Titre Original : Alien Romulus
2024 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h58
Réalisation : Fede Alvarez
Musique : Benjamin Wallfisch
Scénario : Fede Alvarez et Rodo Sayagues
Avec Cailee Spaeny, David Jonsson, Archie Renaux, Isabela Merced, Spike Fearn, Aileen Wu, Rosie’s Ede et Trevor Newlin
Synopsis : Quelques années après les événements sur le vaisseau Nostromo, un groupe de jeunes colons de l’espace travaillent en tant que mineurs dans l’espoir de rejoindre une autre planète verdoyante, Yvaga. Un des membres propose d’utiliser une station spatiale abandonnée en orbite autour de leur planète actuelle afin de se rendre sur Yvaga. Cependant, ils se retrouvent face-à-face avec la forme de vie la plus terrifiante de l’univers alors qu’ils fouillent les profondeurs de cette station.
La saga Alien, que ce soit devant ou derrière la caméra, c’est compliqué depuis longtemps. Après tout, passé l’opus original de Ridley Scott, beaucoup de films dans la saga furent des enfers de production, et ce dès Aliens le Retour en 1986, par un James Cameron sortant tout juste de Terminator, et ayant parfois bien du mal à imposer sa vision à une équipe technique Anglaise qui préfère ne pas rater l’heure du thé. Alien 3 par David Fincher, c’est l’exemple même de la suite qui partait mal, avec un studio choisissant une date de sortie alors qu’il n’y a pas encore de scénario. Alien Resurrection, c’est un cas à part, avec un Joss Whedon scénariste reniant le résultat final et un Jean-Pierre Jeunet qui lui, a liberté totale dans le ton de son film. Livrant ainsi un film plus léger boudé par certains fans, dont moi. On passera sous silence les deux Aliens VS Predator, parfois divertissant mais jamais bons, avant le retour de la saga sur les écrans pour deux films qui divisent, et qui sont, osons le dire, pas très bons. Prometheus d’un côté, très éloigné des attentes, très beau visuellement, souvent stupide narrativement malgré des ambitions claires et nettes. Puis vint Alien Convenant, qui pour le coup, mit quasiment tout le monde d’accord : ce n’était pas bon. Encore un film souffrant d’une gestation compliquée, entre un Ridley Scott voulant s’éloigner de ce qui fait d’Alien… et bien, Alien, et un studio qui lui veut quelque chose de plus classique après les critiques faites à Prometheus. Résultat des courses : un échec au box-office, et après le rachat de la Fox par Disney, l’annulation pure et simple de projet de suite. Tant mieux dirons beaucoup. Même si, peu importe le résultat, il est toujours triste de voir une histoire de jamais atteindre sa finalité. Alien Romulus, lorsqu’il fut annoncé, faisait peur. Alien chez Disney. Mais l’annonce de Fede Alvarez à la tête du projet redonnait un peu espoir. Loin d’être un tâcheron, visuellement appliqué, il avait su livrer un remake d’Evil Dead plutôt solide, et un Don’t Breathe bien prenant. Alors dans le fond, il est triste de voir le réalisateur se limiter à des remakes ou des suites la plupart du temps, mais why not.
Alien avait après tout sans doute besoin d’un retour aux sources, pour rassurer les fans. Un retour à la série B. Et avec Alvarez, c’était l’assurance d’une série B méchante. Même si l’on pourra aussi dire, vu le côté très codifié de la saga, et du sous-genre qu’il a créé, faire une suite était-elle nécessaire ? Bon, alors coupons court à tout suspense, Alien Romulus est largement meilleur que Alien Covenant. Ce n’était pas dur. Alien Romulus, en se voulant sans aucune prétention, est même meilleur que Prometheus, et en se faisant sérieux et horrifique, meilleur que Alien Resurrection. Le meilleur opus depuis Alien 3 donc ? Oui, assurément. La suite que l’on attendait et méritait ? Pas vraiment non plus, car malgré les bonnes intentions et l’implication du réalisateur pour respecter à la lettre la saga, il la respecte justement un peu trop, et livre pendant un peu moins de deux heures ce que l’on pourra, le plus souvent, considérer comme un best of. Alors oui, il y a bien quelques petites nouveautés intéressantes, notamment en ce qui concerne la « gestation » de l’alien, son passage à l’âge adulte, qui était finalement toujours absent des autres métrages. On aura bien quelques idées de scènes éparpillées qui font plaisir à voir, comme cette scène sans apesanteur, avec de l’acide en bonus. Mais le plus souvent, Alien Romulus fait dans la facilité et le fan service. Alors oui, après les deux précédents opus signés Scott, le fan, il avait besoin de ce « service », mais l’on aurait aussi pu espérer plus. Surtout que dans sa première partie, Alien Romulus présage beaucoup de bonnes choses. Des personnages plus jeunes, normaux, sans compétences particulières, vivant dans un monde qui abuse des ouvriers, sur une planète mal famée, et qui ne font que rêver de se barrer. Si nous montrer la vie de travailleurs sur une planète inconnue pourra dans le fond rappelant les passages de la version longue d’Aliens le Retour, ce n’est finalement pas une mauvaise idée. Même si niveau personnages, Alien Romulus ne livre rien de marquant. Juste des jeunes un peu clichés, dont on oubliera le nom rapidement après vision, mais qui ont au moins le mérite de ne jamais être énervant.
Au final d’ailleurs, seul l’androïde de service s’en sort en jouant sur plusieurs tableaux. Les autres personnages fonctionnent en tant que groupe, mais en tant qu’individus, ce n’est pas la joie. Le film se rattrape sur le reste. Le visuel déjà. On sent qu’Alvarez a tenté de faire le plus de choses possibles sur le plateau, et cela s’en ressent. On se croirait clairement revenu des années en arrière, à cette science-fiction poussiéreuse, poisseuse, vieillotte, mais tangible. Visuellement, le film est très soigné, que ce soit dans ses décors, sa direction artistique, ses accessoires, sa photographie le plus souvent sublime, parvenant à créer parfois une ambiance fort sympathique, horrifiquement parlant. Quant aux Aliens, et bien finalement, on ne les verra pas tant que ça, et c’est une bonne chose. Là aussi on revient à la base. Souvent suggérés, dans l’ombre, se cachant dans les décors. Ça fonctionne très bien, et le réalisateur se fait plaisir en livrant ce qui restera sans doute le film le plus sadique de la saga. Alvarez est sadique envers ses personnages, n’a pas peur de les faire souffrir et de filmer tout ça en gros plan. Le réalisateur filme tout ça comme il faut, et évite justement de se laisser aller à la frénésie avec la caméra ou le montage (comme ce fut parfois le cas dans Alien Covenant). Du coup, la tension fonctionne quand elle doit fonctionner, et quand ça doit faire mal, et bien ça fait mal (malgré un montage parfois étrange qui laisse penser à des coupes). Mais oui, Alien Romulus, malgré toutes ces bonnes choses, c’est la suite que l’on oubliera malgré tout assez vite. Pas mauvaise, loin de là, mais ne surprenant rarement le spectateur. Surtout quand le fan service devient, parfois, envahissant. Parfois, ce sont des éléments dans le décor, puis des situations, puis une reprise musicale, et parfois des dialogues. Alors si parfois, ça fait plaisir, à d’autres moments, ça fait forcé. Le « Get Away from her you Bitch » par exemple est clairement de trop et m’aura plus fait soupirer que sourire.
Mais pire que tout, là où je reste sans doute le plus indécis, c’est dans sa dernière partie, qui semble alors mixer des idées de Alien Resurrection (certes avec un ton plus horrifique et moins loufoque, donc me convenant mieux) avec des designs plus proches de ceux des récentes préquelles signées Scott. Et pour le coup, si ce n’est pas totalement inintéressant d’ailleurs, mon cerveau n’arrive toujours pas à déterminer si l’idée me plait, ou non. Surtout quand le film se termine sur ça. Mais dans le fond, avec sa volonté de plaire à tout le monde, c’était assez prévisible, vu que mine de rien, la saga Alien, elle divise passé les deux premiers opus. Difficile donc de se faire un avis définitif après vision du métrage. On ne passe pas un moment désagréable sur Alien Romulus. C’est tendu, bien fichu, parfois bien méchant, quelques scènes valent le coup d’œil, mais c’est souvent sans surprises et bien trop référentiel pour son propre bien. Au moins, avec son côté sérieux et méchant, Alien Romulus redore un peu le blason de cette trop longue saga. Le meilleur depuis Alien 3, oui. Mais ironiquement, si l’on veut vraiment le meilleur opus depuis des années, il faut se tourner vers le jeu vidéo et Alien Isolation. Encore plus ironique, vu que le jeu, tout comme Romulus, se situe entre Alien et Aliens le Retour.
Les plus
Visuellement, très solide
Quelques scènes bien tendues
Des moments violents et sadiques
En soit, on passe un bon moment du début à la fin
Les moins
Ça manque clairement de surprises
Du fan service parfois bien trop envahissant
Quelques idées venant d’Alien 4 ou Prometheus
En bref : Alien Romulus n’est ni un grand film, ni une honte. Au sein de la saga, qui allait mal depuis bien longtemps, c’est même le meilleur depuis un bout de temps. C’est solide, techniquement réussi, c’est violent et parfois tendu. Mais ça a peur de s’éloigner de ce que l’on connait et c’est beaucoup trop référentiel pour son propre bien. Un bon moment, mais pas inoubliable.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Visually stunning ♥ A few nice scenes with a good suspense ♥ Some violent and sadistic moments ♥ It’s a good movie, entertaining from start to finish |
⊗ It lacks real surprises ⊗ The fan service often becomes too much ⊗ Some ideas from Alien 4 and Prometheus |
Alien Romulus is not a masterpiece or a shame. In fact, for this franchise, it’s even the best film since quite some times. It’s technically strong, violent, with a good suspense. But it’s often afraid to do new things, so it uses fan service, way too much for its own good. A good moment, but not the best. |