SPAWN de Mark A.Z. Dippé (1997)

SPAWN

Titre Original : Spawn
1997 – Etats Unis
Genre : Super Héros
Durée : 1h36
Réalisation : Mark A.Z. Dippé
Musique : Graeme Revell
Scénario : Alan B. McEloy

Avec Michael Jai White, John Leguizamo, Martin Sheen, Theresa Randle, Nicol Williamson, D.B. Sweeney, Melinda Clarke et Miko Hughes

Synopsis : Al Simmons, un agent des services secrets américain, est éliminé lors d’une explosion en mission dans une usine d’armes biochimiques sur l’ordre de son patron Jason Wynn. Arrivé en enfer, il conclut un pacte avec le démon Malebolgia dans le but de revoir sa femme Wanda. En échange, il devra mener les armées du Mal dans leur ultime combat contre les forces du Bien. Simmons devient alors un guerrier aux pouvoirs surnaturels : Spawn. Mais entretemps, Wanda a refait sa vie avec Terry Fitzgerald, le meilleur ami de son défunt époux.

Dans les années 90, les studios ne comprenaient clairement pas ce qu’ils adaptaient. Il faudra attendre le début des années 2000 pour voir débarquer des films comme X-Men et Spider-Man. Mais nous sommes en 1997 ici, et les studios livrent des Batman Forever et Batman et Robin, un traumatisme profond pour beaucoup les ayant découvert à leur sortie au cinéma. Ce qui fut mon cas. Spawn, je connaissais sa peu glorieuse réputation, et j’avais fais l’impasse. Mais parfois, on a envie de rire un bon coup et on se lance dans l’inavouable. Et Spawn, ça a dépassé toutes mes espérances. Sans perdre une seconde, dès l’ouverture, avec des CGI qui semblent venir de l’ère Playstation 1, et des effets de montage qui auront presque déclenchés chez moi un AVC, c’est vous dire le niveau. Spawn est une expérience, mais une expérience qui peut fermer le clapet à Disney, Black Panther n’était pas le premier super héros noir, voilà. Loin de là puisqu’il y avait aussi Steel et Blade. Mais revenons à Spawn. Spawn, c’est donc l’histoire de Al Simmons, agent pour le gouvernement, tueur, qui compte bien mettre un terme à ses activités, sauf que son patron ne l’entend pas sous cet angle, et Simmons passe de vie à trépas. Cinq ans plus tard, Simmons est ramené à la vie après un petit séjour dans l’enfer des CGI, et va tenter de se venger. Sauf que les choses sont légèrement plus complexes qu’elles ne semblent l’être, puisque son ancien patron travaille lui aussi pour le diable (enfin, Malebolgia), et qu’un clown un brin vulgaire va rapidement voler la vedette à tout le monde. Ce clown, c’est John Leguizamo, qui n’était dans les années 90 pas à une mauvaise décision près (Super Mario Bros), et si on ne retiendra qu’une chose moins négative que les autres du film, ce sera lui.

Il vole littéralement la vedette à tout le monde dans le film, alors que sur le papier, en effet, il y a du casting et c’est très loin d’être honteux. Michael J. White joue Spawn, et devra affronter donc John Leguizamo, Martin Sheen ou encore Melinda Clarke. Et pour se faire il pourra compter sur l’aide de Nicol Williamson, ainsi que du gamin Miko Hughes, qui reste encore aujourd’hui une frustration que j’aurais aimé baffer dans Freddy Sort de la Nuit. Mais un casting ne fait pas tout, surtout quand on leur demande de jouer dans Spawn. Voulant énormément mettre en avant les progrès technologiques, la barque est menée par d’anciens spécialistes des effets visuels ayant travaillés par exemple sur Terminator 2 ou Jurassic Park. Mais ici, ils ont très rapidement l’air d’être dépassés par les technologies dont ils voudraient vanter les mérites, et le résultat à l’écran est tout simplement calamiteux. Le plus beau, c’est qu’ils n’en ont jamais honte, ils affichent ces mauvais CGI, les crache à l’écran sans jamais questionner la qualité, et c’est souvent un spectacle de tous les instants. Que ce soit quelques créatures infernales ou bien plusieurs scènes se déroulant en enfer, c’est tout simplement honteux, et n’importe quelle personne normalement constituée ouvrira grand les yeux devant un tel spectacle, ou plutôt un tel accident industriel. En plus, et on le sent, dés le début, mais l’équipe a tellement tout misé sur le visuel qu’ils ont oubliés le reste. Du coup, en plus de nous agresser les yeux constamment, le métrage ne sait pas comment nous raconter le peu qu’il a à raconter, devant alors à de très nombreux moments, et ce dés l’ouverture, nous offrir une voix off pour nous situer les personnages, les enjeux, l’histoire en réalité. Tristesse. En plus, dés que le métrage se décide à nous raconter des choses, c’est là que le montage s’emballe, avec effets de styles, transitions foireuses et j’en passe.

Au final, l’intrigue d’ailleurs, elle n’est pas plus mauvaise qu’ailleurs, on est clairement dans une histoire très classique introduisant un super héros, avec sa résurrection, sa découverte des pouvoirs, sa vengeance. Du classique, mais ça ne veut pas dire que ça n’aurait pas pu fonctionner. Si les CGI eux sont souvent une honte, on notera malgré tout que la cape de notre héros n’est pas si mal faite. L’action quant à elle, avec fusillades, explosions et j’en passe, est filmée assez platement. Jamais rien de véritablement excitant, de surprenant. Malgré un budget confortable, Melinda Clark souvent filmée en contre-plongée, une multiplication des scènes d’action avec fusillades, courses poursuites en moto et monstres géants à combattre dans des ruelles, rien ne prend. L’aspect R-Rated du métrage, en Director’s Cut du moins, reste un mystère, tant ni le côté violent de l’action ni la noirceur de l’histoire ne viendra clairement justifier tout ça. Le design de Spawn, s’il n’est pas mauvais en soit, n’est quasiment jamais présent dans le métrage, tant il ne portera sa tenue iconique que le temps d’une toute petite poignée de scènes, préférant afficher son visage de grand brûlé 80% du temps. Que reste donc il réellement à dire sur Spawn, de manière positive ? On pourra dire que certains designs, lorsqu’ils n’ont pas recours à l’imagerie numérique, sont plutôt sympathiques. Et que même si au final, il est vulgaire et peu intéressant, John Leguizamo a l’air de s’éclater dans son rôle, et du coup, il nous réveille face à un film ennuyeux. C’est peu, je sais.