Titre Original : Plankton – Creature Dagli Abissi
1994 – Italie
Genre : Horreur
Durée : 1h26
Réalisation : Alvaro Passeri
Musique : Elikonia Group
Scénario : Richard Baumann et John Blush
Avec Clay Rogers, Michael Bon, Sharon Marino, Laura di Palma, Ann Wolf et Deran Sarafian
Synopsis : Cinq adolescents embarquent pour un voyage en bateau au large des côtes de Floride. Mais à la suite d’une violente tempête, ceux-ci se perdent en mer. Heureusement le quintet rencontre un yacht abandonné au milieu de l’océan, un yacht qui héberge à son bord un mystérieux laboratoire de biologie….
Quelle étrange créature que voilà ! Je parle du film hein ! Mais en tout cas, je ne pouvais pas choisir mieux pour le 1er Avril ! Il ne faut pas avoir fait des études supérieures pour comprendre que quelque chose cloche au bout de seulement quelques secondes de film, où l’on voit nos cinq abrutis partir en mer sur… un simple canoë, en n’ayant absolument rien prévu pour le voyage, et alors que quelques secondes après le générique, ils sont en pleine tempête. Oui, déjà le scénario, on peut trouver des choses à redire, mais rassurez-vous, le scénariste crédité, un certain Richard Baumann, n’a jamais retouché un stylo, une machine à écrire ou un ordinateur pour le monde du cinéma. Non, ce qui cloche encore plus, c’est dans la conception du film lui-même en réalité. Creatures from the Abyss donc, c’est un film Italien. Un film de genre Italien. Là, tout va bien, l’association de ses deux mots nous rappelle la grande époque du giallo dans les années 70 et les débordements gores réussis de la première moitié des années 80. Sauf que le film date de 1994.
Oui, ça fait déjà plus peur, même si on pourra se dire que 1994 abritait une bien belle pépite, à savoir Dellamorte Dellamore. Maintenant fouillons un peu plus. Creatures from the Abyss est souvent cité comme ayant pour titre original Plankton, bien qu’il soit crédité comme ayant un titre italien, Creature Dagli Abissi… qui devrait donc être son titre original, vu que film italien. Une partie du casting d’ailleurs utilise toujours la bonne vieille technique d’Américanisation des noms comme lors de la décennie précédente, Sharon Marino devenant Sharon Tworney, Laura di Palma devenant Loren DePalm. Maintenant, j’ai vu le film dans une qualité dégueulassement potable (en gros, potable, mais recadrée en 4/3), doublée en Anglais. Sauf que… le générique de fin annonce (il faut tenir jusque là pour le voir, j’en suis conscient) à un poste un coach pour les dialogues, un certain Kevin Dennehy. Ce qui laisse penser que pour mieux se vendre à l’international, le film a été tourné en Anglais. Sauf qu’il ne faut pas attendre plus de quelques lignes de dialogues pour voir une synchronisation labiale totalement aux fraises, et donc, un doublage en post production. Les acteurs étaient-ils si mauvais qu’il a tout de même fallut les redoubler ? C’est possible. Ce qui me fait dire que sur son budget totalement ridicule de 250 000$, une partie a servie à payer un coach qui n’aura servis à rien, au lieu de mettre l’argent là où il aurait fallut.
Mais je cherche la petite bête non ? Alors parlons de petites bêtes, car Creatures from the Abyss parle de bestioles, de poissons. Pourquoi pas, en 1994, Stuart Gordon et Brian Yuzna avaient quelque peu délaissés Lovecraft (du moins les poissons, car Gordon signait encore en 1995 Castle Freak), et un autre réalisateur Italien avaient été fortement influencé par l’auteur pour Dark Waters la même année. Nos personnages cons comme la lune, en pleine tempête, trouvent refuge sur un yacht, où se déroulera tout le film. Économie de moyens donc, un huis clos, pas bête pour, comme je le disais, mettre l’argent où il fallait. Alors, soyons clair, la première heure est lente, avare en attaques animales et tout ce que l’on pourrait attendre d’un tel film, mais prouve que l’argent lui, n’a pas été dépensé où il faut. Où que le réalisateur a utilisé cet argent pour ne pas embaucher les bonnes personnes. En résulte des décors kitchs et hideux, une photographie pas hyper fine qui semble bloquée 10 ans en arrière, une direction artistique de très mauvais goût, des accessoires qui le sont tout autant, et des costumes allant du kitch à la nudité. Mention spéciale à la lampe en forme de pénis qui s’allume quand on la touche, mais aussi à la douche qui parle et refuse de fermer sa gueule de tout le film. Ça pique les yeux, ça agresse les oreilles, et ça a demandé des recherches pour être rassuré. Alors soyez rassurés, que ce soit le directeur de la photographie, le directeur artistique, le costumier, le décorateur, personne n’avait travaillé dans le monde du cinéma avant, et personne ne travaillera pour le monde du cinéma ensuite. Ouf, le monde est sauvé, car vraiment là. Je vous disais que la première heure était calme, mais face à de tels choix artistiques, l’amateur de nanar en aura déjà pour son argent, avec des poissons congelés, ses trois malheureuses chambres ressemblant à une chambre de love hôtel kitch durant les années 70, ces accessoires de mauvais goûts, cette douche qui parle mais en fait c’est tout le bateau qui parle et nous commente les événements, un peu comme si le réalisateur s’était transformé en intelligence artificielle venue commenter le film en live… Et nos poissons tueurs ? Oh ils sont vaguement là au départ, notamment grâce à un terrible procédé, celui de la vue subjective.
Sauf que notre réalisateur veut innover, et pour que le spectateur comprenne qu’il s’agît d’une vue subjective, il rajoute en impression sur l’image le contour de l’œil d’un poisson. Hideux ! Et souvent ridicule, car si au départ, la caméra est souvent au sol, parfois, la caméra sera en l’air, fera de beaux travellings. En fait, les poissons sont les caméramans ? Ah, sans doute pour ça que les caméramans n’ont aussi que ce film a leur actif… Bon, et puis tout à coup, il y a la dernière demi-heure, qui se lâche mais intégralement dans le mauvais goût, le gore, les effets spéciaux, la nudité frontale. Nos poissons contaminent nos personnages (et le scientifique un peu fou retrouvé à bord), ça vomit des poissons, des poissons sortent de la tête de certains personnages pendant une scène de sexe, un homme poisson sera aussi animé en image par image pour un rendu totalement kitch, ça crie, ça court, ça explose, ça déchiquette, ça se fait attaquer par des poissons volants sortis tout droit de Piranha 2… Ça va tellement loin qu’il faut le voir pour le croire. Rien ne fonctionne évidemment, à part les effets gore, tant le suspense ne fonctionne pas dans un lieu se limitant à un couloir et trois chambres, tant les acteurs sont nuls, la mise en scène vide, le montage catastrophique, la musique ratée. Bref rien ne va. Mais qu’est-ce qu’on rigole. Pas forcément car c’est drôle, mais car c’est un festival de grand n’importe quoi et que le réalisateur semble sacrément se prendre au sérieux avec ses poissons et son plancton radioactif. Il parvient même à livrer quelques scènes tellement surprenantes qu’il est difficile de les décrire, comme lorsque cette femme a un poisson lui sortant du dos, rattaché à elle, et qui semble la contrôler. Enfin, je crois. Le poisson parle en tout cas, et ces yeux s’illuminent comme des guirlandes de Noël, donc ce n’est pas rien. Ah, et il y a des incrustations foireuses par ordinateur, dont une explosion qui en fera sourire plus d’un. Au bout d’une heure trente, le spectateur normal sera dépité, l’amateur de nanar sera aux anges, et moi, je me suis dis que le film aurait pu être tellement différent avec un Brian Yuzna mettant en scène ce même concept…
Les plus
Des choix totalement foireux, tout le temps
Le gore plutôt convaincant
La dernière demi-heure qui se lâche totalement
Les moins
Un scénario con
Mise en scène ratée
Montage foireux
Pas mal d’effets risibles
Une première heure trop calme
Artistiquement, ça agresse les yeux
En bref : En voilà un film assez hallucinant de par sa nullité certes, mais par tous ces choix à côté de la plaque, artistiquement, en terme de cinéma, d’effets, de bon goût…
Il a l’air incroyable ce film ! J’ai l’impression qu’il s’intéresse plus à cette blonde peu vêtue qu’à ce Plankton carnivore qui faire gicler le sang.
Ça a l’air bien moche en tout cas.
Un ami m’en avait parlé et l’avait vu il y a quelques mois, et face à ces mots, je me devais de le voir tellement ça avait l’air fou et improbable. Le verdict, tu l’as devant les yeux, ça ne m’a pas déçu, ce fut une expérience de tous les instants, où tous les choix sont les mauvais, si bien que même quand les poissons n’attaquent pas, il y a toujours ce petit truc improbable devant la caméra qui te fait sourire !
Par contre, je vais en rester là avec ce réalisateur, il a d’autres films apparemment du même acabit, mais bon, faut pas abuser des bonnes choses on dit…