UZUMAKI de Nagahama Hiroshi et Moriyama Yûji (2024)

UZUMAKI

Titre Original : Uzumaki
2024 – Japon / Etats Unis
Genre : Animation
Durée : 4 épisodes de 25 minutes
Réalisation : Nagahama Hiroshi et Moriyama Yûji
Musique : Colin Stetson
Scénario : Itami Aki d’après Ito Junji

Avec les voix de Satake Uki, Miki Shinichirô, Ise Mariya, Tôchika Kôichi, Hatano Wataru, Matsuyama Takashi et Tachibana Tatsumaru

Synopsis : La population de Kurouzu devient peu à peu rendue folle par son obsession croissante pour les formes en spirale, qu’on retrouve partout avec des résultats choquants et horribles.

Ito Junji autre qu’en bande dessinée, c’est souvent compliqué. Et pourtant, ça a été on ne sait combien de fois adapté, pour le meilleur (ou du moins, pour un résultat plus que sympathique) et aussi pour le pire. Avec une saga Tomie comprenant un nombre incalculable de films, oui, on aura eu de bons opus (les Rebirth, Forbidden Fruit, Unlimited) mais aussi de très mauvais opus (Revenge, le pire du pire). Mais il y a eu aussi le film Marronnier (très mauvais), le film live Uzumaki (imparfait, très étrange, attachant, mais adaptation décevante), Gyo (sympa bien qu’inabouti), Kakashi (même constat). Et depuis quelques années, plus rien. Plus de nouveau Tomie, plus d’adaptations alors que le potentiel, lui, est bien là. Jusqu’à l’annonce en 2020 d’une série animée adaptant Uzumaki, voulant être fidèle, grotesque, glauque, dérangeant, et abordant un style proche du manga, tout en noir et blanc, hyper contrasté. Autant dire que les fans étaient aux anges. Et ce même s’il aura fallut attendre quatre années avant de la voir débarquer cette adaptation. Une adaptation qui nous aura fait passer par toutes les émotions, car s’il y a du très bon, il y a aussi du très mauvais, et certains choix, ils sont là dès le départ. On peut par exemple dès le départ pester sur la durée de cette série. 4 épisodes seulement, c’est court, encore plus quand on voit que certains épisodes condensent parfois des chapitres entiers pour essayer de caser le maximum d’éléments de l’intrigue et des personnages dans la série, créant ainsi un rythme certes endiablé, mais empêchant l’ambiance de se poser, et les personnages de réellement exister. Et puis il y a l’animation, totalement inégale, répartie entre plusieurs studios, ce qui donne parfois des moments magiques (l’épisode 1, dans sa globalité, quelques moments de l’épisode 3 ou 4), et d’autres tout simplement immondes (l’épisode 2 n’est pas gâté à ce niveau…).

Bref, Uzumaki veut adapter le manga Uzumaki, renommé Spirale en France, en une série de 4 épisodes durant entre 25 et 30 minutes. Et le premier épisode fait bien les choses pour nous mettre en confiance. Fidèle, des plans sublimes, des moments archi glauques, des personnages rapidement bien établis, une fort jolie animation. Si l’on ajoute qu’en plus la bande son est signée par Colin Stetson (Hereditary), on part forcément sur une bonne base, sur des éléments très solides. Il suffit de voir la réputation de la série après la diffusion du premier épisode. Les connaisseurs étaient aux anges, et les nouveaux venus découvraient un univers troublant, étrange, en pénétrant dans la ville de Kurouzu, où les spirales sont partout, infectant la population et la ville, tordant les corps, polluant le ciel, le lac… Les cheveux se rebiffent en spirales, les gens se changent en escargots, rien ni personne n’est à l’abris, c’est étrange, grotesque, et la série ne recule devant rien, étant à la fois morbide et cruelle, et magnifique. Du pur Ito Junij donc. Le rythme paraît certes un peu rapide, avec beaucoup d’éléments introduis, de personnages, de lieux, déjà beaucoup de morts, mais l’ensemble fascine. Jusqu’à ce que la réalité nous rattrape avec l’épisode 2. L’intrigue file alors encore plus vite, l’animation baisse d’un gros cran, certains plans semblent carrément figés comme pour économiser du budget, et l’expérience morbide et positive devient alors troublante, dans la déception. Alors, ce n’est pas mauvais, les éléments attendus sont là, mais on a malgré tout une réelle grosse baisse de qualité sur ce second épisode. On passe presque de ce qui pourrait être la meilleure adaptation de son auteur à un autre essai intéressant, mais bancal

Ce constat, il continuera durant l’épisode 3, se déroulant souvent dans l’hôpital. Moment très glauque du roman, il le reste ici, et dans le fond, certaines scènes fonctionnent, et on est malgré tout heureux de voir la série embrasser le grotesque de l’intrigue, mais les moments marquants sont plus éparpillés, et l’intrigue semble toujours rushée, nous empêchant de vraiment nous attacher aux personnages. On assiste à la chute de cette ville dans la folie, plutôt que de la vivre avec eux. En voulant à tout prix tout raconter, que ce soit les parents de Kirie, l’hôpital, la mère de Shunichi et sa phobie des spirales, les hommes escargots, les cheveux spirales qui se battent, le phare qui brûle tout, Uzumaki n’a jamais le temps de poser une ambiance, et donc, d’inquiéter, de nous faire ressentir le désespoir des personnages et de nous écraser avec. Avec tout ça, et même si cet épisode 3 se fait supérieur, on craint alors pour le final, sachant comment les derniers chapitres du manga étaient à la fois ambitieux narrativement et visuellement. Heureusement là, la série se réveille et décide de relever le niveau, pour clairement rendre hommage à Ito. Encore heureux, et il était temps.

Cet épisode final regorge de visions infernales, de tableaux grotesques et dérangeants, et reste fidèle au manga jusqu’à ces derniers instants. Il aurait fallu, clairement, en plus d’un rendu constant dans l’animation, un épisode de plus à Uzumaki pour mieux poser ses enjeux et ses personnages. Si l’on arrive encore à assez bien comprendre et s’attacher à Kirie, c’est différent pour Shinichi, qui lui passe quasiment la moitié de la série des cernes sous les yeux, à se plaindre, sans que l’on ai pu le comprendre et voir une réelle évolution. Tout va trop vite pour que la normalité se brise en quelque sorte. C’est donc, malgré un premier épisode et un épisode final fort réussis et prenant, une petite déception. Une bonne série, une assez bonne adaptation, mais dans son ensemble, une déception. Ceci dit, des déceptions de ce niveau, j’aimerais en avoir plus souvent, il est vrai. Mais quand on compare par exemple les moments tendus du premier épisode et sa montée en puissance avec, par hasard, la scène de la plage de l’épisode 2, absolument hideuse dans son animation et avec quelques soucis de montage, on ne peut qu’être déçu. Déçu de voir autant de potentiel finalement ne pas se réaliser. Mais au moins, contrairement au film, nous avons un vrai final, de vraies révélations et images d’horreur, et non pas un final abstrait. Déjà pas mal non ?

Les plus

Un beau style noir et blanc
Un excellent premier épisode
Un final prenant et fascinant
Des moments grotesques et chocs
La musique

Les moins

Un épisode 2 presque raté
Une intrigue qui va beaucoup trop vite
Trop de situations, trop de personnages, que 4 épisodes
Une animation qui va du meilleur au pire

En bref : Alors, Uzumaki en 2024, en 4 épisodes animés, on ne va pas mentir, c’est loin d’être parfait. Très inégal dans son intrigue (rushée) et dans son visuel (une animation presque catastrophique dans l’épisode 2), pourtant, on retrouve clairement ce que l’on aime chez le mangaka. Glauque, grotesque, étrange, sans concessions. Ça aurait pu être mieux, mais en soit, ça reste malgré tout une adaptation intéressante.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A very nice black and white
♥ The excellent first episode
♥ The finale, fascinating
♥ Some grotesque and shocking moments
♥ The soundtrack
⊗ The second episode, bad
⊗ Everything goes too fast
⊗ Too many situations, too many characters, and only 4 episodes
⊗ The animation goes from the best to the worse
Uzumaki in 2024 in 4 animated episodes, it’s far from perfection. The story is too fast, the visual goes from great to bad (the second episode is almost catastrophic), but still, there is what we love in Ito’s works. Grotesque, weird, bloody, beautiful. It could have been way better, but still, it’s interesting.

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