Titre original : Aizu – アイズ
2015 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Fukuda Yôhei
Musique : –
Scénario : Tanaka Yuwa, Kubo Sachiko et Fukuda Yôhei
Avec Itô Marika, Ozone Seiko, Yamada Taichi, Nakagawa Keiji, Endô Kosuke, Yamada Akari et Nishi Yosuke
Synopsis : Yukari est une lycéenne comme les autres. Un jour, un mystérieux F apparaît sur la plaque de l’appartement de sa famille. Depuis, les mystérieux événements se produisent autour d’elle, à commencer par un accident de bus coûtant la vie à sa meilleure amie, et l’apparition d’une fille à l’allure fantomatique.
Cela faisait un sacré moment que je n’avais pas vu un métrage réalisé par Fukuda Yôhei. D’ailleurs, cela fait d’autant plus plaisir que l’on peut du coup clairement voire une grosse évolution dans son travail. Oh oui, lui qui avait commencé dans le V-Cinema, les films fauchés, en signant par exemple les deux Death Tube, le premier Onechanbara ou encore Kotoribako, et bien avec Eyes, il s’attaque à un cinéma déjà un peu plus prestigieux, et qui a, en plus, clairement plus de gueule, techniquement parlant. Alors oui, je n’ai pas vu de lui, par exemple, son Real Kakurenbo 2, je ne l’ai pas vu (alors que j’aime les deux suivants, bref), idem pour son Bingo en 2012. Mais voilà, quand on en était resté à Kotoribako et Death Tube 2 et que l’on débarque dans Aizu, ou Eyes, il y a comme un fossé. Techniquement, on a bien plus affaire ici à un film proprement filmé, cadré, avec une photographie soignée. On peut même dire qu’un rapide coup d’œil à des captures de Aizu, et aux autres travaux de Fukuda pour s’apercevoir du fossé. En tout cas, Fukuda croit en son film, c’est indéniable, tant il soigne l’enrobage, et qu’il dirige ses acteurs et actrices comme il faut pour avoir un résultat qui tient la route, et l’éloigne des bobines de V-Cinema fauchées pour le rapprocher du vrai film de cinéma, celui qui fonctionne, qui peut se voir et être apprécié sur un grand écran. Fukuda, et là c’est bien plus surprenant, ne cède pas à la facilité, à l’appel facile du genre, au jumpscare à outrance, et préfère soigner son ambiance et inscrire son métrage non pas pleinement dans le genre horrifique, mais plutôt dans le drame, teinté de fantastique. Un peu comme à la belle époque des premiers essais concluants de Nakata (Ringu et Dark Water donc).
Nous sommes ici invités à suivre le quotidien de Yukari, une lycéenne normale, dans les faits. Elle va en cours avec sa meilleure amie Nao, s’occupe bien de son petit frère Shôta, ses parents vivent toujours ensembles. Bon, certes, on comprend bien vite que le père est assez effacé dans ce cocon familial, et que la mère est assez colérique. Et pour ne rien arranger, voilà qu’un petit malin vient inscrire sur la plaque de l’appartement une lettre tous les jours, issue de notre alphabet bien à nous, en commençant par F, puis A, et ainsi de suite. Fate ? Faith ? Tout nous sera révélé, non pas sans que le quotidien de Yukari ne bascule avant. Très rapidement même en fait, puisque d’entrée de jeu, alors qu’elle arrive en retard en cours et que son amie ne l’a donc pas attendue pour prendre le bus, elle apprend que Nao est morte, le bus ayant eu un accident fatal. Et un malheur n’arrivant jamais seul, déjà que sa situation devient compliquée et stressante vis-à-vis de sa famille, voilà qu’elle est la témoin d’apparition du genre fantomatique, avec petite fille à cheveux longs, comme le veut la coutume du genre. Alors, sans révéler le pourquoi du comment, car avouez que ce serait quand même dommage, je peux vous dire que Eyes est à classer du côté des réussites, mais avec quelques réserves malgré tout. Dont certaines qui n’en sont pas vraiment, mais qui doivent être dites pour ne pas risquer de décevoir les spectateurs. Car Eyes est vendu comme un film d’horreur, surtout que le tout est inspiré d’écrits courts de Suzuki Kôji. Sauf que Eyes n’est pas un film qui fait peur. C’est là que la ressemblance avec un certain Dark Water de Nakata, ou du moins, qu’un parallèle peut voire doit être fait. Eyes tient beaucoup plus du drame familial que du film d’horreur. Alors oui, on aura bien quelques apparitions, des moments jouant plutôt habilement sur la tension d’ailleurs, mais rien qui ne va terroriser le spectateur, voire le faire sursauter.
En tout cas, ce ne fut pas mon cas, mais sans doute suis-je également bien plus rodé au genre en question que certains. Tout y est pourtant. Apparitions furtives, ou floues en arrière plan, sons étranges, ombres visibles la nuit derrière des rideaux, tapage nocturne à la porte d’entrée. Mais voilà, Eyes ne va pas jouer la carte du jumpscare en faisant exploser les décibels sonores, il tente de se faire bien plus subtil. Il y parvient la plupart du temps, distillant juste ce qu’il faut d’ambiance, et laissant Itô Marika dans le rôle principal faire le reste du boulot. Je dois d’ailleurs vous avouer que je l’ai trouvé plutôt convaincante la demoiselle, surtout dans la dernière partie. Et ce même si la dernière partie fonctionne à mon sens un poil moins que le reste. Sans doute car finalement, j’avais déjà décelé son twist final bien avant, et que du coup, cette certaine avalanche de pleurs et de peurs n’a pas si bien fonctionné qu’elle l’aurait du. Mais au moins, le film a cru en son idée, à 200%, et ce jusqu’à la dernière image. Et Fukuda lui a clairement affuté sa mise en scène, et sa photographie, puisqu’il ne faut pas oublier que mine de rien, il est également directeur de la photographie sur quasiment tout ces films, celui-ci inclus (ils sont deux en fait). Et puis on ne va pas mentir, mais ces dernières années, voir un film du genre qui n’abuse pas des jumpscares et ose un tant soit peu bousculer nos habitudes, c’est tellement rare qu’on ne va pas bouder.
Les plus
Très correctement filmé et photographié
Un film sérieux de la part de Fukuda
Itô Marika est convaincante
Plus un drame au final
L’ambiance est réussie
Les moins
Le final un peu prévisible et moins prenant
Quelques mystères rapidement prévisibles
Risque de décevoir ceux voulant du jumpscares
En bref : Eyes est un vrai grand pas en avant pour son réalisateur (et directeur de la photo). Plus pro, plus sérieux, mieux rodé, on a là un film à l’ambiance réussie et fait avec le plus grand des sérieux, qui évite en plus les plus grosses ficelles du genre.
Un bon film oui. Voire même très bon pour le genre (jhorror moderne).
Un film de Jhorror vraiment à part cependant. Bon, le fait que j’ai revu DARK WATER peu de temps après doit jouer, mais j’y ai vraiment vu des similitudes dans la façon d’aborder le genre, ce qui fait que dans les deux cas, je trouve que ça tient presque plus du drame que de l’horreur vraiment. Il en faut plus souvent des surprises comme ça.
Heureusement, en ce moment, je les enchaine les surprises 😉 Dans tous les genres.