Titre Original : 37 Sekanzu – 37セカンズ
2020 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h55
Réalisation : Hikari
Musique : ASKA
Scénario : Hikari
Avec Kayama Mei, Kanno Misuzu, Daitô Shunsuke, Watanabe Makiko, Hagiwara Minori, Itaya Yuka, Ishibashi Shizuka et Shibukawa Kiyohiko
Synopsis : Souffrant de paralysie cérébrale et vivant avec une mère hyper protectrice, une jeune artiste de manga de 23 ans s’engage contre toute attente sur la voie de l’émancipation et de la liberté sexuelle.
Il est toujours bon de se lancer dans un film en ignorant tout de celui-ci, de son histoire à son casting, jusqu’à son équipe technique. Et ce même quand c’est distribué à l’international par Netflix (vous voyez, des fois j’en dis du bien). Bon, j’ai tout de même dû passer à côté de quelque chose, puisque 37 Seconds s’est prit de bons avis un peu partout, et a beaucoup fait parler de sa réalisatrice, Hikari, dont il s’agissait du tout premier long métrage, après plusieurs courts métrages réalisés sur une dizaine d’années et signés sous son vrai nom, Miyazaki Mitsuyo. Nouveau départ pour la jeune femme avec ce nom de scène et donc son premier long métrage ? Possible ! 37 Seconds donc, ça avait pourtant beaucoup de pièges à éviter sur le papier, puisque le sujet est un sujet assez sensible. On nous propose de suivre le parcours de Yuma, une jeune femme de 23 ans, travaillant dans l’ombre pour une mangaka plus réputée (et récupérant donc tous les lauriers, Yuma n’est là que pour travailler et respecter les deadlines depuis l’ombre). Rien d’inhabituel ici, même si on pourrait dire que l’industrie est montrée sous deux visages bien différents, mais là n’est pas le sujet principal. Le truc, c’est que Yuma souffre de paralysie cérébrale depuis sa naissance. Un handicap assez lourd, pas simple à vivre, pas simple à faire accepter à son entourage, du coup ultra limité, faisant que Yuma vit avec sa mère, devenue ultra protectrice, comme si elle avait encore 9 ans, et ne cherchant même pas à imaginer une seule seconde que sa fille pourrait tout simplement faire certaines tâches comme s’habiller ou prendre un bain sans son aide. Là tout de suite, 37 Seconds a beaucoup plus de choses à traiter, beaucoup de pièges à éviter, et va devoir jongler en permanence entre le portrait que la réalisatrice, également scénariste et productrice, veut livrer de ses personnages, et des thèmes pas forcément simples à aborder, encore moins au Japon, tout en évitant de céder à tous les clichés possibles, même lorsqu’ils sont réalistes.
Et à titre personnel, j’ai pensé que Hikari a trouvé le bon ton, le juste milieu entre cliché et légèreté, optimisme et pessimisme, réalisme dur et optimiste peut-être féérique. Car malgré tout le bien que je pense du Japon, vous vous en doutez, il faut bien savoir que les handicapés là-bas, c’est un peu comme les sans abris ou les personnages âgées vivant seules, on ne s’en soucis pas vraiment. Oui dans le fond, c’est un peu pareil partout vous me direz, mais l’effet semble quelque peu amplifié dans une culture aussi différente que la culture Japonaise. Ce qui rend le sujet du métrage à la fois fascinant mais au départ facile. Mais Hikari parvient donc à trouver un juste milieu, justement assez « juste ». Oui, les clichés, pourtant bien réels, sont là, avec cette mère beaucoup trop protectrice et donc étouffante, mais qui finalement souffre elle-même de son choix, mais aussi avec ceux qui profitent du handicap de la jeune femme (dans un sens, la mangaka), ceux qui y voient une source de revenu comme une autre (le passage dans le love hôtel), et ceux qui sont littéralement terrifiés par la différence. Mais la réalisatrice ne s’attarder jamais lourdement sur aucun de ses points, et les contrebalance comme il se doit avec un peu plus d’optimisme. Lors d’une rencontre au hasard avec une femme, habituée aux handicapés et n’ayant aucun préjugé, puis un jeune homme protecteur, mais ni manipulateur, ni trop insistant, juste là quand il faut. Et c’est d’ailleurs au contact de ces nouveaux personnages qui arrivent dans sa vie que la jeune Yuma a enfin envie, finalement, et bien de vivre, de s’émanciper, à tous les niveaux, même sexuellement. Tout ne marchera pas selon ses souhaits ou n’arrivera pas à la hauteur de ses espérances, mais la jeune femme ne se décourage pas, elle a envie de liberté, de découvrir le monde, de prouver aussi qu’elle peut faire des choses par elle-même.
Sa décision de quitter le foyer familial, puis finalement d’en apprendre plus sur elle, sur son passé, sur sa famille, son père, et même un rapide voyage en Thaïlande vont faire découvrir beaucoup de choses à Yuma, laissant sa mère dans son coin, seule face à elle-même et ses choix. Le traitement est juste, le film est doux et sait faire preuve de finesse, et on ne peut finalement que regretter que le film ne développe pas tous ces éléments, ou tous les milieux abordés sur un même pied d’égalité, tant il y avait finalement de chose à dire, mais cela aurait clairement fait frôler l’indigestion. Car oui, parler de handicap, de ses conséquences et de sa perception par nous-mêmes et les autres, mais aussi de famille, de pression familiale en quelque sorte, du monde du travail, de certains milieux survolés comme le milieu des mangas, ou le milieu du Tokyo nocturne, et bien ça fait beaucoup de choses. 37 Seconds en laisse forcément plusieurs sur le bas côté pour se concentrer sur l’essentiel, et ce qu’il propose, il le fait plutôt bien, voir très bien. Malgré ses quelques moments durs, on se sent bien devant le métrage, on est bien aux côtés de Yuma, suivant ses aventures, souriant de certaines situations, de ses réussites, et ayant presque une petite larme à l’œil lors de certains moments, qui fonctionnent justement car ils sont filmés le plus simplement du monde. Preuve de plus que parfois, rien ne vaut une certaine simplicité dans l’approche.
Les plus
Des personnages attachants
Une approche réaliste et touchante
Pas mal de sujets abordés
Un très bon casting
Les moins
Peut-être trop de sujets pour un seul film ?
En bref : 37 Seconds était une surprise inattendue, un drame abordant des sujets sensibles de manière plutôt sensible et touchante alors que ce n’était pas du tout gagné.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some lovable characters ♥ A realistic and touching story ♥ A lot of themes ♥ A very good cast |
⊗ Maybe too much themes in fact? |
37 Seconds was an unexpected surprise, a touching drama with sensible subjects, and it isn’t an easy task. |