Titre original : Yoru ga Mata Kuru – 夜がまた来る
1994 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h48
Réalisation : Ishii Takashi
Musique : Yasukawa Gorô
Scénario : Ishii Takashi
Avec Natsukawa Yui, Nezu Jinpachi, Nagashima Toshiyuki, Shiina Kippei, Terada Minori, Yo Kimiko, Takenaka Naoto et Hayami Noriko
Synopsis : Après la mort de son mari, agent des narcotiques, ami tombe en dépression, surtout que les doutes planent sur la mort de son mari, sur son intégrité. Après une tentative de suicide ratée, Nami décide de se faire justice elle-même et d’infiltrer le clan Yakuza responsable.
En 1994, Ishii Takashi a déjà plusieurs films derrière lui, dont l’excellent A Nigth in Nude signé l’année précédente, et son style est déjà clairement identifiable. Des portraits d’âmes meurtries, solitaires, errant dans un Tokyo nocturne tout en néon. Le rapport à la nudité (et plus tard tout simplement au sexe), la vengeance, ces personnages qui n’ont plus rien à perdre, animés seulement par un sentiment qui les mènera à leur perte, oui, tout est déjà là. Et après l’excellent A Night in Nude donc, Ishii continue l’année suivante, avec non pas un mais deux métrages. Le premier sera Angel Guts Red Flash, et le second, il nous intéresse dans ces lignes, c’est le plutôt méconnu Alone in the Night. Méconnu comparé aux autres films du réalisateur, comme Gonin, Freeze Me ou encore Flower & Snake. Et c’est triste, car nous avons là encore une fois un polar qui mise beaucoup sur ses personnages et son ambiance, et qui, je le reconnais, malgré quelques longueurs (ou alors j’étais trop fatigué), et bien finalement s’avère bien plus complexe que son simple synopsis ne le laisse penser. Car dans les faits, encore une fois, nous avons là une simple histoire de vengeance. Nami (excellente et surprenante Natsukawa Yui), veuve après la mort de son mari, flic des narcotiques qui était infiltré, et dont le nom est salît, tente de se suicider. En vain, elle sera sauvée par une vieille connaissance, un Yakuza. Nami change alors son fusil d’épaule, son nouveau but sera de se venger, en infiltrant le clan responsable de la mort de son mari, en approchant le boss en se faisant passer pour une hôtesse. Et le premier point qui fait bien plaisir avec cette nouvelle fresque nocturne de la part du réalisateur, c’est qu’il ne cède pas à la facilité, ni aux clichés d’un genre très codifié.
Nami ne va pas se changer du jour au lendemain en pro des armes, en pro du combat au corps à corps, en femme fatale tuant tout sur son passage, non. Ishii se refuse la facilité du genre, et préfère continuer d’explorer via son intrigue ses propres thématiques. Et heureusement, car c’est cet aspect moins conventionnel au sein du genre qui donne toute sa force au métrage, qui lui donne une certaine aura hypnotisant. Car là-aussi, contrairement aux codes du genre, Alone in the Night n’est pas un film rythmé, qui multiplie les rebondissements et les assauts sanglants, mais un film qui sait prendre son temps, poser une ambiance, esthétiser l’ensemble, sans doute un peu trop pour certains, mais pourtant, quel travail sur la composition de l’image, sur le cadrage, sur la photographie. Les teintes bleutées, ces reflets dans l’eau, ces lumières cachant parfois habilement la nudité, le tout allié à une bande son tenant parfois plus de la nappe sonore que de la véritable composition, mais qui fait peser sur le métrage une ambiance à la fois lourde et mélancolique. Du très bon boulot. C’est bien là d’ailleurs la plus grande qualité du métrage d’Ishii, un vrai savoir faire et une vraie ambiance assez unique. Tout le monde n’y sera certainement pas réceptif, mais elle est pourtant là, elle est intéressante, elle se refuse la facilité. Ishii privilégie par exemple les longs plans larges, donnant de l’ampleur à ses décors, et le forçant donc à mettre en valeur des éléments plus nombreux, à jouer autant sur l’obscurité que la lumière. Et au milieu de cette réussite visuelle et auditive formelle, il y a le casting, et les personnages.
Ishii retrouve plusieurs habitués de son cinéma pour des petits rôles, comme Shiina Kippei et Takenaka Naoto, qu’il avait d’ailleurs dirigé dans son précédent film, tous les deux. Mais c’est bien Natsukawa Yui qui est éblouissante dans le rôle principal. Une femme tout à fait normale, traumatisée, souvent impuissante, qui échoue, comme n’importe qui échouerait à sa place, dans ses tentatives, que ce soit de suicide, ou d’assassinat. Si bien qu’au lieu d’un banal film de vengeance, on pourrait plus dire que c’est le chemin de croix de ce personnage que l’on suit durant presque deux heures, un personnage qui souffre, intérieurement d’abord, puis physiquement, sans jamais que la caméra d’Ishii n’en fasse trop ou ne donne un côté trop voyeur au film (ce qui ne sera pas toujours le cas dans sa filmographie). Un chemin passionnant pour qui adhérera à cette ambiance résolument froide, baignant dans des teintes bleutées, seulement tranchée par quelques rares excès de violence radicale (ce final bordel), dans une nuit, solitaire comme le dit le titre, dont quelques néons viennent alors apporter plus de vie à l’image, et plus de morts à l’écran. Un récit sombre, ambiancé, fataliste comme souvent, mais qui fonctionne, et où Ishii continue de se forger une identité, juste avant de signer un polar plus accessible au grand public avec Gonin.
Les plus
De très bons acteurs
Un excellent travail sur l’ambiance, sonore et visuelle
Des personnages tiraillés et humains
Un film réaliste
Les moins
Trop lent par moment ?
En bref : Après A Night in Nude, Ishii livre un nouveau portrait de femme, meurtrie, détruite, tentant de prendre maladroitement son destin en main. Le propos se veut plus réaliste, l’ambiance encore plus travaillée, noire et désespérée.
OoOOh je ne l’ai pas vu je crois. Et c’est quoi cette affiche ? Superbe !
Marrant le titre japonais du film est très différent, et plus énigmatique, voire effrayant je trouve.
Et bien, si je te fais découvrir un film de Ishii, c’est surprenant, et je suis content de moi haha ! Je te le passerais à l’ocaz ^^ Surtout que tu retrouves une grande partie du casting de son film précédent ^^ Et du néon aussi haha.
Le prochain à voir de lui : GONIN !
Les traductions de titre, on a toujours du mal, que ce soit en anglais, ou français ou on frise parfois la catastrophe. Et puis rappelles toi le titre international du Sono Sion made in Netlix, THE FOREST OF LOVE, soit l’exact opposé du titre original haha. Mais ça reste dans le fond mieux que ces titres français en anglais qui sont différents du titre original en anglais déjà. THE HANGOVER qui devient Very Bad Trip, LOOKING GLASS avec Cage qui chez nous s’appelle THE WATCHER. Autant je comprend pour un film Japonais qu’il faut traduire au moins en Anglais le. titre, mais traduire un titre anglais par un autre titre anglais rien à voir… Voilà, fin du hors sujet sur la débilité des changements de titre.
J’ai tenté de trouver le second NIGHT IN NUDE de Ishii, celui de 2010, mais j’ai fais chou blanc, rien trouvé. Il faudrait que je regarde sur des sites comme DDDhouse (si ça existe toujours, ça faisait mon bonheur il y a quelques années) s’il n’y a pas un Blu-Ray HK pas trop cher avec sous titres anglais. Ishii soignant toujours à fond sa photographie, ça claque quand même en 1080p quoi.
Je l’avais loué à l’époque, j’aurais dû en faire une copie… Autrement, il est actuellement à la loc sur amazon prime jp (300 yens).
Non ben c’est pas grave, je vais aller voir si je le trouve pas trop cher, et au pire, une amie veut se prendre un VPN, je verrais si je peux utiliser son compte et donc accéder au Prime JP pour le louer, je pense que cette option me changera la vie d’ailleurs… et surtout allongera considérablement la liste de films à voir !