Titre original : Le Convoyeur
2004 – France
Genre : Policier
Durée : 1h35
Réalisation : Nicolas Boukhrief
Musique : Nicolas Baby
Scénario : Nicolas Boukhrief et Éric Besnard
Avec Albert Dupontel, Jean Dujardin, François Berléand, Claude Perron, Julien Boisselier, Gilles Gaston-Dreyfus, Philippe Landenbach, Olivier Loustau et Sami Zitouni
Synopsis : Vigilante est une petite société de transport de fonds en pleine crise. Elle a été victime de trois violents braquages dans l’année qui n’ont laissé aucun survivant. De plus, le passage imminent sous le contrôle d’une société américaine va entraîner des suppressions d’emplois. C’est dans ce contexte difficile qu’un homme, Alexandre Demarre, se présente un matin au centre-fort de Vigilante pour entamer sa première journée de travail. Chômeur, policier, braqueur, « taupe » du repreneur américain chargé de sélectionner les employés à licencier… qui est cet individu qui loge à l’hôtel et semble ne pas avoir d’attache, et que cherche-t-il ?
Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief m’avait fait forte impression lorsque j’avais découvert le film lors de sa sortie. Il faut dire qu’en 2004, les films policiers en France, c’était rare. Tiens, ça l’est toujours d’ailleurs, vu que l’on préfère encore et toujours livrer des comédies ou des drames. Mais alors que le remake Américain signé Guy Ritchie a pointé le petit bout de son nez, avec Jason Statham, soit l’assurance d’un film beaucoup plus musclé et stylisé, il est intéressant de revenir sur ce fameux Convoyeur, mettant en avant Albert Dupontel, Jean Dujardin, François Berléand et pas mal d’autres acteurs connus, ou que l’on reverra aux côtés de ces acteurs principaux, ou dans leurs réalisations en ce qui concerne Dupontel. 1h34 après, le verdict tombe, et non, Le Convoyeur, c’est toujours aussi bien. Un polar d’ambiance, qui sait prendre son temps pour nous décrire tout un groupe de personnages, chose bien trop rare. Il y a bien Dupontel en tête, ce nouvel employé dans une société de transport de fonds qui va mal, ayant subie déjà trois braquages au cours de l’année, et qui va être rachetée par un groupe Américain. Mais il sert de point d’entrée, de personnage qui va analyser la situation et le groupe de personnages qui l’entoure, ceux qui travaillent déjà depuis quelques temps dans la boite. Du coup, l’attention du spectateur est d’emblée tiraillée, entre l’identité du personnage de Dupontel, dont on ignore tout au début, mais sur ce qu’il cherche, et donc, l’ensemble du personnel de la boite, et donc l’ensemble du casting. On se demande qui est ce personnage, mais aussi ce qu’il cherche réellement, et du coup, on devient attentif à ce que ces personnages pourraient cacher, à qui ils sont.
Du coup, deux excellents points pour le Convoyeur, en premier lieu, son casting évidemment, mais aussi sa sobriété, dans ce qu’il raconte et la manière qu’il a de nous le raconter. Le casting est excellent oui, des personnages principaux aux secondaires, et il y a une plutôt bonne alchimie entre chacun d’entre eux, rendant les amitiés, moments calmes, ou parfois les tensions crédibles. Ils ont tous leur caractère, leurs petits défauts, ce qui les rend réalistes, attachants. Pour la plupart, car il y a bien évidemment quelques facilités ou personnages en retraits, ou au traitement plus simple, comme cette femme de chambre dans l’hôtel où réside Alex, Dupontel donc. Un peu comme si le film perdait un poil de sa saveur, ou plutôt de sa pertinence dés qu’il quittait le lieu de son action, qu’il mettait de côté l’environnement des convoyeurs de fonds. Ou alors, tout simplement car ces moments sont trop rares et trop rapidement expédiés pour avoir la même force que le reste. Car Le Convoyeur ne fait que peu de détours, il dure 1h35, et va à l’essentiel. Tout en prenant son temps donc. Car si vous voulez de l’action pure et dure, vous serez forcément déçu, le film jouant sur les apparences dans un premier temps, nous montrant le quotidien de ces personnages, Alex faisant connaissance avec ces collègues, découvre leur personnalité, que ce soit le rigolard Jacques (Jean Dujardin), l’excité Bernard (François Berléand) les anciens comme celui que l’on surnomme La Momie (Philippe Landenbach), ceux qui arriveront après lui comme Karim (Sami Zitouni), ou la seule femme du groupe, Nicole (Claude Perron). La caméra s’attarde sur eux, leur quotidien, les trajets en fourgon, au rythme des incessantes questions d’Alex, sur les trajets chauds par exemple.
Ça fonctionne du tonnerre, ça n’en fait jamais trop, et on sent malgré tout un malaise, quelque chose qui se prépare. Le film joue ses cartes, doucement, révélant ses informations au compte goutte, comme par exemple avec les quelques flashbacks nous en disant bien plus sur Alex, rares, mais qui suffisent largement. Jusqu’à ce que tout se mette alors en place, avec une première tentative de braquage raté, ou le suicide d’un collègue. Des événements presque anodins, mais qui pourtant amènent immanquablement au final. Une quinzaine de minutes, fidèles au reste du métrage, mais qui font monter la sauce, grâce à une mise en scène solide, une tension palpable, une violence radicale et réaliste, et un gros travail sur le son. Surtout que finalement, en prenant autant son temps avant de jouer ses cartes, Le Convoyeur parvient finalement assez habilement à jouer sur différents genres, privilégiant donc l’atmosphère et presque l’étude de personnages durant une bonne partie de sa durée, avant de partir dans le thriller pur et dur, expéditif d’ailleurs, mais fonctionnant justement pleinement grâce à sa longue mise en place. Le premier élément qui sera sans nul doute plus ou moins absent du remake, qui mettra sans doute l’accent sur le second point, à moins que Guy Ritchie ne parvienne à me surprendre, mais je n’y crois guère. Des années après en tout cas, Le Convoyeur reste efficace et prenant comme à la première vision, même si forcément également moins surprenant une fois que l’on connaît ces rouages.
Les plus
Un très grand casting
Une première partie calme qui prend son temps
Belle étude de personnages
Un grand final plein de tension
Mise en scène simple et appliquée
Les moins
Moins prenant et moins développé dés que l’on sort du milieu
En bref : Le Convoyeur, c’est avant tout un grand casting, au service de personnages bien différents, pour une analyse de différents stéréotypes de personnages au sein d’une entreprise de transport de fonds, tout en faisant planer une ambiance lourde sur l’ensemble, avant un final beaucoup plus musclé et radical. Ça fonctionne toujours autant.