MEURTRE PAR PROCURATION (Nightmare) de Freddie Francis (1964)

MEURTRE PAR PROCURATION

Titre Original : Nightmare
1964 – Angleterre
Genre : Thriller
Durée : 1h23
Réalisation : Freddie Francis
Musique : Don Banks
Scénario : Jimmy Sangster

Avec David Knight, Moira Redmond, Jennie Lindsen, Brenda Bruce, George A. Cooper, Clytie Jessop et Irene Richmond

Synopsis : Une femme est conditionnée par l’intermédiaire de ses cauchemars, afin d’assassiner une autre femme. La tache accomplie. L’instigatrice de la manipulation peut enfin épouser celui qu’elle convoite, mais est bientôt assaillie a son tour par des cauchemars de meurtres.

Nightmare, renommé dans nos contrées Meurtre par Procuration, est un film un peu méconnu du catalogue de la Hammer, puisqu’il ne contient pas l’un des monstres du catalogue et qu’il date de 1964, époque où, avouons le, la Hammer connaissait déjà une petite baisse de popularité (et de qualité). Et ironiquement, il s’agît probablement d’un des meilleurs essais de la Hammer en dehors de leur genre de prédilection. Pas de Dracula, de loup garou ou de momie ici, mais un thriller, et plus particulièrement une plongée dans la folie avec un peu de manipulation par dessus tout cela. Jimmy Sangster livre un scénario plutôt travaillé dans un genre qui semble lui tenir à cœur, puisqu’il reviendra plusieurs fois au thriller manipulateur, allant jusqu’à réaliser des années plus tard Sueur Froide dans la Nuit en 1972, sa dernière mise en scène, sur un de ses scénarios. Mais là, 8 ans auparavant, il maîtrise totalement son scénario pour nous passionner, là où son propre métrage des années plus tard ne convaincra qu’à moitié, sans non plus être une honte. Il faut dire que si Jimmy Sangster aura donné ses lettres de noblesse à la Hammer en écrivant les scénarios de nombreux titres, il est un réalisateur parfois un peu bancal, sachant gérer le suspense mais pas ce qui l’entoure. Le premier excellent choix de Meurtre par Procuration est de confier la mise en scène à Freddie Francis.

Autant connu comme réalisateur que comme directeur de la photographie, il aura laissé la photographie de côté justement en 1964 pour se concentrer sur la mise en scène, non sans avoir livré un travail tout simplement éblouissant sur Les Innocents en 1961. C’est l’année suivante qu’il commence la mise en scène, avec un rythme effréné d’ailleurs, allant parfois jusqu’à livrer 3 films par an, souvent pour la Hammer. À quelques films près, il lâchera la mise en scène à la fin des années 70 pour redevenir directeur de la photographie, et il n’aura absolument pas perdu la main, s’occupant des éclairages de Elephant Man, Dune ou encore bien plus tard des Nerfs à Vif. Rien que ça. Bref, pour mettre en scène et éclairer la folie, la manipulation et le doute, Freddie Francis était le réalisateur parfait. Un réalisateur qui sait forcément composer des images fortes, jouer sur l’obscurité, le contraste, parfois même la surexposition. Si j’insiste énormément sur le choix du réalisateur, ce n’est pas anodin, loin de là. J’aurais même pu dire que le réalisateur s’inspire de Répulsion de Polanski, sauf qu’il le devance d’un an… En fait, le métrage s’inspire surtout pour son scénario du cinéma de Hitchcock, et la mise en scène fait le boulot pour mettre le doute. Janet, torturée par ses cauchemars depuis le meurtre de son père par sa mère étant enfant, est envoyée chez elle par son avocat, surveillée par l’infirmière Grace. Mais une fois sur place, les cauchemars reprennent.

Se déroulant quasiment intégralement dans une maison de campagne, Freddie Francis s’amuse sur l’obscurité, sur la profondeur, nous cache souvent l’intégralité de la maison pour brouiller nos repères, tandis que l’histoire ose faire des choix comme celui de changer de ton et de personnage à mi chemin. Et ça fonctionne pleinement, Meurtre par Procuration passionne, flirte presque avec le fantastique, et semble en avoir inspiré plus d’un par la suite malgré les influences qui sont elles mêmes au cœur du récit. La première partie du métrage fonctionne à merveille, grâce à une scène d’ouverture prenante, mettant immédiatement un rythme et une tension dans le récit, et ce jusqu’à la scène clé, choc, permettant au récit de plonger dans sa seconde partie, plus étrange et tortueuse. En changeant de point de vu, le métrage se permet d’apporter du neuf au sein même de son récit, de sa structure et de son rythme. Il se permet même de verser presque dans le fantastique. Oui, Meurtre par Procuration, bien que méconnu, et n’ayant pas eu le succès mérité, est un des grands films de la Hammer. Certes différent, plus psychologique et terre à terre, mais au récit affuté, à la mise en scène aux petits oignons, tout en étant en plus ultra rythmé, prenant et mystérieux. Le genre de films que l’on aimerait voir plus souvent.

Les plus

Une mise en scène de haute volée
Un scénario plutôt malin
Une structure bien trouvée
La mise en avant de la folie

Les moins

On pourra dire que le scénario emprunte beaucoup à Psychose

En bref : Thriller horrifique parfaitement maîtrisé, le scénario intéresse malgré ses emprunts et est sublimé par une mise en scène parfaite.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Visually stunning
♥ The script is clever
♥ Good narration
♥ The madness
⊗ But yes, it borrows a lot from Psycho
A great horrific thriller with an interesting script despite the similarities with Psycho.

2 réflexions sur « MEURTRE PAR PROCURATION (Nightmare) de Freddie Francis (1964) »

  1. C’est une perle noire que tu nous as trouvés là ! Visiblement, Francis a pris en charge la’mise en scène mais ne néglige pas pour autant la photo qui semble superbe ! Je vais essayer de me dénicher cela en br.
    Merci du conseil 🙏

    1. Cette chronique trainait dans mes dossiers depuis 5 ans…. A l’époque, je crois qu’il n’y avait pas de Blu-ray, maintenant, ça a peut-être changé. J’espère car oui, j’en garde un très bon souvenir et me relire et revoir les captures m’a donné envie de le revoir 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *