Titre Original : Kagekiha Opera – 過激派オペラ
2016 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h30
Réalisation : Emoto Junko
Musique : Harada Tomohide
Scénario : Emoto Junko et Yoshikawa Nami
Avec Saori, Nakamura Arisa, Sakurai Yuki, Morita Suzuka, Sakuma Mayu, Gotô Yûmi, Ishibashi Honoka, Shuri, Andô Tamae et Endo Runa
Synopsis : Lorsque la réalisatrice de théâtre Naoko tient une audition pour la première production de sa nouvelle société, une troupe de femmes uniquement, elle se retrouve fascinée par Haru, une nouvelle venue. Haru devient alors l’interprète principale, et sa relation avec la réalisatrice va rapidement amener des tensions au sein de la troupe.
Sorti en Octobre 2016 au Japon puis présenté sous son titre The Extremists’ Opera en Juillet 2017 aux Etats Unis (en festival bien entendu), le métrage est un de ceux qui divisent. Emoto Junko, coscénariste, réalisatrice, et au départ, auteur du roman adapté qui est autobiographique, du moins en parti, signe là un métrage qui semble lui tenir à cœur, un métrage engagé, qui nous invite à plonger dans un univers qui ne nous est pas particulièrement familier. A savoir donc que l’on nous invite à l’intérieur d’une petite troupe de théâtre exclusivement féminine, avec ce que cela comporte de répétitions, de cris de rage, de cris de joie aussi, et de relations lesbiennes. Mais là où le procédé aurait, comme souvent, été confié à un homme qui aurait donné sa vision plutôt faussée et racoleuse sur la question, nous nous retrouvons avec Emoto Junko pour mettre en scène tout ça. Un bon point donc, qui se remarque dés la scène d’ouverture. Mais revenons donc à nos moutons. Kagekiha Opera donc, ce n’est pas un film révolutionnaire, autant dans ce qu’il raconte, et l’un de ses principaux défauts d’ailleurs sera son côté trop long. Nous suivons une troupe de théâtre dans leurs déboires au quotidien, avec répétitions, improvisations, soucis avec le voisinage, et histoires d’amour entre femmes. On remarque d’entrée de jeu les choix de la réalisatrice pour filmer les différents aspects de son film, avec une alternance entre calme et chaos. Lorsque les jeunes femmes répètent, c’est souvent le chaos ambiant qui est en avant. La caméra est alors à l’épaule, elle suit les personnages, les jeunes femmes crient, donnent tout ce qu’elles ont, gesticulent.
Elles s’amusent autant qu’elles semblent stresser. Dans ce sens, le processus créatif est plutôt réaliste, puisque s’il fallait mettre quelques mots sur tout ça, l’on pourrait dire que la création est un chaos en mouvement perpétuel. Voir toutes ces jeunes femmes crier, gesticuler, et parfois, juste, profiter de l’instant présent, comme lorsqu’en pleine répétition, elles partent alors dans la rue, en sous-vêtements, sous un jet d’eau, il y a au départ quelque chose d’amusant et surtout de réaliste à tout ça. A côté donc, la réalisatrice nous montre bel et bien les ébats amoureux de notre équipe, sous la couette (ou au-dessus), et la caméra change alors radicalement d’optique, optant alors le plus souvent pour des plans fixes, quelques travellings, renvoyant une certaine image naturaliste de leurs relations, et il faut avouer que ça fonctionne, ça ne fait jamais tâche, et que cela permet un bon contrepoids avec la partie créatrice, chaotique, et donc, bruyante. Les actrices donnent de leur personne, peu importe la partie concernée, et il est parfois amusant de voir le prolongement de la personnalité d’un personnage d’une partie à l’autre du récit (comme une réalisatrice autoritaire et sérieuse au travail qui est tout aussi entreprenante dans sa vie privée), ou à contrario, voir les opposés, avec certains personnages répétant au quotidien de manière bon-enfant, et devenir alors plus possessive et jalouse, ou pleine de doute dans la vie privée. Sans être d’une originalité débordante, le film a le mérite de nous proposer un contenu qui semble le plus réaliste possible, et aussi de nous faire parfois sourire, lors de petits moments de rien du tout, ou lors finalement des représentations face au public.
Seulement tout ça, ce propos, et où tout cela peut mener, cela reste relativement léger et surtout prévisible, puisque le film, dans sa quête de véracité, semble ne jamais réellement se renouveler, amenant alors malgré sa durée assez concise de 1h30, une certaine redondance, notamment dans la seconde partie, trop proche de la première tout en étant prévisible. On le sait depuis le temps qu’il est parfois dangereux de mélanger travail et plaisir. Et à force de répétitions, de cris, le spectateur devient quelque peu lassé du spectacle proposé. Toujours plus de cris, toujours plus de relations entre femmes et de possibles conflits internes qui ne demandent qu’à exploser. Néanmoins, il faut également souligner malgré tout que contrairement à un Iguchi mettant quelque peu en scène la même chose mais avec des étudiantes en cinéma avec son Devotion to Cinema, Kagekiha Opera a le mérite d’être plus intéressant, moins gratuit, et d’avoir un réel regard sur ce qui est filmé. Ereintant sur la durée, trop répétitif et donc prévisible, mais intéressant. Notons d’ailleurs dans l’un des rôles principaux la présence de l’ancienne gravure idole Morita Suzuka, devenue avec le temps actrice (dans des sentai et quelques petits films horrifiques) et musicienne (elle donne des live musicaux régulièrement), et maintenant s’amusant justement à jouer au théatre.
Les plus
Un casting qui se donne à fond
Les répétitions sont amusantes
Un vrai regard de mise en scène
Les moins
Un peu répétitif, et donc prévisible
Ereintant à force de cris
En bref : Kagekiha Opera est un métrage portant un regard intéressant sur cette troupe de théâtre, leurs répétitions, leurs faux pas, et leurs relations entre elles. Il y a une vraie réflexion dans la mise en image, et le casting se donne à fond, mais ça tourne malgré tout assez rapidement en rond, d’où un final qui passionne moins, car prévisible.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The cast believes in it, screams, moves ♥ Some repetitions are funny to watch ♥ Some real ideas visually |
⊗ A bit repetitive, and so, predictable ⊗ Tiresome, because so many screams, again and again |
Kagekiha Opera has an interesting look on this theater’s troop, their work, repetitions, their mistakes and the relationship between them. There is a real reflection behind it, and the cast believes in it, but it’s too long, too repetitive, and in the end, the final act is less interesting. |