Titre Original : Arisaka
2021 – Philippines
Genre : Thriller
Durée : 1h36
Réalisation : Mikhail Red
Musique : Myka Magsaysay et Paul Sigua
Scénario : Anton Santamaria
Avec Maja Salvador, Shella Mae Romualdo, Mon Confiado, Arthur Acuna, Michael Roy Jornales, Kiel Rodriguez, Royce Cabrera et Apollo Abraham
Synopsis : Un témoin placé sous protection policière est pris pour cible. Une policière, seule survivante de l’attaque, est hébergée par des indigènes. Mais ses assaillants sont à ses trousses…
Après avoir découvert Birdshot, le second film du réalisateur originaire des Philippines Mikhail Red, j’étais curieux. Non pas que le spectacle qu’il avait proposé en 2016 était parfait, loin de là, le film avait de nombreuses failles, notamment avec son trop plein de thématiques abordées dans un film au rythme lent qui ne se prêtait pas forcément justement à cette abondance d’éléments, mais visuellement, le réalisateur, très jeune, faisait preuve d’une réelle maitrise formelle. Et donc, son dernier film, Arisaka, tourné en 2020 dans des conditions compliquées (vous savez, cette saloperie qui a mit la vie de beaucoup de monde en pause), je voulais le voir, car le réalisateur semblait continuer d’explorer un style et des thématiques similaires à son Birdshot, tout en déléguant certains postes, notamment l’écriture du scénario, et que la durée plus condensée du film, 1h35 au compteur contre quasi 2h pour Birdshot, me donnait espoir de voir un film plus mûr par certains aspects. Et bien j’avais totalement raison. Car si Arisaka a des défauts également, et que l’on pourra toujours dire que son scénario est justement d’une simplicité extrême, ce qui est le cas, il parvient malgré tout à placer des thématiques plus ou moins fortes sans venir faire dévier le récit ou l’alourdir, pour livrer une expérience courte et prenante de bout en bout, qui sait où elle va, et, et bien, y va tout simplement. Birdshot m’a fait découvrir un auteur, Arisaka m’a montré une évolution claire de son œuvre et de sa maitrise des outils à sa disposition. Du coup, ici, non pas deux intrigues, mais une seule, claire, limpide, simpliste dirons certains, mais qui permet au réalisateur de s’exprimer. Il y est bien entendu comme souvent question de corruption policière, et l’intrigue s’inspire d’une histoire vraie de 2013.
Un témoin doit être protégé par la police, mais lors de son transfert, voilà qu’une attaque a lieu, laissant tout le monde pour mort. Tout le monde ? Non, Mariano, une jeune flic jouée par Maja Salvador, a survécu à l’attaque et compte bien rester en vie. Prenant la fuite dans la forêt, elle va rapidement être prise en chasse, car pas de témoins, surtout que la jeune femme est en possession d’une preuve compromettante. Et sur sa route, elle va tomber sur une famille vivant là, qui va le recueillir. Mikhail Red ne change rien à sa formule, mais l’affine. La corruption policière, le rapport à la nature, tout est toujours là. Et là où son personnage principal féminin dans Birdshot passait à l’âge adulte de manière violente, ici, on a un personnage clairement déjà adulte, établit, mais qui va pourtant devoir se surpasser, survival oblige, et donc, grandir. Et Arisaka y parvient parfaitement. Déjà car encore une fois, visuellement, c’est une claque de tous les instants. La nature, les couchers de soleil, le côté contemplatif, la photographie signée Mycko David, tout est à tomber par terre. Notons d’ailleurs que Mycko David était déjà le directeur de la photographie sur Birdshot, mais également Neomanilla, deux des précédents métrages de Mikhail Red donc. Visuellement, aucun plan n’est à jeter, et le travail sur le son, autant les musiques que l’atmosphère sonore en général, vient sublimer tout ça et former un tout cohérent. Et, c’est bête à dire, tellement cinématographique. Arisaka est clairement le genre de films à voir sur un grand écran pour savourer le travail de l’équipe technique, avec ses étendues à perte de vue, sa photographie sublime, le tout filmé dans un format scope du plus bel effet. Du coup forcément, le film sort en Amérique sur Netflix, quoi de plus logique… Enfin, au moins cela permet au film d’être vu, car le cinéma Philippin, en plus de ne pas forcément s’exporter facilement, n’est pas forcément un cinéma qui attire de prime abord.
Et le fond donc ? Car si techniquement c’est irréprochable, il faut bien parler du fond. Arisaka pourra en décevoir certains à ce niveau tant ce coup-ci, le réalisateur fait dans la simplicité, nous sortant un simple survival où de méchants flics pourchassent notre héroïne en pleine nature. Mais comme il ne renie pas son style, cela nous donne un métrage plutôt contemplatif et avec des moments plus doux (tout le passage chez la famille qui soigne notre héroïne), dont la violence des quelques affrontements n’en ressort du coup que grandit. Alors on aura bien pas mal de petits éléments qui viendront se greffer à cette histoire toute simple, comme la fameuse Death March dont on nous parle dés le début, ou encore l’occupation Japonaise durant la grande guerre, mais ces éléments s’ajoutent plutôt naturellement au récit pour y apporter un peu de profondeur, et non pas pour alourdir le récit ou le faire dévier. La durée du film doit y être pour quelque chose, pas le temps de dévier donc ici, et c’est parfait ainsi. Du cinéma contemplatif, qui passe par divers genres et ambiances, sans se perdre dans un récit à tiroir, et qui reste pourtant parfaitement accessible, pour peu que vous appréciez véritablement le cinéma, les belles images, les ambiances lourdes, et soyez, comme moi, un peu curieux. Il n’y a plus qu’à espérer que le réalisateur continue sur cette voie, tout en évitant les redites, ce qui semble pour le moment être le cas dans sa déjà grande carrière, puisqu’avec seulement 30 ans au compteur, Arisaka est déjà son septième long métrage, dans une carrière assez variée, puisqu’outre des polars, on y trouve même un film de zombies et un film d’horreur dans une école pour jeune femme.
Les plus
Visuellement maitrisé
De magnifiques décors, parfaitement éclairés
Maja Salvador, très bien dans son rôle
Une violence rare mais qui fonctionne
Les moins
Il est vrai, une intrigue ultra basique
En bref : Après Birdshot, Mikhail Red revient au même style de films avec Arisaka, mais avec une durée réduite, et une seule intrigue, ce qui lui permet de resserrer son récit sans jamais dévier. Et le résultat est plus que convaincant, Arisaka est hyper léché visuellement, hyper prenant, lent, et parfois, hyper violent.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Great filmmaking and cinematography ♥ Beautiful sets perfectly filmed ♥ Maja Salvador, perfect cast ♥ The violence is rare, but effective |
⊗ Yes the story is pretty basic |
After Birdshot, Mikhail Red comes back at the same style for Arisaka, but it’s shorter, with only oe storyline, and it’s better for the film and its story. It’s convincing, Arisaka is beautiful visually, slow but interesting and at times, very violent. |