Avec Marie Yuen, Miyamoto Yôko, Sibelle Hu, Lawrence Ng, Alex Fong, Ken Lo, John Lam, William Ho et Walter Mak
Synopsis : Bill, qui s’occupe de la contrefaçon de billet pour l’organisation de son oncle, engage une tueur, Miyamoto, pour tuer son oncle et ainsi récupérer son business. Pour ne pas laisser de trace, il passe un autre contrat pour se débarrasser de la première auprès de Yuen Ling, une autre tueuse. Sauf que les choses se compliquent puisque la CIA est sur ses traces, notamment l’agent Betty Lee, et que le frère de Yuen, censé étudié à Paris, est en réalité un tueur lui aussi.
Se lancer dans un film de Godfrey Ho, c’est toujours à double tranchant, mais c’est aussi toujours l’assurance de savoir que le produit final ne sera pas vraiment bon. Mais du côté des mauvais films, ça peut pencher d’un côté ou de l’autre de la balance, du côté du navet ou du nanar. Car Godfrey Ho est bien connu de l’amateur pour être le dieu du deux en un, à savoir se procurer des films inconnus, oubliés ou trop vieux venant des Philippines ou d’autres pays obscurs, et tourner, le plus souvent avec des acteurs Américains, des bouts de films pour pas cher, et relier le tout dans la salle de montage avec un magnifique doublage en post prod pour « tenter » de donner du sens à tout ça. Ce qui explique la filmographie oh combien grandiose du metteur en scène, qui avoisine les 150 films, alors que cela fait plus de 10 ans que sa carrière est terminée, et qu’il enseigne à présent le cinéma dans une école. De ce cher Godfrey, comment ne pas citer d’un côté de la balance son hallucinant Crocodile Fury, nanar intersidéral au doublage hilarant avec son crocodile « plus vrai que nature », qui aura valût des fous rires interminables lors de mes soirées nanars entre potes, mais comment ne pas citer de l’autre côté de la balance Hitman le Cobra, culte pour une poignée de scènes, mais chiant à mourir durant les autres 1h20 du métrage. C’est quitte ou double. Mais me voilà à parler de Lethal Panther, car j’en avais entendu beaucoup de « bien ». Notez les parenthèses, elles sont importantes. Car Lethal Panther n’est pas un bon film. Et d’ailleurs, ce n’est même pas un deux en un. C’est un film, un vrai. Un peu comme si Godfrey Ho, en 1990, s’était dit que signer six films, ce n’était pas assez, et que The Killer de John Woo venait de sortir, et qu’il fallait tenter de faire mieux. Il se lance alors dans le septième film de cette année là, en se disant qu’il manquait quelques éléments à The Killer pour en faire un chef d’œuvre. Oui, il faut rajouter du cul, beaucoup. Et plus de tueurs, car n’en avoir qu’un avec son amitié avec un flic, ce n’est pas assez, il faut des tueurs dans tous les coins. Et ne jamais renier ses origines, donc nous mettre des flashbacks pendant la guerre qui se tourneront aux Philippines car ça ne coûte pas cher. Oh, et du sang, beaucoup, car il y aura beaucoup de morts, tout le temps.
Pour ne pas mentir sur la marchandise, la bande son reprendra parfois quelques notes de la bande son de The Killer, histoire de rendez le lien évident, s’il ne l’était pas déjà assez, et comme c’était la mode à l’époque et que les copyrights, c’est pour les nuls, le film reprendra aussi le temps d’une scène le fameux thème d’Halloween de John Carpenter. Si on retrouvait après tout le thème des Griffes de la Nuit chez Wu Ma avec Fox Legend, lui aussi il pouvait le faire avec un autre thème culte du cinéma horrifique US. Et nous voici donc avec Lethal Panther. Un peu comme Lethal Weapon, mais avec une panthère donc ? Non bon le titre doit claquer, c’est tout. Et ce qui claque dés les premiers instants, c’est que Godfrey Ho, autant filmer, ce n’est pas son fort (un peu triste pour un réalisateur), mais la générosité et le rythme, il connaît. Même si son rythme, il ne viendra pas d’un montage dynamique ou d’une mise en scène inventive, mais juste de l’accumulation d’action, d’événements, de seins, de meurtres, de fusillades, et de nudité frontale intégrale. Et de quelques combats bien trop rares, mais tout de même là. Qu’on se le dise, Lethal Panther est généreux, dés sa scène d’ouverture, une arrestation dans la rue pour possession de faux billets, ça se cogne dessus, et que ça saute partout, et coup de pieds retournés (avec une magnifique doublure pour Sibelle Hu). Mais en l’espace d’une scène, on voit rapidement ce qui cloche dans le film. C’est monté avec les pieds, filmé un peu n’importe comment, avec un abus de ralentis lors des fusillades, car faire avancer une fille au ralenti dans un couloir avec un flingue dans chaque main, c’est tellement Woo’s style. Mais ça va vite, on rigole face à ces acteurs qui sont à côté de la plaque, ces scènes improbables, ces enchainements un peu con, ces fusillades archi sanglantes qui s’enchaînent, entrecoupée parfois de scènes de sexe avec nudité intégrale vraiment très subtiles…
Un festival de mauvais goût ? Parfois on n’est pas loin. Le pire étant que malgré tout, ça se suit bien, alors qu’ironiquement, c’est un véritable bordel, le montage ne venant pas aider, ainsi que la multiplication de personnages, certains peu utiles (Sibelle Hu encore), qui font coucou le temps de quelques scènes, puis disparaissent, ou apparaissent tardivement. Le montage n’aide pas, mais le scénario non plus. Un vrai bordel je le disais, avec des tueurs dans tous les coins, des trahisons dans tous les coins, tout le monde veut chopper tout le monde, tout le monde veut tuer tout le monde, et ça arrange bien le scénario, on nous rajoute en cours de route un frère, et oh, c’est un tueur aussi, mais du coup il ne peut pas tuer sa cible, car c’est sa sœur, et hop, puis le petit ami, et oh, c’est un tueur aussi, embauché aussi pour… Bref vous comprenez, le scénario part dans tous les sens, tout le temps. Et le pire, c’est que parfois, ça appuie ses effets en mode attention émotion Inside. En résulte des moments hilarants, comme ce meurtre où notre tueur se retrouve à accepter la jolie petite fleur donnée par un enfant, avant de la jeter comme un malpropre une fois le job achevé, ou ses belles paroles sur la difficulté d’être tueur s’achevant souvent par un headshot brutal, ou encore, le top du top, cette tueur qui se saoule chez elle à la 33 Export (véridique), car après tout, son frère est censé étudier à Paris, donc représentant la France comme on peut mais sans trop débourser, donc bière bas de gamme, cigarettes bas de gamme, et hop, le tout avec un subtil dialogue comme quoi les Français ils sont très très méchants envers les étrangers, et c’est dans la boite. Lethal Panther, c’est ça. Du grand n’importe quoi, assemblé un peu n’importe comment, et qui pourtant, parvient à divertir, grâce à sa générosité, parfois grâce à sa bêtise, mais aussi car, il faut l’avouer, il y a bien quelques plans qui sortent du lot, ou parfois scènes. Après tout, en filmant tout n’importe comment, les chances d’avoir au moins quelques fois un truc potable sont grandes, même par accident ! Le film parfait pour une soirée avec des potes, mais pitié, buvez autre chose que de la 33 Export !
Les plus
Généreux en tout
Action, fusillades, combats
De la nudité gratuite qui débarque de temps en temps
Parfois tellement risible qu’il devient hilarant
Les moins
Ça reste le plus souvent filmé n’importe comment
Mais aussi monté n’importe comment
Les emprunts musicaux un peu partout
Ce scénario qui part dans tous les sens
En bref : Lethal Panther, ce n’est pas un bon film. Par contre, vu dans de bonnes conditions, c’est un vrai bon moment, blindé d’action, de nudité (frontale et gratuite), de mauvais goût, de sang. Du Godfrey Ho dans toute sa splendeur.
On dirait que monsieur Ho fantasme dur sur les flingues et l’entrejambe des demoiselles. Un petit tour chez le psy lui ferait le plus grand bien. 😁
On ne va pas se plaindre, au moins, c’est généreux, et en plus, pour une fois qu’il a tourné toutes les scènes et pas racheté les droits d’un film Philippin inconnu pour remonter le tout et tourner que la moitié d’un film, comme dans ses fameux HITMAN LE COBRA (bien connus des amateurs de nanar pour son dialogue culte « Philipppppe, je sais où tu te caches ») et CROCODILE FURY (des barres de rire monumentales en soirée avec les potes celui-là, on en pouvait plus).