Titre original : Demonic
2021 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h44
Réalisation : Neill Blomkamp
Musique : Ola Strandh
Scénario : Neill Blomkamp
Avec Carly Pope, Chris William Martin, Michael J. Rogers, Nathalie Boltt, Terry Chen et Kandyse McClure
Synopsis : La fille d’une tueuse de masse participe à une expérience hors du commun. En effet, un scientifique a mis au point une technologie expérimentale et veut la tester avec la jeune femme. Celle-ci va ainsi communiquer avec sa mère, aujourd’hui dans le coma. Cette expérience ne va pas se passer comme prévu et va réveiller les démons du passé.
Neill Blomkamp a très rapidement été élevé au rang de réalisateur culte, de réalisateur à suivre, de réalisateur sur qui l’on pouvait compter dans le domaine de la science fiction. La chute n’en fut que plus rude pour beaucoup, mais dans le cas présent, n’est-ce pas la faute du public ? Blomkamp lui, il voulait juste faire des films, et on lui a posé sur ses épaules une pression monumentale après juste un film, District 9. Car au départ, Blomkamp, c’est un créateur d’effets visuels, un mec avec de l’imagination et qui a des concepts en tête qu’il veut mettre sur grand écran. Et si la réussite de District 9 était du avant tout à une équipe, plutôt qu’à Blomkamp contrairement à ce que le public et la critique veulent croire ? Il suffit de voir Elysium puis Chappie, tout deux descendu par une partie du public et de la critique (je n’ai jamais vu Elysium, et le ton léger de Chappie fait passer chez moi ses concepts mal exploités ou risibles). Et si le refus de son projet Alien 5, qui a tant fait fantasmer basé uniquement sur des dessins était une bonne chose ? Non pas que Ridley Scott a fait du bon en reprenant la saga avec Prometheus et Alien Covenant, loin de là. Mais peut-on se baser sur de simples dessins voulant avant tout jouer sur la corde nostalgique en nous mettant des liens et des personnages iconiques en avant ? Non ! Vous me direz bien qu’il y a eu les courts métrages de Blomkamp il y a de ça déjà quelques années, et c’est vrai. Sauf que sur 20 minutes, Blomkamp ne peut qu’exposer ses concepts, et pas les développer, ce qui apportait justement à ces courts métrages leur force, mais aussi leur faiblesse. Ils étaient efficaces, les effets spéciaux étaient bons, mais ça ne restait que des concepts. Concepts qui, si développés dans des longs, auraient pu se casser lamentablement la gueule. Et on en arrive donc au dernier film de Blomkamp, à savoir Demonic, un film sorti dans l’anonymat total, tourné en 2020 lorsque le monde était devenue une grosse pute et que les gouvernements faisaient n’importe quoi. Ah on me dit dans l’oreillette que c’est encore le cas en 2021 pardon. Demonic donc, un titre générique, pour un film malheureusement qui l’est tout autant, et qui sera oublié aussi vite qu’il sera vu.
Car Demonic, c’est encore une fois un concept sympa, un film qui commence bien, puis qui fait pssshit et s’enfonce dans les méandres de la médiocrité absolue plus il avance. On ne peut pas blâmer les studios ce coup-ci, Blomkamp est, avec Mike Blomkamp (son frère ?), le producteur principal de son film. Pas d’interférences de studios, pas de stars à l’écran, pas de budget monstre venant parasiter sa liberté (aucune information sur le budget), pas de coscénariste, on a bien là le bébé du réalisateur dans sa forme la plus pure, et malheureusement la moins glorieuse. L’histoire ? Carly (jouée par Carly Pope, originalité du nom) va rejoindre sa mère dans le coma via un procédé l’amenant virtuellement dans l’inconscient de sa mère, ancienne tueuse qui est donc dans le coma depuis quelques temps. Bon perso, je ne ferais pas confiance au procédé à la seconde même où on me l’explique, quand on voit que le docteur expliquant tout ça est joué par Michael Rogers, soit le docteur un brin dérangé du génial Beyond the Black Rainbow de Panos Cosmatos. Mais voilà, Blomkamp a son concept. Et lorsque le film se déroule dans cet univers virtuel donc, le film parvient à avoir une personnalité bien à lui, entre réalisme et virtuel, comme une réalité déformée qui n’a plus de sens et perd ses repères. Malheureusement, les scènes dans cet univers se comptent sur les trois premiers doigts de la main (oui, ça fait donc trois scènes, bravo), dont deux extrêmement furtives. Du coup autour de tout ça, il faut développer. Et là, c’est la catastrophe. Déjà car malgré son concept, le réalisateur fonce tête baissée dans absolument tous les clichés possibles et imaginables, et car lorsqu’il veut donner de l’épaisseur à ses personnages (wow, les docteurs sont en fait des prêtres du Vatican youhou), il tombe dans le ridicule. Ensuite car Demonic dure 1h44, et que bon, on ne va pas mentir, c’est long. Très long. Trop long. Et un peu chiant en fait. Voir clairement chiant, ça parle souvent longtemps pour ne rien dire, tellement que lorsque le personnage le plus inutile du film, Martin, nous explique enfin quelques concepts devant permettre à l’histoire de décoller, ah ben on se rend compte qu’il s’est déjà écoulé une heure de film. Non, Blomkamp préfère par moment filmer ses acteurs assis à une table et parler, mollement, de choses pas forcément intéressantes.
Surtout qu’en plus de parler longuement pour ne pas dire grand-chose, Demonic a un autre grand défaut pour lui. C’est qu’en dehors de ces quelques scènes virtuelles originales et de quelques moments horrifiques attendus vu le titre, le film n’est pas spécialement beau. Il en ressort souvent cette impression de téléfilm, avec une photographie pas très jolie, des plans peu inspirés et j’en passe. On pourrait presque excuser tout cela en se disant que Demonic est une production horrifique un peu fauchée, mais le souci, c’est qu’en terme d’horreur, le film se plante un peu aussi. Jamais vraiment horrifique, pas vraiment généreux, s’enfonçant dans toute sa dernière partie dans une succession de clichés aussi prévisibles que redondants… Et le fameux démon ? Et bien, autant comme souvent, visuellement, il est soigné, bien fait, l’opposé serait un comble dans un film du réalisateur, autant finalement, son design est générique au possible, et donc finalement rapidement oubliable, tout comme ce qui l’entoure et le film de manière générale. Rien ne viendra vraiment rattraper le film. Pas même les acteurs, la plupart étant à côté de la plaque, où ne sachant pas trop ce qu’ils doivent exprimer à l’écran dans le cas de Carly Pope. Même Michael Rogers, ayant prouvé par le passé qu’il pouvait être terrifiant avec pourtant peu de choses, n’a pas assez de présence à l’écran pour permettre à son personnage d’être trouble, ou de terrifier dans la dernière partie. Dernière partie qui donc enterre bien profondément le film, surtout lorsque l’on voit la vision de Blomkamp du Vatican, en mode soldats équipés de gilets par balles et de matos comme des lunettes de visions thermiques et j’en passe, le tout avec une dague magique attention. Non, vraiment, passé son concept prometteur et une première partie qui laisse présager de bonnes choses malgré des maladresses déjà présentes, Demonic n’a pas grand-chose pour lui. La pression est donc encore pire pour Blomkamp, car s’il ne livre pas le tant attendu District 10 ensuite, et si en plus il le rate, le public l’oubliera et ne le considérera plus comme un réalisateur qui déçoit, mais un réalisateur qui a été surestimé dés le départ. L’ironie de tout ça ? J’aurais vu Demonic juste après Dune de Villeneuve, et donc, j’ai eu vent oui de la maladresse de Blomkamp vis-à-vis des propos de Villeneuve sur les films Marvel (avis que je partage). Ce qui me fait encore plus apprécier Villeneuve, tandis que Blomkamp restera toujours pour moi un mec avec des idées qui ne sait pas les exploiter.
Les plus
En soit les CGI sont bons
Le concept de base fait envie
Les moins
Une mise en scène peu inspirée
La photographie du film, faisant téléfilm
Un rythme mollasson
Un film horrifique qui rate son côté horrifique
Tant de clichés
En bref : Demonic, c’est Blomkamp qui fait seul un film dans son coin, il écrit seul, réalise, produit, contrôle le film. Et ce n’est pas bon du tout. Peu palpitant à regarder, essayant d’éviter les clichés avant de plonger tête la première dedans, sans jamais faire peur, sans être généreux. Passé son concept en réalité, Demonic n’a pas grand-chose pour lui.
Ça fait flipper, et pas dans le bon sens du terme hélas. Rien que le pitch est fumeux : une tueuse de masse (???) dans le coma et sa fille qui va la rejoindre ? Déjà, je ne crois à rien. Alors si tu me rajoutes les troupes de choc du Vatican avec des dagues bénies ou je ne sais quelle ostie de combat, je crois que Blomkamp tient un bon sujet pour bosser chez Asylum.
J’avais prévenu, je n’ai pas menti, et je pense que par moment, les captures parlent d’elles-même (le look téléfilm par exemple). J’essaye toujours de défendre quand un film se fait démonter de toute part, et ce qui est arrivé à Schrader sur par exemple The Canyons ou Dog Eat Dog (deux films détestés que je trouve intéressants et même bons), j’avais un peu espoir, au moins techniquement, et d’avoir des idées peut-être mal exploitées mais bien présentes et pouvant ouvrir à la réfléxion venant de Blomkamp…
Mais non, et oui le synopsis, ça colle pas dés le départ. Ça n’arrange rien si les troupes du Vatican sont camouflées comme des docteurs (avec gros tatouages sur les bras) et qu’ils meurent en 5 minutes chrono en main, et hors champ ? (le côté pas du tout généreux du film)
Du coup j’en profite au moins pour rebondir, as tu vu les trois courts métrages réalisés par Blomkamp en 2017 ou 2018 ? RAKKA, FIREBASE et ZYGOTE ? C’était pas toujours top, mais au moins, ça avait le mérite d’être généreux et de balancer quelques concepts sympas à l’écran !
Non, je ne connais pas. Mais tu m’intrigues.
J’en ai des petits textes de côté, à voir si je me décide à les poster, car bon, ça reste des courts, entre 20 et 30 minutes.
Je n’avais pas aimé RAKKA malgré ses aliens reptiles bien faits et Sigourney Weaver au casting (trop une impression de court pour présenter un univers pour un film qui ne viendra jamais). FIREBASE était sympa avec son monstre mysthique en pleine guerre du Vietnam. ZYGOTE était le plus classique mais bien fichu et hyper rythmé et généreux (tiens, l’inverse de DEMONIC), avec des visions cauchemardesques dans une base militaire arctique, mais je l’avais trouvé hyper sympa lui.