Sortie : 30 Avril 2021
Genre: Fin de cycle
Studio : BioWare
Éditeur : Electronic Arts
Joué et testé sur : Playstation 4 Pro
Existe sur : Playstation 4 et 5, Xbox One et Series, et PC
Synopsis : Le Commandant Shepard est relevé de ses fonctions et retenu à Vancouver, sur Terre, afin d’être jugé. Une attaque des Moissonneurs sur la planète bleue vient rapidement mettre fin à cette procédure. Shepard est réincorporé au sein de l’Alliance et est chargé par l’Amiral Anderson de quitter la Terre et de revenir combattre les Moissonneurs avec une armée. Shepard devra alors parcourir la galaxie pour unir les différents peuples à sa cause pour sauver sa mère patrie, la Terre.
Après avoir beaucoup apprécié les deux premiers opus, après avoir passé des heures à connaître mon nouvel équipage dans Mass Effect 2, tout ça afin de nous préparer à une mission suicide, une des missions finales les plus intenses du monde du jeu vidéo, évidemment que je n’allais pas en rester là et me lancer dans Mass Effect 3. Si le second opus est souvent considéré comme l’un des meilleurs jeux vidéo existants, le troisième opus de la trilogie, lui, est plus souvent considéré comme l’une des pires fins de l’histoire du jeu vidéo, un des pires derniers opus, allant parfois jusqu’à être rejeté en bloc, dans son intégralité. Il en fallait bien plus pour me faire peur, surtout qu’il faut avouer que quoi qu’il arrive, je n’allais pas m’arrêter là, après 30 heures sur chacun des jeux, tout ça pour ne pas avoir de conclusion à cette menace galactique contre laquelle on se prépare depuis tout ce temps. Mais là où Mass Effect 2 passait après un jeu aux fondations solides mais au gameplay parfois fragile, Mass Effect 3 doit passer derrière un jeu très apprécié, au final épique et aux personnages attachants. Et surtout, Mass Effect 3 commence six mois après les événements du second jeu… avec un Shepard relevé de ses fonctions, sur Terre. Pourquoi ? Il faudra pour ça faire la mission secondaire Arrival du second jeu, ancien DLC du jeu de base, et faisant maladroitement le lien entre les deux jeux. Si l’entrée en la matière du second jeu, avec la destruction du Normandy et la mort de Shepard était un grand moment, ce troisième jeu ne lésine pas sur son introduction non plus, car après quelques tout petits dialogues sur Terre, face à des politiciens toujours peu convaincus de l’arrivée des moissonneurs, ceux-ci débarquent, et c’est le chaos. Et en guise de tutorial, il va falloir fuir la terre en rejoignant le Normandy.
Ce qui permet de mettre en lumière dés l’introduction les évolutions dans le gameplay de ce troisième opus, et son ambiance toujours travaillée. Chaos, destruction, guerre, c’est un réel spectacle visuel alors que les moissonneurs débarquent par dizaines. BioWare, dans ce troisième jeu, excelle dans son ambiance de fin du monde, même si on pourra, pour le coup, dire que la diversité en prend un coup, puisque partout où l’on ira, c’est la guerre, les ruines, les flammes. Mais évacuons tout de suite le gameplay. Si Mass Effect 1 était bien bancal en terme de TPS, que le second dynamisait tout ça et corrigeait des défauts, Mass Effect 3 reprend les fondations du second jeu et le dynamise encore plus. Shepard pourra donc sauter, esquiver (un ajout que j’ai totalement oublié après quelques heures), courir un peu plus longtemps. Et si le second jeu diminuait l’aspect RPG du titre, du moins dans son inventaire (plus de mods d’armes et d’armures) et dans ses compétences spéciales moins nombreuses, ce troisième opus réincorpore quelques éléments appréciés du premier jeu, comme les mods d’armes par exemple, ainsi qu’un arbre de compétence plus développé et avec quelques choix à faire lors de l’évolution de certaines de ses compétences. En bref, ça évolue tout en gardant les mêmes fondations, c’est plus fluide et dynamique, tout en, bien entendu, sentant bon les années 2010, le jeu datant au départ de 2012.
Heureusement d’ailleurs que le gameplay a été dynamisé, puisque l’action est encore un peu plus en avant dans ce troisième titre. Choix à la fois justifié par le contexte de l’intrigue (les moissonneurs sont enfin là), mais sentant aussi les demandes éditoriales, puisque Electronic Arts demandait souvent l’accessibilité de franchises déjà établies à cette époque là (Dead Space 3), et l’ajout de mode multijoueur… qui ne se retrouve pas dans cette Legendary Edition, et au final, tant mieux, car même si dans les faits, ça pouvait être sympa, du multijoueur dans Mass Effect, ça n’a pas sa place. Comme pour Dead Space ! Techniquement, il est très difficile de juger Mass Effect 3 par contre. Les qualités des précédents jeux sont toujours là, avec de très jolis effets de lumières, des scènes impressionnantes, mais le jeu ressemble à s’y méprendre au second jeu, malgré son aspect plus gris, ne présentant donc aucun « bond » en avant. Musicalement par contre, c’est toujours au top, avec des thèmes épiques, la participation de Clint Mansell (Requiem for A Dream, Moon), et le retour de thèmes connus à quelques moments clés. Mais si ce troisième jeu a divisé et déçu, ce n’est pas pour son gameplay puisque l’on savait à quoi s’attendre, ni pour son univers déjà établis, mais bel et bien pour son histoire. Soyons honnête, il y a à boire et à manger ici, mais tout n’est pas à jeter. Le jeu nous fait encore le coup du nouvel équipage, même si certains reviennent, et fort heureusement, comme Garrus, Tali et Liara. La base dirons certains. Ashley (ou Kaidan) du premier jeu reviennent également, tandis qu’un petit nouveau rejoint l’équipe, James, et… non, on l’oubliera. Comment s’attacher et prendre le temps de connaître un personnage aussi générique et arrivant aussi tardivement dans une trilogie, alors que l’heure est à la guerre et à l’urgence ? Je vous le demande !
Mais là où Mass Effect 3 avait beaucoup à faire, c’est dans son aspect d’épisode final. Il doit donc conclure l’histoire débutée depuis le premier opus, mais surtout, conclure chaque petite intrigue ouverte depuis le premier jeu, et avec sa multitude de personnages, il y en a un paquet. Et le jeu se heurte alors parfois à quelques moments étranges, comme si ce que parfois le jeu racontait n’allait pas avec son design même d’urgence. BioWare n’a pas adapté la formule de son jeu, il l’a reprise, à l’identique, en y incorporant donc ce sentiment d’urgence, mais dans lequel on pourra comme souvent prendre le temps pour quelques occupations secondaires, et quelques DLC, inclus en missions secondaires, qui sont, pris indépendamment, bons, voire parfois très bons, mais qui viennent quelque peu casser le rythme général de l’aventure et son ambiance désespérée. Ce nouveau quartier dans la citadelle en est la plus grande preuve, puisque durant trois heures, voilà que le joueur se retrouve face à une nouvelle menace secondaire, oubliant donc les enjeux à grande échelle, avant une partie plus axée fan service, mais amenant des moments doux et amusants avec l’ensemble de notre équipage depuis le premier jeu, et donc amenant réellement ce sentiment d’épisode final… mais mettant donc totalement en pause la réelle menace du jeu. Là où le joueur aurait dû s’adapter au danger qui l’entoure pour façonner son expérience, ce sont finalement les moissonneurs qui sont là, mais acceptent de nous attendre parfois de longues heures, le temps que l’on termine nos activités secondaires. C’est un peu dommage, niveau immersion, d’autant plus que l’immersion via l’univers, l’ambiance et l’écriture en elle-même fonctionne toujours.
Là où Mass Effect 3 fonctionne très bien, c’est dans sa manière d’amener un final pour chacun de nos coéquipiers, bouclant souvent la boucle de leur histoire, histoire parfois commencée dans le premier opus. Il le fait toujours avec une belle finesse d’écriture, mais surtout, avec des choix souvent radicaux et difficiles à prendre. Même quand ces personnages ne rejoignent pas pleinement notre équipage, comme Miranda, Grunt, Mordin ou encore Jack, c’est un réel plaisir de les retrouver au détour de certaines missions, et de voir que nos actions dans les précédents jeux les ont changé, fait évoluer. Certains choix seront déterminants pour la suite de l’aventure, puisque le but ultime de ce jeu, c’est de solidifier les forces de toute la galaxie afin de lutter contre les moissonneurs. De la politique, des choix, de la diplomatie. Aider telle ou telle espèce malgré le danger que cela peut représenter. Les choix sont difficiles, et j’avoue avoir été touché par cette quête concernant le génophage avec Mordin et les Krogan, ou cette quête pour mettre définitivement un terme entre la guerre opposant les Geths, des robots qui se sont rebellés contre leurs créateurs, les Quarian. Surtout cette dernière, car mes choix auront amené un final assez déchirant. Mass Effect 3 parvient en tout cas, de manière douce ou douloureuse, à donner un sentiment de conclusion à tous ces éléments.
Là où par contre Mass Effect 3 échoue dans les grandes lignes, c’est dans son envie d’incorporer un nouveau traumatisme à Shepard dés le début du jeu, via cet enfant qui meurt sous nos yeux, et qui semble hanter notre héros. Pourquoi pas donner un visage à nos plus grandes peurs dans les faits… sauf que l’on parle de Shepard, qui suivant nos choix, a déjà perdu des personnes qui lui étaient proches dans le second jeu, et qui avait déjà eu sa dose de trauma avant même le début du premier jeu suivant la classe choisie par le joueur. Alors un enfant random rencontré au détour d’un couloir lors de l’introduction du troisième jeu, ça sonne faux, ça sonne comme un élément forcé. Et puis il y a le final, qui a divisé, voire non, qui a été totalement rejeté, où tout l’univers de Mass Effect se voit réduit à trois choix, voire moins si l’on a joué comme une merde en zappant tout le contenu annexe. Que nos choix soient limités, je l’accepte (imaginez un peu le bordel si BioWare avait dû écrire 110 fins différentes et leurs variantes en fonction de chacun de nos choix effectués depuis le premier jeu). Les directions prises par ces différentes fins sont encore une fois intéressantes. Car parmi nos options, certaines sont logiques, d’autres forcément peu alignées avec les croyances du personnage et donc du joueur, mais prenant sens via le personnage nous exposant ces choix. Non, le réel souci à mes yeux vient justement du personnage venant nous exposer ces choix, et des quelques incohérences gênantes que cela vient amener au sein de l’univers entier de Mass Effect. C’est là que l’on ressent l’urgence dans laquelle ce troisième opus, amputé de certains de ces scénaristes principaux d’ailleurs, a dû être développé, afin de sortir en 2012, soit pile deux ans après le second jeu. Le premier jeu avait eu quatre années de développement, et il ne s’agissait que du premier opus, là où les scénaristes peuvent adapter l’univers à leurs idées. Arrivé au troisième opus et avec un temps de développement coupé en deux, difficile de rendre chaque idée totalement cohérente.
Mais si le grand final de l’intrigue des moissonneurs laisse donc à désirer malgré des pistes forts intéressantes, il ne faut pas oublier que Mass Effect 3 signe aussi le final de tous ces personnages que les joueurs ont pu suivre pendant 5 ans, et donc de tous ces éléments secondaires mais pourtant si importants pour beaucoup, et ça, il le réussit totalement. Les équipes de BioWare auraient-elles pu faire mieux avec une année de plus et plus de recul sur sa propre formule de base ? Sans aucun doute. Electronic Arts les auraient-ils laissés, sachant qu’à cette époque, ils aimaient bien descendre leurs licences et que cela continuera durant quelques années par la suite ? Probablement pas. C’est bien ça qui est triste. Mais Mass Effect 3 n’est pas un mauvais jeu. Son gameplay bien qu’un peu vieillot est le plus fluide de la saga, ses personnages secondaires trouvent tous une conclusion qui fait mouche, certaines missions sont épiques, et il fallait bien conclure cette histoire de moissonneurs un jour ou l’autre. Avec un final plus étendu, la suppression de ce satané gosse qui vient nous hanter en rêve, et peut-être une structure légèrement différente (pourquoi pas façon Xcom 2 des moments où les moissonneurs approchent notre vaisseau et deviennent un vrai danger de game over, déclenchant une mission de fuite ou de lutte, plutôt que juste voir des petits moissonneurs apparaître sur la carte de l’univers, mais qui arrêtent toute poursuite dés que l’on change de système ?), Mass Effect 3 aurait sans doute été bien mieux reçu, et plus cohérent sur certains aspects. Ceci dit, c’est un final, et je ne regrette pas l’aventure. Il était de toute façon, vu la tâche du jeu (tout boucler des événements depuis le premier opus), impossible de satisfaire tout le monde, ainsi que de briller dans absolument tous les domaines. Il a de beaux restes malgré la déception dans certains domaines, et reste un jeu à faire. Et puis, il passe après Mass Effect 2 et son final grandiose, donc forcément, les attentes étaient démesurées.
Les plus
Un gameplay encore plus fluide
Cette ambiance d’apocalypse, très réussie
Retrouver tous les personnages depuis le premier jeu
Certaines missions aux choix bien difficiles (avec Mordin, Tali)
Un arbre de compétence mieux pensé
Clint Mansell donne un coup de main à la musique
Chaque arc de personnage trouve une conclusion
Une poignée de moments épiques
Les moins
Une structure d’urgence qui prend parfois son temps
Certains choix narratifs (ce gosse)
Un final clairement rushé et maladroit
En bref : Mass Effect 3 a sa réputation de final raté qui aura énervé toute une communauté. Sans être la catastrophe annoncée par certains, il faut avouer que certains choix narratifs et même dans sa structure laissent à désirer. Mais l’expérience reste prenante et parsemée de moment épiques, tout en constituant, pour beaucoup de personnages, un au revoir qui fait mouche.