Johnny and his girl.
Cronenberg made more of a drama with this story, despite a few bloody scenes. Like a friend said here (in French), it reminds us more of what he did later in his career with Spider or A Dangerous Method.
The most surprising thing here is to see Michael Kamen at the soundtrack, and he did something that sounds like Howard Shore’s work.
Oh btw, if you’re interested, I was planning to start translating a lot of my reviews in English early 21, mainly for some rare Japanese’s movies (or at least, some interesting ones).
I have the book but haven’t read it. I watched the film and TV show as a teen and didn’t revisit the film until earlier this year. I was impressed by it. I found its drama very moving.
Thanks for the translations that you have started doing. Whether it is French (via Google translate) or English, I’ll read them!
I’m not a huge fan of the book. I mean, the story and characters are already here, but I’m not a fan of King’s style.
I remember my aunt was a huge fan of the TV show when I was a teen too, but haven’t watched a single episode (I’m not a huge fan of TV Shows).
Awww thanks, but I know translations made by google can be… awkward to say the least. I prefer to take 10 or 20 minutes each day to translate one all by myself.
I have read your English translation for Hideo Nakata’s latest film (thanks for taking the time on that). I must admit that I haven’t watched anything of his since Ghost Theater but I was interested in Stigmatized Properties (2020) when I saw it.
Oh I didn’t even know he made a new film. Reviews don’t seem to be quite positive about it, but I’ll see it when I can, like almost all his films.
Un très bon film, d’excellents acteurs. Franchement Walken est extraordinaire.
Walken est souvent très bon, même dans des films moyens comme New Rose Hotel de Ferrara. Et il a une vraie présence à l’écran également.
Walken est un immense acteur. Je l’adore. Il aurait pu (dû ?) devenir un monstre sacré à la Pacino ou De Niro. Il lui a manqué quelque chose, à un moment donné je suppose.