LIKE A DRAGON – YAKUZA de Take Masaharu et Takimoto Kengo (2024)

LIKE A DRAGON – YAKUZA

Titre Original : Like a Dragon – Yakuza
2024 – Japon
Genre : Série
Durée : 6 épisodes de 50 minutes
Réalisation : Take Masaharu et Takimoto Kengo

Avec Takeuchi Ryoma, Kahu Kento, Aoki Munetaka, Karasawa Toshiaki, Kunimoto Shôken, Katô Masaya, Matsuura Shinichirô, Kawai Yumi et Morita Misato

Synopsis : On suit l’histoire de Kiryu Kazuma, un ancien yakuza entraîné dans une vaste conspiration impliquant son ancien clan et son meilleur ami Nishikiyama.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, je suis un fan de la licence Yakuza, alias Like a Dragon, alias Ryu Ga Gotoku. Une licence que je suis depuis ses débuts sur Playstation 2, en 2005 donc. Presque 20 ans tout de même. On pourra me dire que je suis depuis la même durée voire plus d’autres licences comme Silent Hill ou bien Resident Evil. Mais Yakuza, c’est différent. J’aurais vécu la vie de Kiryu Kazuma en même temps que ma vie évoluait, avançait. La série m’aura fait rire, m’aura ému aussi, m’aura donné des moments cultes, parfois des moments décevants (le 3ème jeu, oui, on sait). Yakuza, le premier jeu, avait d’ailleurs déjà été adapté, par Miike Takashi évidemment, et quoi qu’on en dise, car des libertés et maladresses, il y en avait (Nishikiyama qui n’était qu’un personnage secondaire sans background, des nouveaux personnages peu intéressants), au final, le métrage parvenait néanmoins à retranscrire l’ambiance du jeu, de la ville, à respecter les personnages clés qu’étaient Kiryu, Haruka ou Majima. Et alors que maintenant, les adaptations de jeux sont enfin prises au sérieux par beaucoup de monde, ce qui nous aura donné des Silent Hill (le premier hein… pas la suite), des Forbidden Siren (inédit en France), des The Last of Us, l’annonce d’une nouvelle adaptation en série, c’était une idée géniale. La durée permettrait ainsi de bien développer l’intrigue, et surtout, d’être sûr que l’on s’attache aux personnages, qu’ils soient bien développés, et que l’équilibre entre ton grave et humour soit respecté. Malheureusement, force est de constater que pour le coup, ils se sont bien plantés. Et je voulais y croire, surtout qu’à la réalisation, s’ils sont deux, on récupère Take Masaharu (100 Yen Love, la série The Naked Director).

Et qu’en plus, dans les faits, le casting n’est pas dégueulasse, et que le budget semble être là. Malheureusement, avoir un bon casting (qui ne connait pas forcément l’univers et les jeux) et du budget, ça ne suffit pas. Derrière, il faut un bon scénario, et un show runner qui sait ce qu’il fait et où il va. Et sur ce dernier point, ça ne semble être absolument pas le cas. Et si je suis en effet fan de la saga Yakuza, ceux qui me connaissent savent aussi que je ne suis pas le mec le plus pointilleux du monde niveau fidélité d’une adaptation, ce qui fonctionne sur un support ne fonctionne pas forcément sur un autre. Mais au bout d’un moment, il faut faire des choix aussi. Soit respecter l’ambiance mais réellement adapter le reste, soit rester fidèle dans le texte mais laisser le réalisateur faire ce qu’il veut avec ce texte. Et dans le cas de cette adaptation, on a souvent l’impression qu’ils n’ont fait aucun choix, ne respectant pas l’atmosphère (adieu l’humour), ne respectant pas le scénario (ah ça), et en dénaturant intégralement quasi l’intégralité des personnages. Ce qui fait en soit, que malgré quelques rares petits éclairs de génie et quelques rares bonnes idées éparpillées durant les six épisodes, on a l’impression de voir une simple série policière random, sans âme. Alors, l’histoire. Dans les faits, on pourrait dire que la série a au moins deux points communs avec le jeu. A savoir qu’il commence lorsque Kiryu est jeune, rentre chez les yakuza et va finir en prison, et se termine lorsque les 10 milliards de yens volés au clan Tojo sont retrouvés, et qu’il tombe la chemise pour un combat final. Entre les deux par contre, c’est plus compliqué.

La série décide d’accorder autant d’importance à l’année 1995 qu’à l’année 2005. On pourra dire même que dans le fond, développer la jeunesse de Kiryu, Nishikiyama, Yumi, et quelques nouveaux personnages créés pour l’occasion est une excellente idée. Ça réécrit un peu le passé des personnages, mais qu’importe, ça ajoute un fond intéressant, et les nouveaux personnages ne sont pas si mauvais. Yumi se retrouve même avec une sœur, qui sera la mère de Haruka ce coup-ci. Jusque-là, tout va bien, sauf que la série se plante en utilisant une structure alternant constamment les époques, et donc venant casser le rythme assez souvent (le syndrome de la série récente The Stand). Qu’elle le fasse une fois dans chaque épisode pour équilibrer les époques, pourquoi pas, mais parfois, la série s’amuse à changer d’époque 3, 4, 5, voire encore plus souvent. Ça donne la désagréable impression que l’intrigue ne veut jamais décoller. Mais bon, venons-en aux points qui fâchent. Car que la série réécrive certains événements, c’est en soit une bonne idée, ça amène des surprises pour le connaisseur en plus. Qu’elle ajoute des personnages, pareil, ça peut ajouter de nouvelles dynamiques, et c’est une bonne chose. Mais la série se plante sur les trois éléments qu’il ne fallait pas foirer, et où Miike s’en sortait bien mieux dans le long métrage, malgré ses ratés et malgré sa durée concise.

Le premier élément, c’est Kabukichô. Enfin, Kamurocho, la version fictive du quartier de Tokyo. En soit, on reconnait des lieux, des rues, la place, des boutiques. C’est très bien. Mais ça ne semble jamais vivant, et à part des intérieurs et le fameuse place, on a l’impression qu’il n’y a rien d’autre. Tout semble petit, sans envergure, sans grandeur. Ce quartier grouillant de vie, de yakuza, d’inconnus farfelus, de néons dans tous les coins, semble désespérément vide, sans âme, limitée à une place dont l’on va bouffer jusqu’au dernier épisode. Ne parlons pas de la Millenium Tower, tour fictive devant la place, puisque pour une raison inconnue, le design est presque surréaliste, alors que bon, ce n’est censé qu’être une tour, construite dans les années 90 dans la chronologie de la série. Bref, Kamurocho, c’est râpé. Ensuite, il y a évidemment le dragon de Dojima, Kiryu. Alors, outre le fait que l’acteur Takeuchi Ryoma semble très jeune pour incarner un tel personnage, là aussi, il faut accepter un travail de réécriture. Mais pour une série, ou plutôt, une première saison devant poser les bases et inscrire le personnage dans la légende, en faire une légende, autant dire que c’est totalement foiré, tant Kiryu semble parfois être un personnage secondaire de sa propre aventure. Pas seulement à cause de la narration morcelée et des nouveaux personnages qui forcément, doivent être introduis. Mais car finalement, on pense assez souvent que toute l’aventure pourrait se dérouler exactement de la même manière sans lui, à l’exception du combat final. Il faut donc attendre le final pour que le dragon de Dojima soit utile.

Le troisième point qui fait mal, c’est que finalement, autant en adaptation du premier jeu qu’en saison 1 d’une possible série qui aimerait bien continuer, la série ne sait pas franchement ce qu’elle doit raconter. On l’a vu, si le but était de montrer la légende naissante du dragon de Dojima, c’est foiré. Si c’était de montrer la relation père/fille entre Kiryu et Haruka, posant ainsi les bases pour la suite, et bien désolé de vous dire que vous allez tomber de haut, Haruka était inutile au récit, souvent même absente, et n’aura au final qu’une interaction avec Kiryu dans l’épisode 2. Si Amazon se laisse tenter par une suicidaire saison 2, il va falloir réfléchir, car là, en réécrivant tout, il faut créer intégralement une nouvelle intrigue. Mais, et si l’on ne connait pas les jeux, est-ce que la série peut néanmoins passer ? C’est compliqué aussi, puisque certains points à peine développés ne seront compréhensibles que pour le connaisseur, et qu’en retirant tout ce qui faisait de Yakuza, et bien, Yakuza (l’humour des à-côtés, la relation entre Kiryu et Haruka, les combats bien violents), la série n’est qu’une banale série policière qui ne raconte rien de nouveau, qui n’a aucun moment vraiment marquant, et pire, qui a de graves soucis de rythme. Autant dire que ça part mal pour Yakuza… Du coup moi je vous laisse, je vais aller voir ça donne quoi la série animée Shenmue, voir si Sega souffre vraiment. Ah, oui, et il y a Majima dans la série, parfois, au fond…

Les plus

L’idée de développer le passé des personnages
Des nouveaux personnages, pourquoi pas
En soit, c’est plutôt bien filmé

Les moins

Un rythme bâtard, la faute à la narration morcelée
Il est où Majima ?
Elle est où Haruka ?
Kiryu il sert à rien en fait non ?
Sans âme et ultra banal

En bref : En faisant à la fois le choix de réécriture l’intrigue, mais aussi les personnages, et de changer l’atmosphère, la série Yakuza part mal, autant pour les connaisseurs que les nouveaux potentiels spectateurs, puisqu’il ne reste qu’une histoire archi banale traversée par un héros qui ne fait pas grand-chose, souffrant en plus d’un rythme pas fameux.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The idea to develop the past of the characters
♥ Some new characters, why not
♥ Well, in fact, it’s nicely filmed
⊗ The pacing, often horrible
⊗ Where is Majima?
⊗ Where is Haruka? She’s supposed to be important
⊗ Kiryu is useless right?
⊗ No souls in this
By re-writing the story, but the characters too and changing the atmosphere, the TV Show Yakuza goes the wrong way, for the fans and the potential new audience. It’s only a banal story with a hero that isn’t very useful, as well as bad pacing.

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