L’ANNÉE DU DRAGON (Year of the Dragon) de Michael Cimino (1985)

L’ANNÉE DU DRAGON

Titre original : Year of the Dragon
1985 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 2h14
Réalisation : Michael Cimino
Musique : David Mansfield
Scénario : Michael Cimino et Oliver Stone

Avec Mickey Rourke, John Lone, Ariane Koizumi, Leonard Termo, Victor Wong, Dennis Dun, Raymond J. Barry et Caroline Kava

Synopsis : Le capitaine Stanley White, un américain vétéran de la guerre du Viêt Nam et fils d’immigrés d’origine polonaise, est un officier de police du NYPD. Muté dans le quartier de Chinatown, Stanley part alors en guerre contre les bandes criminelles des triades chinoises qui gangrènent le quartier. Celles-ci, ayant la main mise sur le trafic de stupéfiants, se livrent en effet à des règlements de compte sauvages en pleine rue, conséquence de leur trafic et du racket des commerçants du quartier.

Lorsque l’on demande à quiconque de nous citer les grands polars des années 80, ce sont toujours les mêmes titres qui ressortent, et les mêmes auteurs. Brian De Palma avec Blow Out (1981), Scarface (1983), Body Double (1984) ou encore Les Incorruptibles (1987), Martin Scorsese avec Les Affranchis (oui je triche un peu, c’est de 1990), Clint Eastwood avec quelques opus de l’Inspecteur Harry, Walter Hill avec 48 Heures (1982), ou encore Les frères Coen, avec Sang pour Sang (1984), William Friedkin avec Police Fédérale Los Angeles (1985) ou James Foley avec Comme un Chien Enragé (1986). Oui, il y avait du choix, et oui, tous les films que je viens de vous citer sont géniaux. Mais souvent, on en vient à oublier d’autres petits polars tout ce qu’il y a de plus sympathiques, voir excellents, comme l’Année du Dragon de Michael Cimino. Alors oui, en étant honnête, si l’on compare l’Année du Dragon avec quelques films comme Voyage au Bout de l’Enfer, c’est clairement un cran en dessous, mais pourtant, le métrage a tout ce qu’il faut pour être un excellent polar. Un casting efficace, un scénario sombre et bien rodé, une mise en scène tendue et électrique, de la violence frontale, le tout sur fond de chasse aux triades à New York. Si je vous dis qu’en plus, on trouve comme coscénariste nul autre que Oliver Stone, a qui l’on devait déjà dans les années 80 les scénarios de Conan le Barbare ou Scarface avant qu’il ne soit un cinéaste reconnu et ne livre par exemple les bombes Platoon et Wall Street, le tout à une année d’intervalle (1986 et 1987). Un réalisateur engagé, et un scénariste souvent rigoureux malgré quelques déboires, et qui aime le polar, puisqu’il tournera lui même dans les années 90 deux de ses meilleurs représentants, à savoir Tueurs Nés (1994) et U-Turn (1997). L’Année du Dragon, c’est avant tout l’adaptation d’un roman, que Cimino accepte d’adapter mais dont il ne se sent pas capable d’accomplir seul la tâche. À l’écran, cela donne un récit hyper sombre, comme souvent, nous montrant les dessous des triades à Chinatown, New York, et le combat que va mener le flic Stanley White, seul contre tous.

Dans le rôle tire, un Mickey Rourke convaincant et encore en état de grâce (il tourne les années suivantes pour Alan Parker, Adrian Lyne ou encore Walter Hill, ça va), cheveux décoloré, imper et petit chapeau donnant directement à son personnage ce côté détective de film noir tant recherché. Avec sa vie de couple totalement délaissée, son manque de sommeil, son côté rentre dedans, grande gueule et qui n’hésite pas à tabasser pour avoir des réponses, sa relation avec une journaliste d’origine Chinoise qui n’est pas bien vu par les triades, mais aussi par ses collègues, et forcément quand ça se sait, par sa femme, il campe là le personnage typique de ce genre de métrages, celui que tout le monde délaisse, qui a ses propres traumas (le Vietnam, tiens, Stone se préparait justement à tourner Platoon), mais qui jamais ne va laisser tomber quitte à mettre le peu de personnes tenant encore à lui en danger. Il ose faire ce que personne d’autre ne fera, à savoir, oui, mettre un grand coup de pieds dans la fourmilière pour mettre un terme aux violences qui ont lieues à Chinatown, jusque dans les rues, pour des questions de drogue, d’argent de protection ou j’en passe. On a souvent l’impression que pour les autres, c’est un mal qui a toujours été là et avec lequel nous avons appris à vivre, et qu’il vaut mieux ne pas y toucher. Stanley lui est un fonceur. Et quand on lui met des bâtons dans les roues, qu’on le menace lui ou sa famille, il fonce doublement, attendant la moindre occasion pour dégainer son arme de service et s’en servir. En soit, l’intrigue du métrage, tout comme son cheminement de manière générale est plutôt classique. Le genre en question est codifié, et l’Année du Dragon s’en moque, fonçant dans les clichés du genre, avec le garde du corps abattu par son propre patron, les négociations tendues pour la vente de la drogue, les flics infiltrés, ou encore les micros posés plus ou moins légalement chez la triade.

Mais même si classique, L’Année du Dragon est diablement efficace. Il sait où il va, ne perds pas franchement de temps, développe pile ce qu’il faut des situations et des personnages, avant de passer à la suite. Avec un autre casting, ou également un réalisateur moins attentif aux détails, le film serait juste un petit polar qui n’invente rien et tomberait dans l’oubli le plus total. Mais là, nous avons Michael Cimino à la mise en scène, et il livre une copie propre. Il sait comment filmer la foule (il ouvre et ferme son film par un défilé Chinois dans les rues), comment faire monter la tension, et comment rendre la violence frontale et douloureuse sans forcément s’attarder dessus bien longtemps. Et il est aidé par un casting solide. Mickey Rourke en tête dans le rôle principal bien entendu, mais pas que. John Lone, qui tournera par la suite pour Guillermin (King Kong 2…), Cronenberg (M. Butterfly) ou Brett Ratner (Rush Hour 2…) campe un méchant solide, manipulateur, charmeur, et du coup, forcément, détestable. Citons la prestation plus qu’honnête d’Ariane Koizumi, juste créditée sous le nom d’Ariane, qui n’a malheureusement été active que quelques années. Même les petits rôles plus anecdotiques pourront faire plaisir aux plus curieux, puisque l’on trouve Victor Wong et Dennis Dun, qui tourneront tous les deux pour John Carpenter par la suite, dans les Aventures de Jack Burton mais également dans Prince des Ténèbres, avant d’avoir tous les deux de discrètes carrières. Leurs apparitions, bien que limitées, sont solides, surtout en ce qui concerne Dennis Dun. En fait, c’est totalement ça. Le film est solide, efficace, jamais ennuyeux, et on passe du coup clairement outre son côté classique, voir prévisible en ce qui concerne pas mal d’événements, tant l’équipe derrière sait ce qu’elle fait.

Les plus

Mise en scène appliquée
Ambiance nocturne lourde
Le casting, solide et convaincant
Des scènes violentes qui font leur petit effet

Les moins

Scénario en soit simple et assez prévisible

En bref : L’Année du Dragon, c’est un polar classique certes, mais souvent sublimé par la mise en scène de Michael Cimino, et porté par un Mickey Rourke convaincant.

15 réflexions sur « L’ANNÉE DU DRAGON (Year of the Dragon) de Michael Cimino (1985) »

  1. Enfin, celui-ci je l’ai vu (heureusement !)
    Pas complètement d’accord avec toi sur le statut discret du film. Je crois que le nom de Cimino, la présence de Rourke, et de Stone au scénario, lui donne une petite popularité qui le range sans peine dans la liste évoquée en exergue. Il est régulièrement diffusé de plus.
    Grand film que j’adore, peut-être le dernier qui vaille le coup de sa filmo. Bien sûr Deer Hunter est au-dessus, mais on retrouve chez ce flic perdu dans Chinatown (d’ailleurs son look n’est pas sans rappeler celui de Nicholson) les mêmes traumas et les mêmes failles. Particulièrement émouvant et même violent (je me souviens du viol de la journaliste qui m’avait secoué).
    Tu m’as donné envie de le revoir.

    1. Ah ouais ? Autour de moi, c’était le polar que beaucoup n’avaient pas vu, et certains même pas entendu parler (oui oui). Même moi, je l’ai découvert un peu par hasard, c’était mon patron à mon premier boulot qui m’avait prêté le dvd (il savait que ça allait me plaire). Après niveau diffusion, j’admet n’en avoir strictement aucune idée, je n’ai aucune chaine de télé depuis le début des années 2000, donc ce qui est populaire à la tv, aucune idée. Bon, à part que rien n’a du changer depuis ma jeunesse, et je pense que ce sont toujours les mêmes films diffusés tous les ans en période de Noel 😀

      Le Sicilien avec Lambert, c’est vraiment pas bon ? Je ne l’ai jamais vu, mais un jour il faudra bien.
      Bref, pour l’avoir redécouvert en HD (je me débarrasse de mon vieux dvd si tu es intéressé haha), toujours un grand film, son ambiance nocturne y gagne même. Donc n’hésite pas à le revoir.

      1. J’ai le vieux DVD. J’imagine a quel point il doit claquer en HD ! D’ailleurs, avis aux éditeurs, il me semble que ce titre de Cimino mérite une belle édition avec livret et bonus.
        Le souvenir que j’ai du Sicilien est assez désastreux en effet. Tout comme son dernier, Sunchaser. Mais peut-être méritent ils une réhabilitation.
        Je t’avoue que je connaissais le film avant même de l’identifier comme un Cimino, ça doit remonter donc.
        C’est vrai que le film a été un échec à sa sortie, avec en plus une reputation de film raciste. Tarantino l’a quand même classé dans son top de 1985.😉

        1. Bon on avait la même édition alors. Mais, bon j’ai pris l’édition simple, mais étant sorti chez Carlota, il existe forcément en méga grosse édition avec bonus et livret 😉
          Bon, je vais enfin attendre pour le Sicilien, même si ça reste à voir pour la culture.

          Ah mais ça, les critiques adorent faire des polémiques inutiles sur des films. Oui le personnage est raciste, et c’est pour placer un contexte, social, politique et d’époque, un trauma, pas forcément car l’équipe voulait faire un film sur ça, enfin bref, large débat. En même temps, Tarantino, il aime tout, je suis sûr que ces top contiennent tous les films sortis chaque année haha 😉

        1. Ah tu vois ! *pars cliquer sur le lien et voir ça* AH!!! Oui, je vois tout à fait ce que tu veux dire. Alors je sais que perso par le passé, j’ai déjà dépensé de belles sommes dans des coffrets (le coffret DVD épuisé depuis belle lurette Maggie Cheung, avec 2 films, un livret et tout), mais je n’ai jamais atteint ses montants là. Là c’est juste… Totalement fou en fait.
          Non ben tu as l’édition simple sinon, que j’ai pris il y a quelques semaines, et m’a coûté 9 euros. Mais niveau bonus, rien. Juste la joie de redécouvrir le film en copie nickel.

        1. Carlotta, sacré éditeur, mais bon, leurs éditions collectors sont bien limitées et souvent vite hors de prix haha. Mais bon, quand tu vois qu’ils nous sortent du Phase IV, l’Année du dragon, Donnie Darko, Body Double, je pardonne tout car ils ont bon goût !

          1. To live and die in LA, la dame de Shangai (qui me fait de l’œil), profession reporter, Christine, Phantom of the Paradise (je pleure toutes les larmes de mon corps de ne pas l’avoir eu à temps celui-ci), Network,…

            1. Phantom of the Paradise je n’ai que l’édition simple aussi…. alors que c’est LE film qui m’a donné envie de faire du cinéma ! Je me rattrape en précisant que j’ai l’ost en cd !

              1. Je suis obligé de te laisser gagner sur ce coup-là (grrrrr). Mais en vinyle ou en cd, l’ost reste mémorable et je l’écoute assez souvent (et la chantonne, connaissant absolument toutes les paroles par coeur, mais faut pas le dire car je dois pas hyper bien chanter haha).

              2. We’ll remember you foreeever Eddy, to the sacrifice you made, we can’t believe the price you paid… For looooove 🎶

              3. Roll on thunder, shine on lightning
                The Days are long and the nights are frightning
                Nothing matters anyway and that’s the hell of it!

                Cette chanson de fin m’a toujours marquée, par son rythme endiablé, ses paroles. That’s the hell of it! C’est d’ailleurs mon réveil matin 😀

              4. Rythme endiablé, c’est complètement Swan. 😈

                On s’est éloigné de l’année du dragon là, mais plus près du Paradise.

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