SAIGON IN THE RAIN (Sài Gòn trong cơn mưa) de Lê Minh Hoàng (2020)

SAIGON IN THE RAIN

Titre Original : Sài Gòn trong cơn mưa
2020 – Vietnam
Genre : Drame
Durée : 1h45
Réalisation : Lê Minh Hoàng
Musique : –
Scénario : Lê Minh Hoàng et Do Hoa Tra

Avec Lương Anh Vũ, Hồ Thu Anh, Hồ Minh Ngọc, Hồ Thành Trung, Việt Linh, Châu Thiên Kim et Trương Thanh Long

Synopsis : A Saigon, sous les pluies constantes, un jeune musicien, Vũ, avec des rêves pleins la tête débarque, et tombe rapidement sous le charme de Mây, une jeune femme réaliste et terre-à-terre.

Saigon in the Rain, c’est le genre de film qui ne mange pas de pain. En lisant l’intrigue, oui, on le connait déjà en réalité le film, tant elle navigue dans un genre assez codifié, et que sa formule, on l’a déjà vu ailleurs. Mais si, vous savez, l’artiste qui débarque dans la grande ville, avec des rêves pleins la tête, mais qui petit à petit, va perdre de vue ses rêves et quelque peu devenir un personnage détestable, alors qu’il avait déjà ce qui était le plus important, à savoir quelqu’un à ses côtés, qui le soutient, le motive, l’inspire même. Rien de nouveau sous le soleil dirons certains. Et c’est totalement vrai. Saigon in the Rain n’invente rien. Mais ce qu’il propose, il le propose avec un certain savoir-faire et en mettant au cœur de son intrigue la ville de, attention les yeux… Saigon. Ce qui passionne donc dans le métrage dans un premier temps, c’est son cadre. Saigon, les pluies incessantes, le côté mélancolique que tout cela donne au métrage, mais également, le Vietnam étant un pays en plein développement économique et social, un côté super actif constant. Le bourdonnement des véhicules dans les rues, les travaux un peu partout, le bruit, les bavardages, les moteurs, les scooters qui font un peu n’importe quoi. La ville donne dans un premier temps une vraie identité au métrage. Refn plaçait sa quête de beauté à Los Angeles pour The Neon Demon, de façon logique vu la ville et ce qu’elle représente, et ici, Lê Minh Hoàng, qui signe son premier long métrage (en plus d’écrire et de monter le film) place le tout à Saigon et se sert de la ville et de son développement pour servir son film. Heureusement, le film a d’autres choses à proposer outre son cadre. Pas forcément dans son intrigue, qui respecte les codes du genre à la lettre, et donc, manque quelque peu de surprises.

On peut prévoir à l’avance tout le cheminement des différents personnages. Autant du côté de Vũ, ce jeune musicien qui rêve de vivre de ses compositions, fait partie d’un groupe qui pour le moment galère comme il peut, en jouant des reprises à des mariages ou en participant à des émissions de téléréalité (le cauchemar)., que du côté de Mây, beaucoup plus réaliste et vivant en vendant des t-shirts et autres vêtements sur les marchés. Tout les oppose, et du coup, forcément, tout les attire. On se doute que tout ne sera pas rose, que les ennuis débarqueront, que Vũ ne fera pas les bons choix et perdra de vu son rêve, et par extension, décevra sa partenaire, qui le verra changer et pas forcément pour le meilleur. Mais là aussi, au final, ça a beau être très classique dans son propos et dans sa narration, c’est suffisamment bien rodé pour ne pas qu’on lui en tienne rigueur, même si quelques surprises auraient été bienvenues malgré tout. Tout se suit de manière prévisible, mais tout se suit très bien. L’écriture reste solide, les personnages attachants, les réactions logiques, et dans un premier temps, la relation naissante entre les deux fonctionne très bien. C’est mignon, tout en évitant la niaiserie, car ça n’en fait jamais des caisses. Un plus toujours appréciable dans le genre. On croit en ces personnages, on s’attache à eux un minimum, on veut les voir réussir ce qu’ils entreprennent, on veut les voir réussir leurs rêves. Beaucoup de petits détails dans la caractérisation des personnages (et de Saigon, que l’on peut voir comme un personnage à part entière) donnent un peu de chair à tout ça, et fonctionnent du coup. L’épaisseur vient donc des petits détails, comme l’origine des deux personnages (le Nord du Vietnam, très différent).

Quant au côté mélodramatique du titre, heureusement, bien qu’il verse totalement dans le genre, Saigon in the Rain n’en fait pas non plus des caisses. Juste ce qu’il faut en réalité pour faire avancer l’intrigue et faire évoluer les personnages. Quand un événement tragique survient, cela affecte Vũ, qui change alors ses objectifs, quitte à détruire tout ce qui l’entoure, tout ce en quoi il croit, ce en quoi il tient. Encore une fois, c’est prévisible dans les faits, mais les acteurs (bon) ainsi que le beau boulot sur le visuel du métrage, ainsi que sur les moments de silences parfois (un silence vaut mieux qu’un long discours) fonctionnent très bien et font clairement passer la pilule. Saigon in the Rain, c’est donc ça. Un film peu surprenant dans les grandes lignes, mais oh combien attachant de par ses petits détails, et surtout attachant car sachant doser les différents éléments de son intrigue, ainsi que par le sérieux général de son entreprise, dans l’écriture, dans la mise en scène, dans l’aspect technique en général, et ce jusqu’à son casting qui fonctionne bien. Le film connait en quelque sorte ses limites, et ne les dépasse pas pour verser dans le mélodrame total dégoulinant de bons sentiments, ou de morale douteuse. Tout cela le rend attachant, divertissant, et même recommandable si l’on sait à quoi s’attendre, et que l’on n’est pas réfractaire au genre en question. Laissez-vous tenter par Saigon et ses décors pluvieux.