Titre Original : 浅草キッド
2021 – Japon
Genre : Biopic
Durée : 2h02
Réalisation : Hitori Gekidan
Musique : Ohmama Takashi
Scénario : Hitori Gekidan d’après l’autobiographie de Kitano Takeshi
Avec Yagira Yûya, Ôizumi Yô, Kadowaki Mugi, Suzuki Honami, Kazama Morio, Onoue Hiroyuki, Tsuchiya Nobuyuki et Komaki Nana
Synopsis : Avant de percer, Kitano Takeshi a appris les ficelles du métier auprès du génie de l’humour Fukami. Mais alors que sa notoriété croît, celle de son mentor s’essouffle.
Produit par la Nikkatsu et distribué en Décembre 2021 par Netflix, Asakusa Kid avait toutes les raisons d’attirer et donc d’intéresser l’amateur de cinéma Japonais, puisqu’il est la seconde adaptation de l’autobiographie de Kitano. Et aussi de faire peur, puisque l’adaptation, autant au scénario qu’à la mise en scène, est signée Hitori Gekidan, au départ plutôt acteur, de cinéma, de drama, et aussi, un peu comme Kitano, est une personnalité connue du monde de la télévision Japonaise, d’abord en groupe, puis en solo à partir de 2000, où il trouve son nom de scène, Hitori Gekidan donc. Un élément donc qui ne rassure pas forcément, même si, vu le passé du monsieur, on peut aisément comprendre ce qui a pu l’attirer dans un tel projet. Car avec Asakusa Kid, on plonge dans les années 70, pour les jeunes années de Kitano, où celui-ci tente de percer en tant que comique, sur scène, au théâtre, à Asakusa justement, où il fera tout pour apprendre de son mentor, Fukami Senzaburo (joué par Oizumi Yô), alors que le théatre en lui-même va mal, la télévision commençant à s’immiscer dans la vie du peuple et à prendre de l’importance. Et si après deux heures, on pourra avoir principalement un défaut à faire au film, ou plutôt à ses choix, et bien, c’est clairement qu’en adaptant l’auto biographie de Kitano, signée en 1988, nous n’avons là que la première partie d’une histoire passionnante. Nous avons la jeunesse de ce Japonais qui a de l’ambition, du talent, qui n’en fait qu’à sa tête et veut percer, mais quand on connait ce qui viendra durant les 30 années suivantes, on se dit qu’il y avait matière à traiter aussi de la percée de Kitano dans le monde du cinéma, lorsqu’il signa Violent Cop en 1989, soit un an après l’écriture de ladite biographie adaptée ici.
Il aura été intéressant par exemple de conclure le métrage par le lancement de la production du film, ou par l’avant-première du film, à une époque où les spectateurs ne savaient clairement pas quoi attendre du passage de Kitano derrière la caméra. Allez savoir, cela aurait pu permettre une suite, ou le lancement d’une série, que sais-je. Je chipote ? Vous devez être habitué depuis ! Car en soit, ce que le métrage raconte, et bien ça intéresse malgré tout. Les débuts du jeune Kitano comme homme d’ascenseur, sa rencontre avec son futur mentor, sa passion pour l’humour et les claquettes, ses premiers essais sur scène, sa relation platonique avec Chiharu, stripteaseuse sur scène et aspirante chanteuse. C’est finalement, de par leur temps de présence à l’écran, autant l’histoire de Kitano que celle de son mentor, mais surtout, c’est aussi une certaine biographie d’une époque charnière, où le théâtre classique ne fonctionne plus, remplacé par cette petite boite magique qu’est la télévision. Il est encore plus ironique du coup de voir que le film est distribué par Netflix, et donc, sur internet, n’ayant donc pas droit aux salles de cinéma ou aux diffusions classiques sur la télévision, elle-même aujourd’hui en danger par tous ces services de streaming. Dans son propos, Asakusa Kid est intéressant, surtout qu’en plus de nous montrer avec amour ses personnages, bien réels, et son époque, bien différente d’aujourd’hui, le métrage permet également, pour les amateurs, de voir les débuts tout en claquettes de Kitano, et ça, je l’avais dit sur ma chronique de son Zatoichi, mais j’adore les claquettes. Et puis, il y a cet humour, souvent acide, qui ne passerait plus aujourd’hui, où il faut faire bien attention à ne pas se moquer des minorités, des moches, des personnes âgées, là où dans les années 80, l’on pouvait se moquer de tout et tout le monde, à commencer par soi-même d’ailleurs.
Ajoutons à tout cela que malgré un maquillage quelque peu grossier lorsque la caméra filme frontalement son Kitano vieillissant lors de quelques scènes, les acteurs font de l’excellent travail. Que ce soit Oizumi Yô donc dans le rôle de Fukami, mais bien entendu Yagira Yûya dans le rôle de Kitano, ou encore Kadowaki Mugi dans le rôle de Chiharu. Dans le fond, dans les talents devant la caméra, Asakusa Kid fonctionne. Alors où est-ce que ça coince ? Et bien comme je le disais d’entrée de jeu, voilà, on ne va pas se mentir, mais le réalisateur du projet n’est pas un réalisateur de base, et s’il a su sans doute s’entourer d’une équipe technique solide et étant de bons conseils, il ne vient pas élever son sujet par la mise en scène. Ce n’est pas mauvais, mais c’est passe partout (non, pas celui de Fort Boyard), souvent assez télévisuel, ce qui est logique en fin de compte vu le background du réalisateur, bien plus habitué à la télévision. Il s’en sort forcément lors de quelques scènes, notamment lorsque les claquettes ou le chant sont au cœur des dites scènes, mais l’ensemble est plus fonctionnel qu’éblouissant. Autre point qui m’aura dérangé, et qui paraît étrange, c’est finalement qu’à part les quelques scènes montrant Kitano sur scène dans des salles combles, il y a une certaine impression de vide devant le métrage. De vide ? Oui, de vide. Les rues sont souvent désertes même lorsque le tout est filmé de jour, en plein milieu de la journée et en grand angle. Tout cela manque de vie, de figurants. Et si cela cachait une production difficile en réalité, puisqu’en débarquant fin 2021, le film a dû être produit en 2020 et début 2021. Car même si le Japon, comme beaucoup de pays d’Asie, n’a pas mis ses industries en pause (mais a ralenti bien sûr), et bien il y a souvent cette impression de vide dans les rues d’Asakusa. Presque anecdotique, mais à force de voir ses rues vides de vie sauf lorsque les enjeux scénaristiques exigeaient l’opposé, ça m’a dérangé. Mais ça ne change rien au propos du métrage, ni au côté passionnant de ce qu’il raconte, même si en soit, on pouvait attendre mieux, ou du moins, plus.
Les plus
Des acteurs qui sont bons
Une histoire passionnante
Ah les claquettes, j’adore ça
On parle de Kitano oui, mais aussi son mentor, et les années 70/80
Les moins
La mise en scène, très téléfilm
Quelques scènes qui semblent un peu « vides »
En bref : Ce portrait de Kitano et de ses jeunes années est passionnant la plupart du temps, porté par de très bons acteurs et un propos qui intéresse. Dommage que la mise en scène ne parvienne pas à élever le tout. Mais ça reste informatif et très plaisant à suivre malgré tout.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some pretty good actors ♥ An interesting story ♥ I love the songs and the shows ♥ It talks about Kitano, but also his master, and the era (the 70s and 80s) |
⊗ Visually it’s not bad, but it’s often like a tv movie ⊗ A few scenes seem « empty », it lacks of some… well, life |
This portrait of Kitano during his young years is often interesting, with good actors. Too bad the direction is not better, even if there’s nothing to be ashamed of. |
Déjà la deuxième adaptation ?!
On m’avait offert le bouquin il y a des lustres mais je n’ai jamais pris le temps de m’y plonger in extenso. Voilà de quoi raviver mon envie. Ou bien regarder le film pour me faire gagner du temps 😁
Je ne sais pas à quel point le métrage est proche du livre ou non, s’il coupe beaucoup d’éléments ou pas. Mais il reste sympa et assez informatif sur le sujet. La première adaptation, c’est très obscur, jamais vu, ça date de 2002, je pense inédit en France bien entendu, et très difficile à trouver.
Je te dirai quand j’aurai lu le livre en entier. Mais de mémoire, il n’aborde pas la carrière cinématographique de Kitano mais plutôt sa jeunesse, ses liens avec le milieu des Yakuza et ses années de comique à la télé.
Vu quand il l’a écrit et qu’il a été publié, normal, il devait préparer (ou venait de finir) son premier long comme réal. Les yakuzas, c’est comme les triades à Hong Kong, toujours dans les bons coups haha