BEST WISHES TO ALL (みなに幸あれ) de Shimotsu Yûta (2023)

BEST WISHES TO ALL

Titre Original : Mina ni Sachi Are – みなに幸あれ
2023 – Japon
Genre : Faites gaffes à la famille
Durée : 1h29
Réalisation : Shimotsu Yûta
Musique : –
Scénario : Kakuta Rumi et Shimotsu Yûta

Avec Furukawa Kotone, Matsudai Kôya, Arifuku Masashi, Inuyama Yoshiko, Nishida Hirofumi, Yoshimura Shiho, Hashimoto Kazuo et Nose Keiko

Synopsis : Une jeune femme part à la campagne pour rendre visite à ses grands-parents. Toujours souriants, semblant les plus heureux du monde, la jeune femme va pourtant rapidement s’apercevoir que leur bonheur cache bien des choses.

Shimotsu Yûta s’était fait remarquer en signant le court métrage Best Wishes to All (ou Best Regards to All, mais comme personne ne veut se mettre d’accord sur un titre international, restons sur Mina ni Sachi Are). Quelques prix en festivals, une bonne réputation. Alors quand il a l’opportunité de changer l’essai pour en faire un long métrage, il fonce, surtout que pour l’épauler dans cette tâche, il a une solide équipe technique derrière lui, pour donner vie à sa vision. Mieux, pour transposer sa courte intrigue en long métrage, il reçoit l’aide de Kakuta Rumi, qui avait scénarisé le dernier métrage signé Shimizu Takashi, à savoir Minna no Uta, ainsi qu’un petit polar en 2018 qu’il me tarde de découvrir. Et justement, Shimizu, il est là, comme producteur. Gage de qualité ? Sans aucun doute, tant le réalisateur livre une œuvre qui par certains aspects, surtout pour un premier long métrage, force le respect. Là où beaucoup trop de jeunes réalisateurs tentent encore de réussir en se lançant dans l’horreur, la J-horror, telle qu’on la connait un peu trop bien depuis plus de 20 ans, avec ses spectres à longs cheveux noirs, ses jumpscares parfois bien vus et parfois mal venus, et parfois, du found footage (et parfois même, les trois à la fois), Mina ni Sachi Are fait l’exact opposé. Pas de spectres à cheveux longs, pas de jumpscares, pas de found footage. Un certain retour en arrière d’ailleurs, tant le métrage semble nous ramener à l’époque où les petits villages Japonais cachaient de lourds secrets, et où l’horreur, parfois, ne provenait pas de ce qui nous était étranger, mais justement de ce que l’on pensait connaître sur le bout des doigts. Notamment, via la famille.

Autant dans sa proposition donc qui fait clairement du bien que dans sa technique, Mina ni Sachi Are fait plaisir. Shimotsu Yûta fait preuve d’une belle maitrise technique, où seuls une poignée de plans un poil trop granuleux viennent trahir un budget limité ou un tournage express. C’est simple, pour un premier film, c’est assez impressionnant, dans son découpage, dans sa gestion de l’ambiance, des silences, et surtout, dans sa volonté de prendre son temps, là où beaucoup justement foncent dans le tas cash de peur que le spectateur s’ennuie après quelques minutes s’il ne comprend pas dans l’immédiat vers quoi se dirige ce qu’il regarde. Mina ni Sachi Are cultive les mystères, prend son temps, fait durer le suspense, étire parfois même l’instant pour installer son ambiance, ses doutes. La première heure par exemple, solide à tout point de vue, captive le spectateur, qui n’a pas toutes les clés, et se retrouve quelque peu bousculé par la proposition du métrage, par sa gestion de l’étrange, de cette cellule familiale hors norme, sans toujours savoir s’il doit être effrayé par ce qu’il voit, ou en rire, tant parfois, le film flirte méchamment avec le grotesque. Nous sommes comme l’héroïne, déboussolé. Furukawa Kotone d’ailleurs s’en sort plus qu’admirablement bien dans un rôle pas si simple, cette jeune femme revenant chez ses grands-parents, à la campagne, alors qu’elle vit à la ville, justement pour souffler un peu, malgré quelques craintes suite à un souvenir de jeunesse qui la hante toujours.

Mais la jeune femme n’en est pas à ses débuts devant la caméra, puisqu’elle a déjà tourné dans de multiples séries, et pour quelques gros et petits films, le plus souvent pour des réalisateurs chevronnés (Yukisada Isao pour Revolver Lily, Tsutsumi Yukihiko pour 12 Suicidal Teens ou encore Hamaguchi Ryûsuke pour Contes du Hasard et Autres Fantaisies). Malheureusement, dans sa transition entre court métrage et long métrage, Mina ni Sachi Are se perd quelque peu au fur et à mesure, notamment dans sa toute dernière ligne droite, en allant plus loin dans le grotesque, plus loin dans l’horreur, et en dépassant une certaine limite. Une limite dans sa logique, mais aussi dans ce que le grotesque permet avant de faire clairement sourire, plus que d’inquiéter. Une scène en particulier notamment, dans sa dernière ligne droite, m’aura à titre personnel énormément fait sourire, voire rire, alors que dans les faits, elle n’a rien de véritablement drôle, mais elle paraît tout simplement too much. Comme si le film, pour se conclure, ne savait pas véritablement où s’arrêter et donc y aller encore plus fort que ce qui précédait. Mais c’est justement cette certaine retenue, ou du moins un certain équilibre qui faisait que le tout fonctionnait si bien durant la première heure. Est-ce que tout cela fait du métrage un mauvais film, ou une déception ? N’allons pas jusque-là, puisque malgré quelques réserves, la proposition du film fonctionne, et a un autre atout de taille : celle de marquer le spectateur.

Les plus

Une proposition qui fait du bien
Une ambiance tendue
Grotesque, entre l’inquiétude et le rire jaune
Maitrisé pour un premier long métrage

Les moins

Le film tente d’en faire trop dans sa dernière partie

En bref : Mina ni Sachi Are est une excellente surprise, un film d’ambiance très maitrisé et qui captive, en plus de délivrer quelques images marquantes. Dommage que sur la fin, ça essaye d’en faire trop, sans doute pour marquer plus, plus que de raison en fait.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A nice proposal, far from the usual horror films
♥ A tense atmosphere
♥ Grotesque, between the horror and the awkward laughs
♥ For a first feature, great work
⊗ The film tries to do too much during the last part
Mina ni Sachi Are is an excellent surprise, a film based on its atmosphere, well made and captivating, with a few striking images. Too bad that near the ned, it wants to do more, to go further.

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