THE RECKONING de Neil Marshall (2020)

THE RECKONING

Titre Original : The Reckoning
2020 – Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h50
Réalisation : Neil Marshall
Musique : Christopher Drake
Scénario : Neil Marshall, Charlotte Kirk et Edward Evers-Swindell

Avec Charlotte Kirk, Sean Pertwee, Steven Waddington, Joe Anderson, Suzanne Magowan, Ian Whyte, Callum Goulden et Sarah Lambie

Synopsis : Angleterre, 1665. Tout va mal. La peste noire sévit et fait des ravages dans tout le pays, et la chasse aux sorcières menée par John Moorcroft est plus vivace que jamais. Dans ce climat hostile, Grace tente de faire le deuil de son mari Joseph, qui s’est pendu pour la sauver elle et leur fille Gabby puisqu’il avait contracté la peste. Tentant de survivre, Grace parvient à trouver de quoi payer son loyer au propriétaire des Terres, mais lorsqu’elle refuse ses avances, celui-ci la traite de sorcière. Capturée, elle sera jugée par John Moorcroft lui-même.

Même si Neil Marshall n’a plus la même aura qu’il y a quelques années, lorsqu’il signa le très fun Dog Soldiers et l’excellent The Descent, il s’agît pourtant toujours d’un réalisateur que je suis d’un œil attentif. Un réalisateur qui aime les films B qui tâche, et donc un réalisateur souvent attachant. Oui, beaucoup détestent Doomsday (que je trouve fun personnellement, même s’il n’a pas très bien vieilli, et que son mixage audio est à chier), et surtout, peu importe la qualité (je le trouve fun aussi, débile et fun), Neil Marshall était voué à se faire descendre pour son Hellboy en 2019. Il s’était fait descendre de toute façon avant même la sortie du film, car le public ne voulait pas de son film, il voulait Hellboy 3. Large débat, donc je me fiche éperdument, donc passons. En 2020, Neil Marshall revenait, en festival d’abord, avec son nouveau métrage, une série B au budget modeste, The Reckoning. Peste noire, Angleterre des années 1600, traque et jugement des sorcières (souvent des femmes innocentes torturées jusqu’à ce que la douleur leur fasse avouer un mensonge). Parfait comme programme non. Écrit à six mains, dont les deux de Marshall et les deux de sa petite amie, Charlotte Kirk, qui tient le rôle principal, The Reckoning part avec de bonnes cartes en main. Et ce malgré son accueil glacial en festival. Ah ça, le film s’est fait défoncer. Pour des raisons que je parviens parfois à comprendre, et d’autres beaucoup moins. La palme revenant à cet avis, qui, je cite, dis clairement « esthétiquement, le film de Marshall ressemble à un show fantaisiste des années 80 façon Young Hercules ». Outch, ça fait mal ! Surtout que s’il y a bien un élément qui ne m’a pas déçu dans le métrage, c’est son look. Esthétiquement, j’ai trouvé que malgré un budget sans aucun doute très limité, ça avait de la gueule. La photographie est sublime, la mise en scène loin d’être honteuse, les décors et costumes représentent bien l’époque où se déroule le film. Même la musique signée Christopher Drake était fort sympathique et agréable à écouter.

Oui, la partie technique ne fait pas tout, mais à ce niveau là, The Reckoning se fait plutôt solide. Alors est-ce que ça coince au niveau du reste ? Pendant 45 minutes en tout cas, ça fonctionne bien, avec le quotidien de notre héroïne, Grace, suite à la mort de son époux, ses tentatives pour gagner de l’argent, le climat de peur qui règne sur la ville à cause de la peste, les visites incessantes du propriétaire des terres, les croix rouges sur les portes des familles contaminées, les morts que l’on récolte dans des charrettes. Neil Marshall en fait en profite plus pour poser un climat horrifique sur son métrage plutôt que d’en faire un film d’horreur à proprement parlé. Car The Reckoning, s’il contient de l’horreur, n’est pas un film d’horreur. Tout bascule pour le personnage en tout cas lorsqu’elle refuse les avances du propriétaire, et que celui-ci, fou de rage, se met à lancer des rumeurs sur la jeune femme à la taverne du coin. Il n’en faut pas plus pour faire naître chez les habitants tous plus stupides les uns que les autres la paranoïa, et que Grace soit jugée comme étant une sorcière. Et donc, capturée, séparée de sa fille, sa maison brûlée, et enfermée en prison en attendant qu’elle soit jugée. Une première partie loin d’être parfaite. Notamment en ce qui concerne les acteurs. Charlotte Kirk, jouant Grace, et donc coscénariste et coproductrice du film, semble y croire, mais elle paraît un peu trop clean pour être totalement crédible en femme de cette époque. Et si certaines images semblent bien représenter l’époque, on se dit que Marshall aurait néanmoins pu aller plus loin dans la représentation de l’horreur qu’était cette période, jusqu’à nous faire presque sentir l’odeur des cadavres entassés. Mais ce sont des petits détails. Ce qui blesse un peu plus le film en réalité, c’est sa structure narrative même. Car passé ses 45 premières minutes, et donc la capture de Grace et son jugement, le film se découpe en 4 jours.

Quatre jours de tortures pour faire avouer à la jeune femme qu’elle est une sorcière. Si au départ c’est soft, comme lui retirer son lit, lui balancer de l’eau glacée si elle s’endort, on passe vite au niveau supérieur avec des pics plantés dans le corps, ou une torture à base d’outil enfoncé dans son vagin qui s’ouvre progressivement. Marshall évite d’être trop frontal, sachant que finalement, montrer le début des festivités puis le résultat peut tout aussi bien faire le travail, mais il n’échappe du coup pas à une certaine répétitivité, dans sa structure narrative, mais aussi dans sa façon de filmer tout ça. On pourra aussi quelque peu pester sur l’ajout de scènes hallucinatoires que Grace a, concernant son mari défunt, ou plus tard, le diable en personne. Des images fort jolies d’ailleurs, certaines bien inspirées de célèbres peintres et déjà utilisées au cinéma (par Michele Soavi dans Sanctuaire par exemple), mais qui ne semblent pas vraiment servir le propos général du film, plutôt intéressant lui, puisqu’il s’agît bien ici de torture de femmes innocentes, d’hommes aveuglés et persuadés de faire le bien, de femmes innocentes qui avouent le pire juste pour voir la douleur s’arrêter, mais dans un cas comme dans l’autre, seule la mort les attend. Mais c’est bancal. Seule vraie lumière et sans faute de cette seconde partie : Sean Pertwee en fanatique religieux, odieux et convaincant. Et c’est bien dommage. The Reckoning a des idées, du potentiel, il est parfois méchamment gore, il distille un climat d’horreur réel, mais se fait trop bancal, ironiquement parfois trop sage, s’éparpille parfois dans ses idées. D’où la déception de beaucoup ? Peut-être, mais ça n’en fait pas une purge. Un film décevant oui, mais intéressant.

Les plus

Jolie photographie, mise en scène appliquée
La musique
Sean Pertwee, bon en méchant

Les moins

Bancal par bien des aspects
Casting inégal
Les hallucinations, jolies, mais utiles ?

En bref : The Reckoning ne marquera pas le grand retour de Neil Marshall. L’œuvre est bancale et parsemée de petits défauts, mais malgré tout, il y a du bon dans tout ça, et le réalisateur parvient à faire peser un climat horrifique intéressant sur son film.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Nice cinematography and camera work
♥ The music
♥ Sean Pertwee
⊗ It could have been better in many ways
⊗ Uneven cast
⊗ Hallucinations, pretty, but useful?
The Reckoning wasn’t the great return of Neil Marshall. The film is wobbly and full of small flaws, but despite everything, there is good in all of this, and the director manages to bring an interesting horrific atmosphere to his film.

8 réflexions sur « THE RECKONING de Neil Marshall (2020) »

  1. Dans le descriptif, je retiens le « intéressant ». On dirait que notre ami Marshal marche sur les pas du « Witchcraft general » de Michael Reeves. Rien de tel que de revenir au bon vieux temps des inquisiteurs pour se refaire une santé ciné. Ça me rappelle aussi ce que Christopher Smith avait tenté (avec un bonheur relatif) dans « Black Death ».
    « The Reckoning », évidemment pas sorti au ciné. Ça se trouve en DVD cette histoire ?

    Ps : aucun rapport, mais je ne sais pas si tu as lu mon article sur le grand gagnant de Reims Polar ? J’imagine que tu connais Soi Cheang. Pour moi ce fut une grosse claque.

    1. Marshal, si l’on prend ses films pour ce qu’ils sont, n’est pas si mauvais. Avec le recul maintenant, je dirais que son plus gros défaut (outre des budgets très étriqués), c’est de vouloir à tout prix filmer dans le rôle principal sa femme, au jeu limité. Ce qui est amusant, c’est que j’étais en train de planifier un article sur un autre film parlant de sorcellerie, récent aussi, et dont je pense on parlera d’ici quelques jours, vu que le nom du réalisateur te fera sans doute de l’œil 😉
      THE RECKONING est sorti chez nous en physique, adieu la case ciné pour Marshall je pense. Sauf qu’on l’a renommé, comme d’hab, et j’en ai marre des titres fr ridicules, donc je me refuse à l’utiliser dans l’article (« Sorcière »).

      PS : J’étais justement en train de lire ton article en voyant ton com en passant 😉 Et on en parlait avec Oli qui vient aussi de découvrir ce film. LIMBO, découvert il y a déjà bien un an et demi pour ma part, adoré évidemment. Soi Cheang, je ne suis pas le plus grand des connaisseurs, je ne me suis en réalité jamais intéressé à la première partie de sa carrière, mais je connais bien ce qu’il fait depuis 10 ans maintenant.

      1. Merci pour les infos sur… « Sorcière » je comprends mieux que je ne trouvais pas la réf. Je vais quand même tenter le coup je crois.

        Tu as publié un article sur « Limbo »? Je vais chercher ça, ça m’intéresse. 😉

        1. Oui oui, désolé… je crois que je vais juste utiliser les titres originaux vu comment on fait un peu n’importe quoi chez nous (Wild Side aussi était fort, à redonner des titres en anglais sur des titres… déjà anglais, avec THE AUTOPSY OF JANE DOE qui est devenu chez nous THE JANE DOE IDENTITY, ou le Coréen THE YELLOW SEA, devenu pour la sortie chez nous THE MURDERER…)

          Yes LIMBO, chroniqué je viens de vérifier, en Décembre 2021, alors qu’on n’en parlait pas encore partout. Tu sais que j’aime bien parler des films longtemps avant que ça n’arrive chez nous haha ! (et encore, je l’avais depuis des mois, juste je retardais la vision).

          1. Dans le genre titre ré-anglicisés (j’invente le mot), j’ai vu le coréen « next Sohee » (titre international) modifié pour la France en « about Kim Sohee ». Va falloir m’expliquer.

            1. Ah oui pas mal aussi celle-là… Dingue de remettre un titre anglais pour la sortie en France quand le film a déjà un titre anglais à l’international et surtout a parfois déjà une petite réputation sous ce titre là. Sans compter les films plus anciens genre des années 70/80/90 où parfois, il y a plusieurs titres anglais, mais aussi plusieurs titres français.

              1. Le staff des distributeurs français à dû se dire : »c’est hyper dur à prononcer Next Sohee, on va changer. Et puis Kim, ils penseront que c’est le prénom de la fille comme ça. »
                Je spécule mais je suis sûr que je ne suis pas loin de la vérité. Ou alors faudra m’expliquer. 😁

              2. Honnêtement… mieux vaut je pense ne pas chercher à comprendre. Et il y a aussi le cas des titres qui changent pour l’exploitation cinéma, puis dvd et blu-ray. J’ai deux bons exemples. Le thriller Australien (que je conseille d’ailleurs) BETTER WATCH OUT. On l’a eu en retard chez nous, et la plupart des sites le listaient sous le titre SAFE NEIGHBOURHOOD. Why not, sauf que sortie Blu-Ray, que j’ai acheté d’office, et là, nommé WATCH OUT. Donc le titre original, mais raccourcis….
                Et la série animé (que j’adore, sans doute un de mes préférés), HIGURASHI NO NAKU KORO NI. Sorti chez nous, en dvd, sous le titre HINAMIZAWA LE VILLAGE MAUDIT. Bon, juste la saison 1, jamais la 2 alors qu’elle apporte les réponses, mais passons. Sorti depuis en très beau coffret Blu-Ray que j’ai acheté cash, renommé… HIGURASHI: HINAMIZAWA LE VILLAGE MAUDIT.

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