CITY OF DARKNESS (九龙城寨之围城) de Soi Cheang (2024)

CITY OF DARKNESS

Titre Original : Twilight of the Warriors: Walled In – 九龙城寨之围城
2024 – Hong Kong
Genre : Action
Durée : 2h06
Réalisation : Soi Cheang
Musique : Kawai Kenji
Scénario : Au Kin-Yee, Chan Tai-Kee, Li Jun et Shum Kwan-Sin

Avec Louis Koo, Sammo Hung, Richie Ken, Raymond Lam, Chun-Him Lau, Philip Ng, Tony Tsz-Tung Wu, German Cheung et Chung-Chi Cheung

Synopsis : Chan Lok-kwan est un clandestin qui arrive à Hong Kong dans les années 80. Poursuivi par les hommes de Mr. Big, il se réfugie dans la citadelle de Kowloon qui est le territoire de Tornado.

Au départ appelé Kowloon Walled City, Twilight of the Warriors : Walled In, renommé pour sa sortie Française City of Darkness, est un projet qui revient de loin, de très loin même. Adaptant donc un comics Chinois, le métrage en effet était déjà annoncé au début des années 2000, et devait, au départ, être réalisé par John Woo et Johnnie To, avec un bien beau casting composé de Chow Yun-Fat, Andy Lau, Tony Leung, Louis Koo, Anthony Wong et j’en passe. Sacré projet, qui n’aura pas avancé d’un poil, puis fut relancé en 2013 avec ce coup-ci Derek Kwok à la mise en scène et Donnie Yen dans le rôle principal. Puis silence radio une nouvelle fois, avant que le projet ne refasse surface en 2021 pour la forme qu’on lui connait aujourd’hui, avec Soi Cheang derrière la caméra, Wilson Yip à la production, et Louis Koo et Sammo Hung devant la caméra en ennemis jurés. Mais surtout, le film, avec l’aura dont bénéficie le réalisateur Soi Cheang depuis la sortie acclamée de Limbo, était attendu plus que jamais, fantasmé par beaucoup. Mais ce qu’il faut bien garder en tête, alors que beaucoup l’ignorent (ou l’ignoraient, depuis, le film est sorti en France), c’est que oui, le métrage est avant tout une adaptation d’un manhua, et qu’il en garde donc par essence les tics, et que Soi Cheang semble vouloir respecter tout ça. Ceux qui attendent donc un polar noir de chez noir dans les murs de Kowloon pourront donc lever un sourcil par moment face à certains choix, face à certains personnages. Et je dois bien avouer que ce fut mon cas, notamment dans la dernière partie du récit. Car au départ, même si on est très loin du polar noir que l’on pouvait attendre, ça se suit à la perfection. Chan Lok-Kwan (Raymond Lam) est donc un clandestin, qui après avoir volé de la drogue à Mr Big (Sammo Hung), se réfugie à Kowloon, citée fortifiée bien connue gérée par Tornado (Louis Koo), qui va un peu le prendre sous son aile (après l’avoir tout de même défoncé).

Une introduction qui laisse entrevoir pleins de belles choses. Un ton noir, une vision sombre de Kowloon, des gangs, des bastons, des os brisés. Bref, tout ce que l’on est en mesure d’attendre en réalité du réalisateur de Limbo, SPL 2 et j’en passe. Et puis oui, ce casting de folie mine de rien, il fait plus que plaisir. Revoir Sammo Hung faire le méchant, retrouver comme toujours Louis Koo, même certains seconds rôles, ils font plaisir. Et Soi Cheang n’a pas perdu de sa superbe pour filmer, donnant une vraie identité labyrinthique à la cité de Kowloon, le tout aidé par une très belle photographie, et entouré encore une fois de Kawai Kenji pour la musique. Bref, du tout bon, même si une fois l’intrigue véritablement lancée, on remarque surtout que le ton sombre et désespéré que l’on pouvait attendre ne sera pas du tout dans le récit, idolisant ses personnages, les lissant quelque peu sans doute même, pour les rendre appréciable. Tornado donc devient un peu un père de substitution pour notre héros, et fait même dans le fond office de père pour beaucoup de personnages vivant à Kowloon, et cette citée censée représenter la violence, le crime, la drogue, fait finalement office d’endroit familial où tout le monde se soutient et qui donnerait presque envie de s’y installer. Bon, presque, car niveau qualité du logement, on repassera. Mais passé cette petite déception, il faut aussi avouer que le métrage nous donne quelque chose de clairement excitant à voir. C’est fluide, c’est prenant, l’action est de très bonne tenue, et le film fait finalement le choix de lorgner vers le drame, et ça aussi, ça fonctionne même plutôt bien. Les personnages sont attachants, peut-être même un peu trop en réalité, mais comme c’est ce que le film souhaite, il réussit ce qu’il entreprend, sans mal.

Mais en réalité justement, pour moi, les ennuis commencent ensuite, dans le dernier acte du récit, quand après un twist, le métrage se décide à redistribuer les cartes, en donnant une nouvelle motivation à notre héros et ses amis, et en mettant sur le devant de la scène un nouveau méchant, pour le coup beaucoup trop typé manga/comics pour pleinement convaincre dans un récit qui jusque-là faisait office de drame d’action rondement mené. Celui que l’on pourra par exemple appeler le réel méchant de l’aventure a eu l’effet, sur moi, d’une douche froide, tant il conserve toutes les caractéristiques du méchant venant des pages d’un manga/comics/manhua, avec capacités limite surnaturelles en faisant un adversaire cheaté au possible, en plus d’avoir un des pires aspects des méchants HK des années 80 : avoir pour caractéristique principale de rire non-stop face caméra dès qu’il est présent. Et ça, même en ayant su avant de voir le métrage qu’il s’agît d’une adaptation, il est fort probable que mon avis n’aurait pas changé. Ce qui passait à une époque ou bien passe sur les pages imprimées d’un manhua ne passe pas forcément sur pellicule, surtout sur un film qui jusque-là, faisant plus office de drame mâtiné d’action qui décoiffe. Cette dernière partie, malgré un rythme effréné et de bonnes choses visuelles n’aura du coup plus du tout marchée sur moi. Et c’est bien dommage. Reste évidemment que le métrage est très loin d’être mauvais, et dans les faits, reste même une des bonnes surprises HK de ces dernières années, et un des très bons films de 2024. Mais juste, pas du tout aussi bon que je l’avais espéré.

Les plus

Très bonne mise en scène
Un grand casting principal
L’action de très bonne tenue
Une première heure très bonne

Les moins

Une dernière partie moins convaincante
Le grand méchant

En bref : Le dernier Soi Cheang était attendu et fantasmé par beaucoup. Si le spectacle reste très bon, et même très prenant durant toute la première heure, le choix du méchant caricatural avec rire diabolique en option sur la fin déçoit.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Amazing visually
♥ A great main cast
♥ The action is great too
♥ The first hour is really good
⊗ The last part, less convincing
⊗ The bad guy…
The last film from Soi Cheang was awaited, and many had so much fantaisies about it and what it will be. If the film remains entertaining, and really good, even strong during the first hour, the choice of the cliché bad guy with a diabolical laugh in the last part is disappointing.

4 réflexions sur « CITY OF DARKNESS (九龙城寨之围城) de Soi Cheang (2024) »

  1. Je te rejoins. Certes c’est un film très correct, mais je trouve que les problèmes de ton, de personnages, d’écriture en général font très mal à l’ensemble – j’avais envie de lâcher l’affaire dans le dernier tiers. J’espère qu’on aura droit à d’autres films plus consistants sur Kowloon , dans le futur.

    1. Et pourtant, tout le monde est en train de crier au chef d’oeuvre, au renouveau du ciné HK et au meilleur film de 2024.
      Serions nous passés à côté de quelque chose ?

      1. Je ne comprends pas non plus, surtout que j’ai vu de bons films HK récents, avec « l’esprit HK », c’est pas comme s’il n’y avait absolument rien eu ces 10 dernières années… Tiens le premier qui me vient à l’esprit : Detective vs Sleuths. Je ne parle pas de LIMBO car c’est un cas un peu différent.

        1. Oui c’est vrai que DETECTIVE VS SLEUTHS avait bien l’esprit HK, jusqu’à son côté foutraque, et que ça passait très bien, j’avais beaucoup aimé. Même si après, ça reste vrai aussi que c’est plus rare ce genre de films, et que beaucoup d’anciennes gloires tournent soit en Chine, soit dans des coproductions Chinoises, et que le résultat est loin d’être convaincant (il suffit de voir globalement tous les films de Jackie Chan depuis bien 10 ans, son dernier vrai bon film, ça doit être THE FOREIGNER, et encore, réalisé par Martin Campbell donc à part). J’ai ceci dit le dernier Herman Yau de côté à côté, il paraît qu’il est sympa, et a fait un four au box-office.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *