2 SOEURS (장화, 홍련) de Kim Jee-Woon (2003)

2 SOEURS

Titre Original : A Tale of Two Sisters – 장화, 홍련
2003 – Corée du Sud
Genre : Fantastique
Durée : 1h54
Réalisation : Kim Jee-Woon
Musique : Lee Byung-Woo
Scénario : Kim Jee-Woon

Avec Lim Soo-Jung, Yum Jung-Ah, Kim Kap-Su, Moon Geun-Young, Park Mi-Hyeon, Woo Gi-Hong et Lee Seung-Bi

Synopsis : Su-Mi et Su-Yeon, deux sœurs, rentrent chez elles. Leur belle-mère les accueille mais Su-Mi l’évite volontairement et Su-Yeon semble en avoir peur. Un jour, le frère de la marâtre et sa femme leur rendent visite. Pendant le dîner, elle aperçoit un fantôme et des événements étranges se produisent. Le fantôme d’une petite fille hante en effet la maison. Les oiseaux meurent. Persuadée que leur mort est due aux agissements de Su-Yeon, la belle-mère l’enferme dans un placard. Le conflit entre la marâtre et les deux jeunes sœurs ne fait que commencer…

Rappelez vous, Juin 2004. C’était la sortie en France de Deux Sœurs, ou 2 Sœurs, ou A Tale of Two Sisters, peu importe. Pile un an après sa sortie en Corée du Sud certes, mais c’était le début de la vague. Le cinéma Asiatique commençait à toucher un plus large public, et les sorties allaient se multiplier. Pour le meilleur et pour le pire, car avec l’engouement à la fois du public et des éditeurs, c’était un raz de marée il faut bien l’avouer, et on se retrouvait souvent avec des titres discutables voir vraiment pas bons dans les bacs à DVD. Deux Sœurs donc, c’était un peu le début. Old Boy n’était pas encore là, le cinéma Asiatique commençait à intéresser, et le film avait été présenté au festival de Gérardmer début 2004, où il avait raflé le Grand Prix, et le Grand Prix de la Jeunesse (qu’est-ce ? Qu’importe). Je l’avais découvert, probablement une année après, lorsqu’une amie m’avait prêté le DVD du film, car à la base, le cinéma Coréen, ce n’était pas ma tasse de thé, et d’ailleurs avec le recul, je me demande si à l’époque, j’en avais déjà vu, si ce n’est sans doute la saga Whispering Corridors. J’avais trouvé le spectacle sympathique, bien que tout ne m’avait pas convaincu, et j’en étais resté là. Plus de 15 ans après, 2 Sœurs n’est qu’un très vague souvenir. Oui, je me souviens de la musique. Oui, lorsque je vois des images venant du film, je peux m’écrier en un quart de secondes « ben oui, c’est 2 Sœurs ». Mais oui, au-delà de tout ça, le vide, aucun souvenir. 2 Sœurs ne m’avait pas assez marqué pour que je me souvienne de tout, et ne m’avait pas assez déplu pour que je lui en veuille et donc m’en souvienne. Il était l’heure donc de replonger dans ce film, à une époque où Kim Jee-Woon n’était pas encore connu (A Bittersweet Life, J’ai Rencontré le Diable, c’est plus tard), mais pas non plus un débutant (The Quiet Family, c’était la fin des années 90 déjà), pour voir si j’avais totalement oublié le film pour une bonne raison, où si, et bien, le temps avait juste passé. Malheureusement, la vision du film, malgré une copie très propre, ne fut pas toujours emballante.

Car 2 Sœurs déjà, c’est un film clairement découpé en deux parties. Une essayant de se la jouer film de fantômes, puisque c’était la mode depuis déjà 5 ans à l’époque, depuis Ring en 1998, et une seconde partie qui veut beaucoup plus se la jouer drame familial, drame psychologique pour être exact. Le souci, c’est que chaque partie aura le défaut de sa qualité, pour un résultat clairement pas désagréable, bien qu’un peu trop long, mais bancal et anecdotique. Pourtant oui, les qualités ne manquent pas. De manière générale d’ailleurs, techniquement, c’est très réussi. Certains cadrages tirent parti de l’architecture de la demeure, le réalisateur sait placer ses acteurs dans le cadre, la photographie est souvent très jolie. Musicalement, même cas de figure, le thème principal est très joli, et l’ensemble du score musical s’en sort en réalité à merveille, à un ou deux sons stridents près, évidemment, côté film de fantômes oblige. Mais du coup ça coince où ? Prenons la première partie, celle qui veut plus ouvertement se la jouer film de frousses. Sauf que oui, déjà ça ne fait absolument pas peur, la faute à plusieurs éléments. Le rythme est posé, voire très lent par moment, les plans prennent leurs temps, et finalement, ça pose une certaine ambiance lourde plutôt réussie, avec ses tensions familiales, certains personnages quasi mutiques, dont une des sœurs justement. Cette première partie réussie clairement à poser une ambiance, sait se faire sobre et ça c’est très bien, mais échoue dans ces tentatives de frousses, soit à cause de la lenteur du récit, soit car le procédé utilisé est bien trop connu. Mais le plus dommage avec cette première partie, durant une heure environ, soit la moitié du film, c’est que l’on sent dés le départ que le réalisateur tente de nous cacher l’élément crucial de son scénario.

Et c’est évidemment le cas, mais je pense que même sans s’y connaître en mise en scène, mais juste en aimant le cinéma et en regardant donc pas mal de films, ses artifices pour cacher son twist sont en réalité prévisibles, et visibles de très loin. Plus les minutes défilaient, plus je n’avais aucun souvenir du film en réalité, mais le twist, je l’ai vu venir très tôt, la faute à la mise en scène. La seconde partie, qui veut plus jouer sur le côté drame psychologue, peut compter sur les qualités techniques du métrage, et sur le jeu des acteurs, en particulier les deux actrices principales, qui s’en sortent à merveille. Mais là aussi, il y a une ombre au tableau. Le film veut alors en faire trop, comme pour embrouiller le spectateur, en alternant les points de vus, les flashbacks, les hallucinations, et à défaut de nous perdre, il nous fatigue. C’est clairement dommage, car il y a bien derrière tout ça matière, matière à faire mieux. L’histoire en elle-même, bien qu’assez prévisible, elle n’est pas mauvaise, et l’équipe technique sait clairement faire son boulot, tous comme les différents acteurs. Malgré également quelques longueurs, le film se suit bien, et on regarde les quasi deux heures sans s’ennuyer. Mais il reste toujours ce sentiment de gâchis, à la fois quand le film veut en faire trop (la seconde partie) ou bien quand il cède à la facilité et aux modes du moment (la première partie). Surtout que son final, il laisse des portes ouvertes qui sont plutôt intéressantes, des non dits qui peuvent laisser planer un doute. Mais un doute qui ne subsistera pas trop longtemps dans l’esprit des spectateurs. Du coup, voilà, j’ai revu 2 Sœurs. Et c’est par moment sympathique, par moment moins. Regardable, mais vite oubliable.

Les plus

Techniquement, une réussite
De bonnes idées par moment
Quelques scènes chocs qui marchent
Les actrices pas mauvaises

Les moins

Des longueurs
Un twist mi-parcours ultra prévisible
Des effets horrifiques qui ne fonctionnent pas

En bref : 2 Sœurs avait fait le choc à sa sortie. Presque 20 ans plus tard, si l’œuvre demeure réussie techniquement et sur d’autres aspects, autant dire qu’il n’impressionne plus, se faisant prévisible, un peu trop long, et parfois un peu raté.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Technically, it’s very good
♥ Some good ideas are hidden there
♥ A few shocking scenes are working
♥ The lead actresses are not bad at all
⊗ Too long
⊗ The twist, the turning point of the movie, is way too predictable
⊗ Some horrific effects just don’t work
A Tale of Two Sisters, everyone talked about it when it was released. More than 15 years later, almost 20, it’s still technically strong and beautiful, but the other elements of the film don’t work, it’s predictable, it’s too long…

6 réflexions sur « 2 SOEURS (장화, 홍련) de Kim Jee-Woon (2003) »

  1. La douche froide à l’époque, j’avais acheté le DVD… coréen je crois. Pas trop fan du réalisateur d’ailleurs.

    1. Après, force est de reconnaître que techniquement, comme toujours en Corée, c’est souvent propre, bien éclairé, bien cadré, et que la musique est très belle et s’écoute facilement à part. En fait, Kim Jee-Woon, il lui faudrait un scénariste solide pour voir ça donne quoi (mais en vrai, j’aime bien deux de ses films, dont un sur lequel je n’ai jamais écris : THE QUIET FAMILY, que Miike avait remaké d’ailleurs).

      Attend, un dvd Coréen ??? Tu étais bien différent à l’époque pour oser acheter de l’import Coréen hahahaha !

      1. On nous survendait un peu le ciné sud-coréen à cette époque. J’avais quand même trouvé SHIRI, JSA, WHISPERING CORRIDOR et MR VENGEANCE sympas, dépaysants on va dire. Adoré aussi le court horrifique de Kim Jee-Woon justement, dans un omnibus si je ne me trompe pas. Par la suite, mis à part certains réalisateurs comme Kim Ki-duk, Hong Sang-soo et Bong Joon-ho, je suis allé de désillusions en désillusions… Heureusement, il y a quelques années un certain Na Hong-jin m’a redonné la foi !

        1. Voilà, comme tu le dis, il y a aussi du bon. J’aime beaucoup les WHISPERING CORRIDORS, MR VENGEANCE aussi que j’ai en BR (et que ça fait bien 3 ans que je me dis que je vais le revoir et écrire dessus). Et tu cites là les réalisateurs Coréens que je préfère en plus, copain ! Par contre le court de Kim Jee-Woon, ça ne me dit rien tiens, va falloir que je me renseigne, tu m’as rendu curieux.

  2. Pour ma part, « 2 Sœurs » est un très bon film d’horreur psychologique, disposant d’une histoire relativement complexe et d’un développement particulièrement soigné. L’ambiance et l’atmosphère sont très travaillées. L’intrigue tient le spectateur en haleine de bout en bout. La distribution, notamment les deux jeunes actrices, Im Soo-jung et Moon Geun-young, offrent de superbes prestations. Le rythme est lent, permettant à la mise en scène de positionner des repères importants de manière anodine. Un film envoûtant et déstabilisant qui n’intéressera peut-être pas tous les publics.

    1. Je me doutais un peu que tu allais rebondir sur cet avis 😉
      Le film est en général très apprécié, et même moi à sa sortie j’avais trouvé ça sympathique. Avec le recul et une nouvelle vision, j’adhère beaucoup moins, mais nous sommes d’accord par contre pour les deux actrices principales, que je trouve très bien dans leur rôle.
      Kim Jee-Woon n’est pas un réalisateur que j’apprécie particulièrement après. J’avais tenté il y a un an ou deux ans son western, et j’avais préféré ne pas écrire dessus, car ça m’avait totalement laissé de marbre (alors que j’adore les westerns), sauf la scène finale.

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