Avec Fujita Ena, Kiguchi Kenta, Yashiki Hiroko, Hosokawa Yui, Yahagi Masaru et Goto Naoki
Synopsis : Gravure Idol, Fujita Kana aimerait bien devenir chanteuse. Elle s’entraîne, compose, joue de la guitare et chante dans la rue. Mais elle se heurte à de nombreux soucis au sein de sa profession. Si l’on ajoute que la jeune femme est souvent prise de crises d’hystérie, et que des meurtres étranges ont lieu la nuit, rien ne va plus.
Cela fait des années que l’on me conseille le premier métrage de Ohata Hajime, à savoir le film Henge, renommé Metamorphosis à l’international. Un film de 54 minutes seulement qui a apparemment fait assez sensation, et dont, pour une raison inconnue, je n’ai toujours pas trouvé le temps d’insérer dans mon lecteur. Ce qui est étonnant, c’est que ce métrage, Henge, plutôt méconnu malgré tout, a droit à sa page imdb, mais le film dont je vais vous parler, Evil Idol Song, qui a pourtant tout pour plaire à un plus large public puisqu’il parle d’une idole, n’en a pas. Evil Idol Song donc, c’est un film du même réalisateur. Ce qui me permet d’entrer doucement dans son univers, avec un film plus ou moins de commande ne durant que 1h18. Plus ou moins de commande ? Oui, car ici rien n’est simple, le film mettant en vedette Fujita Ena, jouant à l’écran Fujita… Kana (oui la différence est mince), gravure idol et chanteuse dans la vraie vie, jouant ici une gravure idol qui veut devenir chanteuse. Et le film tourne donc autour de cette obsession, celle de parvenir à réaliser son rêve, et à finaliser jouer sa fameuse chanson qui donne le titre au film, Evil Idol Song. Le métrage a donc absolument tout pour être un véhicule promotionnel monstre pour la jeune idole, qui il faut l’avouer, est mignonne comme tout, et a une plutôt jolie voix d’ailleurs. Tout pour réussir donc ? Non mes amis, car nous sommes au Japon, et le milieu des idoles, c’est un monde à part. Et c’est là tout le paradoxe du métrage, qui ressemble dans les faits à s’y méprendre à un film promotionnelle pour la jeune femme, et pour vendre son single portant le titre du film (la chanson du film donc, suivez un peu), mais qui dans le fond, s’amuse la plupart du temps à démonter le milieu. Quelles sont donc les intentions du film ? Où se situe la fiction et où commence la réalité ?
Bon, ne connaissant pas tant que ça le milieu, et découvrant d’ailleurs Fujita Ena grâce à ce film, je ne pourrais pas m’avancer plus, mais je me contenterais d’ajouter ce fait étrange. Malgré son côté qui défonce le milieu, et qui s’engouffre ensuite dans la série B un brin stupide, le film a été produit par King Records. Oui, la boite de musique. Une boite qui finance un film pour promouvoir un CD mais qui en profite pour critiquer le milieu dans lequel elle évolue ? Ou tout simplement un réalisateur qui n’en a fait qu’à sa tête et qu’on a laissé faire, puisque de toute façon le budget est risible et que l’ensemble sera remboursé par les ventes du cd ? Tout est possible ! Mais en tout cas, pendant la moitié de sa courte durée, Evil Idol Song tient la route. Oui, c’est parfois fauché, mais c’est réalisé avec sérieux. Le film semble même s’amuser avec ces propres limites, en proposant des scènes au rendu visuel volontairement crade, accentué par un aspect de vieille VHS, et un changement de format d’image. On suit le quotidien de notre idole, avec ses séances photos, ses réunions avec son agent, ses tentatives pour se bâtir un public en jouant dans la rue, et ses séances de guitare et de chant au réveil dans son appartement. Et à côté, le film part dans un délire plutôt réjouissant, car débordant d’idées et parvenant à poser durant toute cette première partie une ambiance vraiment étrange, aidé par la musique du métrage, tout aussi étrange. Et ça fait plaisir à voir. Mais tout à coup, sans prévenir, tout dérape, et si le but de notre idole reste le même, sa façon de faire change, et le film rentre dans le domaine de la grosse série B fauchée qu’Iguchi, Tomomatsu ou autres tâcherons n’auraient pas reniés.
Il y a cette envie de surprendre le spectateur qui dans le fond fait plaisir à voir, et nous rappelle bien que le cinéma a petit budget peut tout se permettre. Mais son retournement de situation, son film le révèle finalement beaucoup trop tôt, sans réussir à l’utiliser correctement par la suite. En résulte une dernière partie beaucoup moins convaincante. Tout à coup, notre héroïne se met à tuer en chantant, faisant saigner des oreilles ses auditeurs (ceci serait-il une critique de tous ces groupes d’idoles ?), et pour bien pousser le concept plus loin, voilà qu’il lui pousse des cornes et des ailes de démons. Subtilité quand tu nous tiens. Mais encore, au début, j’y ai cru, quand notre idole se met à vouloir éliminer ses rivales, ou alors à la première apparition de son look de démone, surtout que la première utilisation des CGI ne m’avait pas paru si mauvaise que ça. C’était sans doute car le plan, avec envol du personnage, était furtif, et filmé avec une certaine distance. Mais c’est ironiquement à partir de cette scène, et donc de la barre des 50 minutes (il reste donc une demi-heure) que l’intégralité s’écroule sous son propre poids. Son changement brutal de genre n’amène rien de vraiment intéressant, et ironiquement, l’aspect promotionnel se fait bien plus gros et voyant (la préparation d’un concert en public). Et puis il faut bien en parler, il y a les CGI, plus présents, sur lesquels la caméra s’attarde, avec grosses giclées de sang numériques. Et c’est tout simplement hideux. L’idée était amusante, le résultat beaucoup moins, et si cette scène finale était le but du réalisateur, pourquoi autant trainer pour nous y amener ? Il est rare, malgré un si petit budget, de voir un film autant souffler le chaud et le froid. Un film qu’on a envie d’aimer en pensant à sa première partie, mais clairement envie de détester en pensant à sa seconde partie.
Les plus
Une première partie bien sympathique
Une ambiance sombre et étrange
Fujita Ena, investie, et qui chante bien
Les moins
La seconde partie, trop longue, trop ridicule
Le sang en CGI, ça ne passe toujours pas
En bref : Voilà un film paradoxe, qui critique l’univers dans lequel il évolue, alors qu’il est en soit un film en faisant la promotion. La première partie en tout cas promet de bonnes choses et tient en haleine, puis tout s’écroule.
Mouaip. On pense peu ou prou la même chose…
Voilà, c’est pour achever le mois de Mars (et WordPress ?) avec un avis en commun haha !
C’était pas totalement mauvais, mais trop long, trop bancal. Mais l’idée est intéressante.