Titre Original : Baaghi 3
2020 – Inde
Genre : Un homme contre la Syrie, des hélicoptères et des tanks
Durée : 2h24
Réalisation : Ahmed Khan
Musique : Sandeep Shirodkar et tous pleins de chansons
Scénario : Fernhad Samji, Sparsh Khetarpal et Tasha Bhambra
Avec Tiger Shroff, Riteish Deshmukh, Shraddha Kapoor, Ankita Lokhande, Jameel Khoury, Vijay Varma et Jaideep Ahlawat
Synopsis : Éternel protecteur de son grand frère Vikram, Ronnie est l’homme parfait, au torse huilé et avantageux, séduisant les femmes, défiant la gravité, chantant quand il le faut, sauvant des chiots et défonçant la gueule des méchants. Quand son frère se fait kidnapper en Syrie, il va défier tout un pays.
Lorsque j’ai commencé très doucement à m’intéresser au cinéma Indien début 2022, je parlais souvent de ces héros over the top, de films à la gloire de leurs acteurs, et de moments parfois durs à prendre au sérieux à cause des codes du cinéma Indien, avec leur durée conséquente, leurs héros invincibles, leur abus de ralentis, leur visuel coloré, leurs chansons. Et bien oubliez absolument tout ce que j’ai pu dire sur RRR ou sur Beast, ou même sur Shamshera, car j’ai posé mes yeux sur Baaghi 3, ou Rebelle 3 si l’on veut s’amuser à traduire tout comme les Québécois. Un film dont on comprend rapidement la réputation (0% sur Rotten Tomatoes, 2.1/10 sur Imdb) mais pourtant, un film pour lequel on n’est clairement pas préparé. En tant que film à la gloire de son acteur, je crois qu’on a rarement vu pire, ou meilleur au choix. Le héros du jour ? Tiger Shroff, l’exemple typique du héros qui tombe la chemise pour un oui ou pour un non (et même pour un peut-être), le héros qui protège les femmes, les enfants, et surtout son frère, qui affronte un pays tout entier juste à la force de ses coups de poings et coups de pieds, quitte à affronter en courant des tanks et des hélicoptères, sans oublier que de temps en temps, il faut quand même se recoiffer au ralenti en plein combat, ou danser avec la demoiselle qui s’avère être évidemment son intérêt amoureux. En tout cas, 2h24 plus tard, on comprend aisément les avis, car si Baaghi 3 se doit d’être vu avec des potes et un pack de bières (de préférence, un pack par personne), ce n’est pas un bon film, peu importe nos standards. Dès l’ouverture et la présentation de nos personnages enfants, on comprend que l’on ne va pas voir un drame Shakespearien, ni même un film sérieux. Sauf si l’équipe était sérieuse, je l’ignore. Mais voir un gamin se faire martyriser, et crier le nom de son petit frère qui débarque en une seconde chrono pour péter la gueule de tout le monde, ça vous montre le niveau, et ça explique en réalité le quasi seul arc scénaristique du film entier.
Vikram est le grand-frère, émotif, qui ne se bats jamais, et Ronnie est le petit frère parfait, séduisant, beau gosse, impossible à toucher que ce soit avec les poings, les pieds, des AK47, des lances roquettes. Bref, le héros Indien dans toute sa splendeur. Ce qui coince en premier lieu, même si au final ce sera loin d’être le plus gros souci du métrage, c’est que Tiger Shroff est loin, très loin d’être bon acteur. Alors oui, j’ai pu lire qu’il avait effectué 90% de ses cascades lui-même, c’est très bien ça, mais en tant qu’acteur, dans un premier rôle, ça coince déjà plus, tant son jeu est ultra limité, et pourtant que le film veut lui faire protéger son frère, le rendre émotif, lui mettre une romance dans les pattes, puis partir en quête de vengeance. Pour preuve, dans la scène pivot, quand Ronnie doit paniquer pour la vie de son frère qui se fait kidnapper à l’autre bout de leur appel vidéo, l’acteur ne fait que crier et gesticuler vainement, à tel point que pour faire passer la pilule, la caméra se sent obliger elle aussi de s’emballer, en zoomant, en bougeant dans tous les sens, comme pour camoufler que non, Tiger, il ne sait pas jouer, même s’il s’appelle Tigre. Mais revenons au principal. Tiger donc, c’est le héros, il doit sauver son frère qui se fait kidnapper en Syrie, et en réalité, ben c’est tout. 2h24 pour un propos aussi simple en effet. Des rebondissements ? Oui, enfin, tout cela reste artificiel, genre un mystérieux guide qui va aider notre héros, mais qui en fait veut le voler, mais prend peur et va quand même l’aider… C’est artificiel oui. Cinéma Indien oblige, nous auront droit à des morceaux musicaux. Bon, ils ne sont qu’au nombre de trois, ce qui permettra aux allergiques de voir le métrage, mais rien d’extraordinaire en réalité, si ce n’est que le film pousse tellement loin l’aspect clip musical de ses séquences là qu’on a l’impression de voir une pause publicitaire pendant le métrage.
Mais bon, il reste l’action, car si je vous parle de Baaghi 3, vous vous en doutez que c’est pour l’action qu’on regarde ça et pas pour la romance ou le « jeu d’acteur » de notre fameux Tigre ! Et bien si les morceaux musicaux sont tellement poussés à l’extrême que l’on dirait des clips placés pendant le film, l’action pousse tellement tous les tics du cinéma Indien dans ses derniers retranchements que les défauts sautent aux yeux. Un abus de ralenti qui nous fait remarquer un coup sur deux que oui, le pied ou le poing ne touche pas l’adversaire voire passe tout de même 20 centimètres à côté… ou alors notre héros est si puissant que l’onde de choc les touche ? Je l’ignore. Dans la quête du film pour iconifier son héros et en faire le plus fort de l’univers entier capable de renverser la Syrie à la seule force de ces poings, le film lui fait combattre une armée entière à mains nues. Il faut le voir, attendant torse nu dans un champ face à une armée qui arrive face à lui, et ne pas bouger d’un poil lorsque la première voiture explose juste devant lui à cause d’une mine. Enfin, juste devant lui, tout dépend des plans car parfois c’est à 50 centimètres de lui, mais dans d’autres plans c’est 3 mètres… Et on en vient aussi à ce fameux souci, les raccords. Qu’un ennemi change un peu de place et se téléporte dans un combat, ce n’est pas nouveau, surtout dans les combats à un contre 100. Mais Baaghi 3 pousse le concept de la téléportation bien plus loin. Notre héros affronte à mains nues trois hélicoptères dans un champ perdu au milieu de nulle part, mais lorsqu’il parvient à faire s’écraser les hélicoptères, ils sont au milieu de la ville. Bon, on lui pardonnerait presque vu qu’après, toujours à mains nues, il affronte cinq tanks tout seul comme un grand. Niveau nanar, le potentiel est énorme. Mais sérieusement, Baaghi 3, ça reste tout de même mauvais, en plus d’être beaucoup trop long !
Les plus
Totalement nawak
Des scènes marquantes, même si pas toujours pour de bonnes raisons
Les moins
Beaucoup trop long
Niveau acting tout est à revoir
Faux raccords, coups à côté, téléportation
Tout est tellement poussé à l’extrême
En bref : Baaghi 3, nanar ultime à la gloire de Tiger Schroff, un film qui nous force à revoir nos standards, à accepter l’impossible et l’improbable, et à vouloir des mods pour jouer Tiger dans Call of Duty… Non en vrai, c’est rigolo, mais c’est malgré tout beaucoup trop long et mal fichu pour le peu que ça raconte.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Totally WTF ♥ Some scenes you’ll forever remember, even if not for any good reason |
⊗ Far too long ⊗ The actors…. not good ⊗ Teleportation of the actors, punches and kicks too far from the opponent and so much more… ⊗ Everything is so « extreme » in its proposition |
Baaghi 3, ultimate so bad it’s good flick to the glory of Tiger Schroff, it’s a movie that redefines what we accept, to accept the impossible and so much more… But seriously, it’s fun and funny, but still, too long and badly made most of the time. |