GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE (Godzilla X Kong: The New Empire) de Adam Wingard (2024)

GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE

Titre Original : Godzilla X Kong The New Empire
2024 – Etats Unis
Genre : Au moins là il se passe des choses
Durée : 1h55
Réalisation : Adam Wingard
Musique : Tom Holkenborg et Antonio Di Iorio
Scénario : Terry Rossio, Simon Barrett et Jeremy Slater

Avec Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Dan Stevens, Kaylee Hottle, Alex Ferns, Fala Chen, Rachel House, Ron Smyck et Chantelle Jamieson

Synopsis : Godzilla et Kong affrontent un monstre terrifiant qui menace la planète entière.

Il devient très difficile de savoir vers quoi se dirige le fameux Monsterverse de la Warner et de Legendary Pictures. Le savent-ils eux-mêmes d’ailleurs ? Pas si sûr. En tout cas, elle semble bien lointaine, l’époque du premier film de Gareth Edwards, où Godzilla revenait sur grand écran après de très longues années de pause (autant en Amérique après le désastreux film de Emmerich en 1998, qu’au Japon après le pas très bon Final Wars de Kitamura). Un film qui se voulait sérieux, sombre, et avait, malgré des faiblesses (le côté humain), un point de vue sur ce qu’il racontait, et surtout comment il voulait le montrer. Vint ensuite un Kong Skull Island (que je ne jugerais pas, ne l’ayant pas vu), puis un Godzilla II King of the Monsters, qui n’a pas convaincu le public… mais m’avait plutôt convaincu, de par le spectacle généreux proposé, malgré là aussi des grosses faiblesses d’écriture. C’était, dans le fond, un peu moins sérieux dans le propos, mais l’on pourrait dire que ça rendait hommage aux années 80 de Godzi, avec ses affrontements contre Ghidorah, Mothra et autres kaijus grandioses. Puis vint le drame, la Warner confia les rênes à Adam Wingard (Death Note chez Netflix) pour un Godzilla VS Kong toujours plus con dans le fond, mais incroyablement lent et assez radin dans le spectacle proposé. Du coup, oui, où allait le Monsterverse, on se le demandait ? Et bien Wingard revient avec ce nouvel opus, et la réponse est claire maintenant. Si chez Edwards, on rendait hommage au sérieux et au gigantisme de sa créature, puis à la générosité des affrontements dans le film de Dougherty, chez Wingard, on rend plutôt hommage aux années 60 et 70 de la saga, et en particulier, aux opus signés Fukuda Jun. Et ça, sachant le mal qu’il a pu faire à la saga (Le Fils de Godzilla, Godzilla contre Megalon), ça fait mal justement. On y retrouve ici le même ton parfois léger, enfantin, les idées saugrenues (débiles ?). La différence, c’est que le budget lui n’est pas le même, entre les films bricolés par Fukuda et les millions injectés par les studios.

Bon, Wingard a l’air malgré tout de ne toujours pas vraiment apprécier Godzilla tant celui-ci reste en retrait durant 80% du film, et Kong lui vole la vedette (pas de bol pour moi, je n’aime pas Kong), mais il change au moins son fusil d’épaule sur un point. Ici, pas besoin d’attendre une heure pour que ça se bouge, le métrage se fait plus généreux, enchaînant les idées saugrenues les unes après les autres, comme justement pour coller à l’ambiance décomplexée des années 60 et 70. En effet, on y retrouve, en gros, un peuple caché dans les profondeurs de la terre, encore plus de titans, un peuple de singes bien méchants, des mythes enfouis, des couleurs qui explosent la rétine dans tous les sens. On se croirait presque revenu à l’époque de Godzilla contre Megalon, le tout avec le budget d’un bon gros blockbuster. Mais budget ou pas, et bien, Megalon, c’était tout pourri, et Godzilla X Kong, ça l’est tout autant, surtout qu’en cours de route, on a un peu l’impression que les producteurs, ou les scénaristes, ou les deux, ensemble, se sont dit que tiens, pourquoi pas en fait en faire un buddy movie, où les flics seraient remplacés par Godzilla et Kong. Et le tour est joué. Bon, ça fait toujours peur lorsque l’on voit qu’il aura fallu trois scénaristes pour imaginer toute cette histoire, mais bon, pourquoi pas. D’ailleurs, fait amusant, mais là où les précédents montraient souvent les créatures dans des environnements humains, et jouaient sur le gigantisme (même si ça se perdait beaucoup dans le dernier film), ici, Wingard adapte sa mise en scène comme pour encore une fois coller à ce que Fukuda avait fait. Ainsi, tout est souvent filmé à hauteur de monstre, et finalement, ils n’impressionnent plus, tant ils ne paraissent plus géants, effrayants, destructeurs, ni rien. A ce stade en réalité, on se dit qu’au lieu de filmer autant de fonds verts, voire en fait de tout faire par ordinateur, Wingard aurait pu assumer jusqu’au bout et mettre des mecs en costumes comme à la « bonne » époque.

Donc ici, un peuple caché de méchants singes veut prendre possession du monde du dessus, du coup, Kong, qui cherchait d’autres singes, il va se fighter, pendant que Godzilla, sachant ce qui se prépare, passe 80% du film à se charger en énergie (histoire de rester loin de l’intrigue pendant tout ce temps, vu que le réalisateur il n’a pas l’air de bien l’apprécier). On va rencontrer, dans la plus grande naïveté, un peuple qui lui aussi était caché, de nouveaux mythes et nouvelles légendes débarquent, on a encore des humains qui énervent (forcément, fallait garder le noir complotiste relou du film précédent), les méchants singes vivant dans une grotte (là encore moins je pense au peuple kitch de Megalon), et un Godzilla qui perd de sa superbe de film en film, passant du pas lourd et destructeur en 2014 à la créature athlétique faisant de grandes enjambées. Enfin, pour le peu qu’on le voit, le réalisateur venant de temps en temps nous mettre une petite scène pour nous rassurer et nous le montrer… pendant 10 secondes, avant de repartir sur Kong. D’ailleurs, il ajoute aussi un mini Kong dans le récit, comme pour coller encore une fois à cette naïveté des années 70. Malgré tout ça, malgré la stupidité de l’ensemble, ses choix douteux, il faut aussi avouer que Godzilla X Kong se fait bien plus généreux que le précédent, et donc, s’avère bien moins pénible à endurer. Et surtout, il semble, dans un sens, conscient de sa propre bêtise et donc en rajoute constamment une couche, quitte à atteindre l’overdose, quitte à ce que le public se facepalm (ou adore), avec ce mini Kong, le retour de Mothra, ses couleurs rose fluo dans tous les coins, et ce Godzilla tellement agile qu’il n’a de Godzilla quasiment plus que le nom. Il suffit de le voir se battre dans un moment sans gravité, sautant de rocher en rocher, pour bien comprendre que le réalisateur a juste fait son petit délire à 150 millions, en espérant que le public soit dans le même délire que lui. Godzilla X Kong se regarde comme un plaisir régressif, con, naïf, pas très bon, pas trop long. On en aurait presque honte. Puis on se dira que Minus One, c’était quand même bien cool.

Les plus

Rythme mieux géré que le précédent
Tellement con qu’on peut en rire
Hommage à Fukuda et aux années 60 et 70 ?

Les moins

Incroyablement débile
Hommage à Fukuda et aux années 60 et 70 ?
Godzilla toujours en retrait
Oubliez le gigantisme
Un n’importe quoi ambient et constant
Un buddy movie avec Godzi et Kong, why ?

En bref : Sans surprise, Adam Wingard se surpasse avec ce nouvel opus. Alors, au moins, à sa décharge, il se lâche tellement que la générosité du film peut faire passer la pilule, et le rendre appréciable sur le moment (avec honte). Par contre, quand on repense à comment le Monsterverse a commencé, en termes de ton, ça fait très mal.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A better pacing this time
♥ So stupid you can laugh
♥ A tribute to the 60 and 70s era of Godzilla?
⊗ So dumb
⊗ A tribute to Fukuda?
⊗ Godzilla is there, a bit
⊗ Forget about impressive and giant monsters, it’s filmed like everything else
⊗ It becomes bullshit, all the time
⊗ A buddy movie with Godzilla and Kong, why?
Adam Wingard does better, or worst. At least, this time, the pacing is better, and it’s generous, so you can enjoy it, on the moment. But when you think about how the Monsterverse started, it hurts.

5 réflexions sur « GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE (Godzilla X Kong: The New Empire) de Adam Wingard (2024) »

  1. « Wingard aurait pu assumer jusqu’au bout et mettre des mecs en costumes comme à la « bonne » époque », mais ce sont des acteurs en costume ! En costume numérique, voilà tout. Enfin, acteurs… C’est peut-être un bien grand mot. Il fut un temps où Andy Sirkis jouait Kong, c’était sans doute autre chose.
    Je n’ai vu aucun épisode de cette saga, sauf le Edwards qui, par comparaison au vu de tes chroniques, remonte dans mon estime.
    Je retiens surtout l’équation suivante : Minus One vs Godzilla x Kong = mieux vaut soustraire que multiplier.

    1. Le Edwards est sympa, mais des choses coincent. En plus d’être souvent très frustrant. Le suivant qui se fait souvent démonter, je l’aime bien perso. Mais direct après, ouais, ça se gate clairement et mieux vaut oublier ce que la saga est devenue.
      Ah ah, pas mal, je n’y avais pas pensé tiens ! Tristesse par contre, apparemment MINUS ONE c’est du Netflix maintenant à l’international, donc adieu édition physique… Je me prendrais le blu-ray au Japon !

      1. Oui, j’ai vu ça. Vu que je suis abonné, ça me donne une possibilité de le revoir (sauf qu’il n’est toujours pas proposé à la France).
        Chope toi le blu-ray, c’est sûr, ça sera sûrement une rareté ensuite.

        1. Ah, pas en France… je l’ignorais ça tu vois. Moi qui pensais que Netflix privilégiait toujours les sorties mondiales (sans doute pour ça qu’on n’a jamais eu MAY THE DEVIL TAKE YOU 2 en France, le premier était une exclu Netflix dans le monde, mais le 2 a été choppé au States par Shudder, du coup Netflix l’a délaissé et il n’est pas sorti). Après, on aura peut-être une édition chez nous, quand Netflix perdra les droits, dans 3 ans, ou 4…
          Je comptais le prendre ne t’inquiètes pas. Je ne pense pas que l’édition Japonaise (qui n’a pas de sous titres comme 99% des sorties ici) ne devienne rare par la suite, l’absence de sous titres justement fait que ça s’exporte peu, sauf pour les gros gros collectionneurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *