Titre Original : The Black Phone
2022 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h42
Réalisation : Scott Derrickson
Musique : Mark Korven
Scénario : Scott Derrickson et C. Robert Cargill d’après Joe Hill
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies, E. Roger Mitchell, Troy Rudeseal, James Ransone, Miguel Cazarez et Tristan Pravong
Synopsis : Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, timide mais intelligent, est enlevé par un tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où s’époumoner n’est pas d’une grande utilité. Quand un téléphone accroché au mur, pourtant hors d’usage, se met à sonner, Finney va découvrir qu’il est en contact avec les voix des précédentes victimes de son ravisseur. Ils sont aussi morts que bien résolus à ce que leur triste sort ne devienne pas celui de Finney.
Beaucoup aiment le cinéma de Scott Derrickson. Ce qu’on ne pourra pas nier, c’est son ascension assez rapide et étrange au sein des studios. Car Derrickson, à ses débuts, c’était le scénariste de Urban Legend 2 (arf) et le réalisateur de Hellraiser Inferno, cinquième opus des aventures de Pinhead, et premier DTV de la saga, opus pas le pire, loin de là, mais qui divise fortement par ses choix. Puis on le retrouvera parmi les réalisateurs de l’écurie Blumhouse, où il livrera son plus grand succès horrifique avec Sinister. Un film qui a trouvé son public. Un film qui m’a beaucoup plu… pendant sa première moitié, avant que l’abus de jumpscares et une poignée de scènes risibles ne viennent ternir l’expérience générale. Puis sans trop comprendre pourquoi, Derrickson fut catapulté dans la société de la souris aux grandes oreilles pour livrer le premier opus de Doctor Strange, et je ne dirais rien, n’ayant pas vu le film. Alors que les gros studios lui ouvrent ses portes, il quitte pourtant le projet de Doctor Strange 2 qui arrive entre les mains de Sam Raimi, et voilà qu’on le retrouve chez Blumhouse, encore, retrouvant par la même occasion devant la caméra Ethan Hawke, pour un film qui en a fait saliver plus d’un, The Black Phone. Car si Blumhouse n’est pour moi pas un gage de qualité (un film sur deux on dira), ni la présence de Derrickson derrière la caméra, on notera par contre d’autres noms qui font plaisir. Ethan Hawke donc, qui avait déjà tourné, outre Sinister, le premier The Purge pour la société. Mais pas que, puisque The Black Phone adapte un roman de Joe Hill, le fils de Stephen King, qui semble de plus en plus présent dans le monde impitoyable des adaptations. Et ce même si jusque-là, ça n’a jamais brillé, puisqu’on se souviendra de Horns (qui commence bien et s’effondre littéralement sur la fin) ou de Dans les Hautes Herbes, sympathique métrage au concept malheureusement un peu trop étiré pour en faire un long métrage. The Black Phone va-t-il changer la donne ? A en croire le grand public et les critiques Américaines, oui. En France, l’accueil est déjà plus mitigé, et je dois bien avouer rejoindre totalement les avis Français.
Non pas que The Black Phone soit mauvais, mais il est bancal, souffre de choix hasardeux. Mais reprenons au début, puisqu’un peu comme pour Sinister, ça commence bien, voir très bien. On nous présente, un peu comme chez Stephen King, une petite ville Américaine banale, des jeunes souvent moqués, un héros de 13 ans un peu solitaire et souffre-douleur. Un peu plus et on se croirait dans ça. Scott Derrickson l’a compris d’ailleurs, puisqu’il en profite pour glisser un clin d’œil pas du tout voyant au roman de King papa, lorsqu’un personnage portera un anorak jaune bien voyant en faisant du vélo sous la pluie… Bref ! Cette petite ville Américaine classique où la violence est présente tous les jours, un bien méchant monsieur guète, dans le noir, puisque les enfants disparaissent, kidnappés. Cette première partie, mettant en avant Finney, garçon intelligent mais un peu renfermé, et sa sœur, qui semble avoir d’étranges pouvoirs vu que des visions lui viennent en rêves, elle fonctionne, même très bien. L’ambiance est parfois lourde, le quotidien des personnages est correctement représenté à l’image. La violence qui est à l’image est tangible, une violence réaliste, une violence dans le milieu scolaire, une violence aussi parentale, le père de nos deux héros étant alcoolique, mais elle frappe donc aussi la ville avec ces disparitions d’enfants. Des ballons noirs sont retrouvés, et on appelle très rapidement le possible kidnappeur The Grabber (l’Attrapeur littéralement, ça doit être joli en VF). Et forcément, ce qui doit arriver arrivera, Finney croisera le Grabber, joué donc par Ethan Hawke qui du coup, joue pour une fois le méchant, et se retrouvera enfermé dans une cave. Après une demi-heure efficace, le film peut commencer, et malheureusement, c’est à partir de là que le film déverse ses défauts évidents à l’écran. Et je ne parlerais pas de ses quelques jumpscares, présents, mais pour une fois, uniquement visuels et non sonores, nos oreilles sont donc saines et sauves, surtout que certains fonctionnent vraiment bien !
Non, le souci, c’est que dés lors que le métrage met en avant son antagoniste, ainsi que son principal ressort surnaturel, tout sonne artificiel. Le Grabber donc, parlons-en. Ethan Hawke semble s’amuser à le jouer, il est sobre, il est à fond, pas de souci. Là où ça pose souci, c’est que là où on devrait avoir peur pour Finney, peur de ce qui pourrait arriver, peur de la prochaine apparition de son kidnappeur, le film n’en fait rien. Au mieux, on le verra attendre sur une chaise, en slip, avec une ceinture, attendant que Finney tente de s’échapper pour pouvoir passer aux choses sérieuses. Mais comme ça n’arrive pas avant le final, et bien non, la menace n’est jamais tangible, jamais efficace. Mais en fait, le pire, c’est finalement cette histoire de téléphone noir. Avec ce téléphone, pourtant déconnecté, Finney peut recevoir des appels des précédentes victimes, qui vont tenter de l’aider. Enfin, dans les faits, puisque finalement, Finney ne fera que reproduire ce que les anciennes victimes ont déjà tentés. Creuser un trou pour s’évader, casser un mur, utiliser un crochet pour tenter d’atteindre la fenêtre. Et comme pour les précédentes victimes, Finney n’arrive à rien, et chaque élément de l’intrigue n’est alors là que pour une seule raison : préparer le final du métrage. En ce sens donc, c’est une très grosse déception, un concept sympathique mais qui ne va jamais bien loin. La faute à Derrickson, d’ailleurs coscénariste, ou du roman de Joe Hill ? Je ne saurais dire, mais autant dans sa menace bien réelle et humaine que dans ses ressorts surnaturels, le métrage n’arrive pas à convaincre. Pour autant, oui, le métrage se regarde, il n’ennuie pas, l’ensemble est malgré tout assez bien rythmé, et assez bien filmé. Mais voir les deux éléments souvent en avant par la promotion être si timides et sans incidences, c’est dommage. Pareil pour les pouvoirs de la sœur de Finney, jamais expliqués, finalement très peu voire pas du tout utiles dans l’intrigue, et qui semblent plus être là pour rappeler les écrits de Stephen King. Reste donc la première partie, qui elle, tient la route.
Les plus
Les acteurs convaincants
La première partie, intéressante
Jamais ennuyeux
Les moins
Des ressorts surnaturels discutables
Le tueur du film, jamais menaçant
Un film qui n’explique rien, ne laisse pas de pistes
En bref : The Black Phone, alors que je n’en attendais pas grand-chose, est quand même une petite déception, tant le métrage ne semble pas savoir quoi faire de ces différents concepts. Distrayant, parfois efficace, mais vain.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Very good actors ♥ The first part is interesting and well done ♥ Never boring |
⊗ Some supernatural elements are not really interesting or useful ⊗ The killer almost never appears as a threat ⊗ The film never explains anything |
I wasn’t expecting anything from The Black Phone, still, I’m a bit disappointed, as the film doesn’t quite know what to do with the different ideas it has. Entertaining, effective at times, but not that good. |
Depuis le temps qu’il est dans ma Wishlist celui-là, il faudrait vraiment que je me décide à le visionner pour pouvoir dire ce que j’en pense aussi…
C’est le moment, fin de l’année, le rattrapage des films en retard avant l’éternel bilan/top/flop.
Connaissant un peu tes goûts maintenant, je pense que tu seras plus généreux que moi.
Je deviens plus cool, plus tolérant en prenant de l’âge…. LOL
Ah, merde, ça veut dire que je deviens moins tolérant avec l’âge ?… Ah la vieillesse lol!
Non plus sérieusement, tout dépend du genre du film. Je ne regarde pas un petit film fauché, un film indépendant et un gros budget à 200 millions avec le même regard. Je serais plus tolérant sur des CGI ratés dans un tout petit film (tant qu’il n’en abuse pas) que dans un méga gros blockbuster (oui, la phase 4 de Marvel est visée vu la qualité merdique des CGI dans quasi tous les films là, faudrait qu’ils se calment en nombre de sorties aussi pour alléger le taf des boites de prod, ou engagent des James Cameron qui te retarderont les films tant que ça va pas lol). Mais pareil en cinéma horrifique, je serais plus clément sur un film à 100 000 $ où tu sens que tout le monde est là car ils croient au film, plutôt qu’un film à 20 millions qui va abuser de jumpscares car le réalisateur ne sait pas du tout poser une ambiance… Je ne vise pas The Black Phone là hein, mais niveau Blumhouse, on pourrait citer les ratages intégral que sont Nightmare Island et Truth or Dare.