Avec Jun Ji-Jyun, Lee Jung-Jae, Ha Jung-Woo, Oh Dai-Su, Cho Jing-Woong, Choi Deol-Moon, Lee Geung-Young et Kim Eui-Sung
Synopsis : En 1911, lors de la colonisation japonaise de la Corée, un résistant, Yem Sek-jin tente d’assassiner sans succès le gouverneur-général et un homme d’affaires favorable aux Japonais, Kang In-guk. En 1933, Yem rencontre des politiciens sud-coréens en exil à Hangzhou en Chine. Il est chargé par ceux-ci de monter une équipe pour assassiner Kang à Séoul.
Chaque année, on trouve un gros succès dans le cinéma Coréen, une production avec un budget hyper confortable et qui amène le public en masse dans les salles. Souvent, ce gros succès s’exporte facilement en France, ce qui donne une vision assez limitée du cinéma Coréen finalement, une vision très commerciale oui. Bon dans le fond, je comprend bien que les éditeurs et distributeurs préfèrent limiter la casse et miser sur des films qui cartonnent et plaisent au public, mais bon. Assassination, datant de 2015, est un de ces gros films. Budget de 16 millions, film de grande ampleur avec décors d’époque, costumes, fusillades, et un box office de 90 millions. Et pourtant, Assassination reste encore aujourd’hui inédit en France, 5 ans après sa sortie en Corée en Juillet 2015. Et ce malgré de bonnes critiques, partout, que ce soit en Corée, durant ces passages en festival, sur les blogs et autres. Les éditeurs ont-ils jugés qu’un film historique, et donc, parlant forcément du passé houleux entre la Corée et le Japon avant la seconde guerre mondiale était un sujet qui parlerait moins à nous autres occidentaux ? Possible oui. Et c’est bien dommage, car sans être un chef d’œuvre, Assassination est un film d’époque, se déroulant dans les années 30, comme les Américains savaient si bien le faire à une époque, avec son lot de coups bas, de traitres, espions et tentatives d’assassinats, le tout avec des personnages habillés avec classe, longs manteaux et chapeau à la clé, fusil qu’il faut recharger après chaque coup, sans oublier les mitrailleuses ou autres. Bref, parlons d’Assassination, le dernier long métrage de Choi Dong-Hoon, qui, dans un genre bien plus léger, avait déjà en 2012 réalisé un blockbuster qui lui avait eu droit à sa sortie chez nous, je veux bien entendu parler de The Thieves (renommé Les Braqueurs). Un film de casse mettant en avant un casting mi Coréen mi Chinois (avec la divine présence de Simon Yam) absolument énorme, et qui était un sympathique divertissement. Ici, les ambitions semblent plus hautes pour livrer un film d’époque qui a de la gueule, et qui veut jouer également sur le drame, en plus de son intrigue à tiroir à tendance policière.
Nous voici donc propulsés en 1933, les sombres années 30 de la Corée, durant l’occupation Japonaise. Yem travaille pour le front de libération de la Coréen, et se voit donner une mission par ses supérieurs. Une mission de la plus haute importance. Il doit réunir trois têtes brûlées et les envoyer à Seoul pour une mission suicide : l’assassinat d’un politicien traite travaillant pour l’ennemi ainsi qu’un général de l’armée. Une mission totalement suicide, peu de chances de s’en sortir, et un film de 2h20. Ce qui pourrait être trop long avec un point de départ aussi simple. Heureusement, l’intrigue nous rajoute, en plus de nos 3 assassins, deux tueurs qui sont embauchés pour faire déraper tout ça, embauchés par nul autre que Yem, en réalité un traitre travaillant pour les Japonais depuis 1911 et qui joue donc double jeu depuis plus de 20 ans. Pour complexifier un peu le tout, on ajoute une fille à notre politicien cible, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une des assassine, une première tentative qui tourne très mal et donc un plan qui doit être intégralement revu, voir improvisé un peu n’importe comment. Oui, vous l’avez compris, un peu comme IP Man 1 pour le cinéma HK, Assassination est un film très patriotique qui ne fait souvent pas dans la demi-mesure, les Japonais sont très méchants et nos héros sont du côté de la patrie jusqu’à la mort. Bon, le propos reste parfois modéré, comme lorsque l’on dit clairement à nos trois assassins que les pertes civiles, qu’elles soient Coréennes ou Japonaises, ne sont pas tolérées. Mais reste ce traitement pour les « méchants » personnages, qui doivent être vraiment très méchants, pas de nuances, du manichéisme à 200%, avec un général qui n’hésite pas à tuer une enfant en pleine rue, et un politicien qui prend parfois les affaires en main quitte à tuer sa propre famille. Un peu too much, mais parfois glaçant il faut bien l’avouer également.
Assassination fait bien les choses. Visuellement ça en met plein la vue tout en évitant d’être tape à l’œil. La reconstitution d’époque fait plaisir à voir, il y a un réel souci du détail, dans les lieux, les nombreux costumes et même les armes à feu utilisées. Les scènes d’action, très rares d’ailleurs, sont bien filmées et n’en font jamais trop, sans doute pour garder un côté réaliste. Si vous vous attendez à un film qui recharge en permanence et fusille à tout va, vous serez déçu, la première vraie scène d’action intervenant facile après 1h10 de film, le film préférant mettre en avant son intrigue et ses personnages. Des personnages assez classiques dans le genre, mais le casting étant assez énorme, ça fait clairement le job. Sans doute la plus grande réussite du film. Jun Ji-Hyun (Gianna Jun) tient le rôle principal, et ça fait plaisir de la voir dans un rôle à la fois sérieux et consistant. Car autant dans My Sassy Girl ou The Thieves, elle est très bien, mais ce sont des rôles légers, et quand elle pourrait avoir des rôles plus durs, elle est soit en arrière plan (The Agent) soit le film est totalement raté (Blood the Last Vampire). Mais à côté, le reste n’a pas à rougir, loin de là. Lee Jung-Jae (The Thieves, The Housemaid) joue l’agent double, Ha Jung-Woo (The Chaser, The Murderer, The Agent) et Oh Dai-Su (A Bittersweet Life, Thirst, The Thieves) jouent deux tueurs convaincants, et la liste continue. Cho Jing-Woong (A Hard Day) joue un des trois assassins, tout comme Choi Deok-Moon, Lee Geung-Young (Monster Boy, New World, The Agent, A Company Man) joue un politicien traitre et on pourrait continuer longtemps tant il y a de têtes connues au casting. Mais pour une fois, un casting qui donne vie aux personnages. Et ce malgré quelques facilités du scénario (Gianna Jun qui n’a aucun mal à se faire passer pour sa jumelle), et bien entendu, son côté manichéen malgré tout bien présent. Mais ça reste du grand spectacle travaillé, intéressant, et une bien belle reconstitution d’époque.
Les plus
Les années 30 parfaitement reconstituées
Le casting, énorme
L’action, rare mais très bien filmée
Coups bas, traitrise, tentatives d’assassinat
Les moins
Des facilités scénaristiques
Ce côté patriotique et donc manichéen, marqué à certains moments
En bref : Assassination est une grande fresque historique, qui a quelques défauts et facilités dans son traitement, mais demeure à la fois efficace et intéressant, sans pour autant en faire seulement un film à grand spectacle.
Je saute sur l’avis final et entrerai dans le détail quand on se décidera enfin à faire venir ce bel ouvrage depuis le pays des matins calmes.
Tout cela me semble très fréquentable, comme savent le faire les Coréens. Décidément une grande nation du cinéma.
Si un jour, cela sort en France. Comme je dis dans l’article, malgré son gros succès dans son pays, j’ai l’impression que les distributeurs Français sont un peu rebutés par l’aspect historique du film. Les polars s’exportent plus facilement 😉 Mais bon, il y a de l’espoir, on a déjà eu un film du réal chez nous.
Mais j’ai trouvé le film très sympa en tout cas. Excellent casting (j’adore l’actrice principale), bonne reconstitution d’époque, du tout bon. Peut-être suivant les gens un poil long, ça dépasse forcément encore les 2h mais bon.