Titre Original : Kuchizuke – くちづけ
1957 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h14
Réalisation : Masumura Yasuzô
Musique : Tsukahara Tetsuo
Scénario : Funabashi Kazuro d’après le roman de Kawaguchi Matsutarô
Avec Kawaguchi Hiroshi, Nozoe Hitomi, Mimasu Aiko, Ozawa Eitarô et Murase Sachiko
Synopsis : Kinichi et Akiko se rencontrent lorsqu’ils rendent visite à leurs pères en prison. Tous les deux sont à la recherche d’argent pour les libérer.
Je trouve qu’il y a toujours quelque chose de passionnant à retourner vers les classiques d’antan. Les grands classiques du film noir Américains, la nouvelle vague du cinéma Français, les grands classiques Japonais de Kurosawa et j’en passe. Il y a toujours quelque chose de fascinant à découvrir ou redécouvrir les grandes œuvres, avec notre sensibilité du moment. Non pas pour pester une nouvelle fois avec le « c’était mieux avant », mais pour mieux appréhender des œuvres parfois, pour continuer de découvrir d’autres œuvres que l’on ne connaissait pas encore, pour constater l’évolution des techniques, mais aussi l’évolution des modes, ou des éléments qui semblaient importants pour raconter une histoire. C’est dans cette optique que j’ai découvert pour la première fois le film Les Baisers de Masumura Yasuzô, film culte de 1957. Une histoire simple, très simple même, que l’on pourrait résumer en disant qu’il ne s’agît que de la rencontre et de la romance entre deux personnages, sur deux jours, le tout sur seulement 1h14, dans un beau noir et blanc d’époque, et voilà. Bon, d’accord, en réalité, c’est un peu plus compliqué que ça. Kinichi et Akiko se rencontrent, un peu par accident, à la prison, alors qu’ils rendent tous les deux visite à leur père respectif, chacun enfermé pour une raison en particulier (fraude fiscale par exemple), et chacun pouvant être libéré sous caution, fixée à 100 000 yens. Akiko attire immédiatement l’œil de Kinichi, lorsqu’elle quitte la prison, en pleurs, après une visite. Les deux semblent immédiatement opposés, mais comme on dit toujours, les opposés s’attirent non ?
Kinichi, c’est le jeune homme, encore étudiant, au franc parlé, qui garde ses distances envers les émotions, qui ne pardonne pas vraiment son père, et dont le détachement envers les événements pourrait très bien être vu comme une manière d’éviter à tout prix de finir comme ses parents, séparés depuis quelques temps. Akiko elle, c’est l’opposé, très émotive, aimant son père et prête à tout pour récolter la somme et le faire sortir, travaillant déjà et gagnant péniblement sa vie en se dénudant pour des peintres. Ça n’aurait pu ou dû n’être que deux âmes opposées se croisant à de multiples reprises dans l’enceinte froide d’une prison, mais un geste de Kinichi va les rapprocher, et les voilà embarqué pour une journée ensembles, à s’amuser, à profiter sans penser aux lendemains, sans penser à rien d’autre. Les Baisers propose en premier lieu donc une relation simple, mais plutôt belle, où l’attirance s’exprime par les gestes anodins plus que par les mots contrairement à aujourd’hui, et nous dépeint dans un sens une jeunesse voulant se libérer du passé familial, de rompre tout lien, et du coup, de ne penser à rien, de se forger leur propre chemin en fonction de leurs propres choix. Le métrage est intéressant à ce niveau, puisque là où beaucoup n’auraient livrés passé le point de départ qu’une simple romance, le film malgré sa courte durée a beaucoup plus à proposer. Ce n’est pas anodin en réalité que le lien qui semble rapprocher au départ nos deux héros, outre leur père en prison, est l’argent, cette somme à réunir pour payer la caution de leurs parents. Et donc par extension, les choix qu’ils feront, qui les mèneront sur une voie, ou sur une autre.
Vont-ils faire un bout de chemin ensembles ? Vont-ils rester intègre ? Kinichi va-t-il enfin s’ouvrir et laisser s’échapper les quelques mots qu’Akiko aimerait beaucoup entendre ? Cette dernière, désespérée, va-t-elle dire non à son bonheur juste pour récupérer l’argent et ainsi se retrouver auprès de son père ? Le propos a beau être simple, le film a énormément à proposer, et les deux acteurs principaux rendent immédiatement leurs personnages attachants. Kawaguchi Hiroshi et Nozoe Hitomi sont tous les deux très bons, et sous la caméra de Masamura, qui signe d’ailleurs là son tout premier film (le premier d’une très longue série), on pourrait presque y voir là le reflet d’une certaine vision Américaine. Kinichi ne serait pas un peu, d’une certaine manière, vu comme un jeune homme séducteur mais qui au départ se refuse l’amour, comme un James Dean ? Qu’importe en réalité, car même sans ce possible rapprochement, le film se laisse suivre comme un petit bonbon sucré qui fait plaisir, le plus souvent léger, et où on se laisser aller, comme nos personnages, notamment dans la première partie du récit, la plus réussie. La seconde, sans doute un peu plus faible, et se déroulant le jour suivant, reste malgré tout intéressante puisque dans son message semble aller à l’encontre d’une certaine tradition Japonaise vis-à-vis de la famille, en tout cas en ce qui concerne Kinichi. Et ce point de vue, surtout en 1957, est intéressant.
Les plus
Des thématiques intéressantes dans le fond
Un film souvent doux et très plaisant
Le duo principal, attachant
Court et n’étirant jamais son intrigue et ses idées
Les moins
Une seconde partie un peu plus classique dans son déroulement
En bref : Les Baisers est une belle surprise, une romance douce dans le Japon des années 50, où deux personnes se rapprochent avec au départ juste comme point commun le fait que leur père est en prison. Une relation douce, amusante, insouciante peut-être parfois, mais plaisante, très courte et attachante.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some interesting themes ♥ A sweet and pleasant film ♥ The main characters, likeable ♥ Short film, it doesn’t need more |
⊗ The second half is more predictable |
Kisses is a nice surprise, a sweet romance in Japan during the 50s. A sweet and amusing romance, short and easy to like. |