Sortie : 26 Octobre 2012
Genre: Vaderetro Satanas
Studio : Shiver Games
Éditeur : Shiver Games, Lace Mamba Global
Joué et testé sur : PC
Existe sur : PC
Synopsis : Lucius est le fils du diable, et va écouter les conseils de son père pour trucider sa famille et ceux qui s’aventurent un peu trop près de sa demeure et de ses secrets.
Dans le domaine du survival horror, le joueur est habitué à jouer les pauvres âmes innocentes qui vont devoir survivre contre des monstres, zombies, vampires et autres créatures issues de l’imaginaire des développeurs. Quand on pense survival horror, on pense Resident Evil, Silent Hill, Project Zero et j’en passe. Les petits malins du studio Shiver Games, eux, ils ne peuvent pas faire comme tout le monde. Ils livrent certes un jeu horrifique, en prenant pour « inspiration » (entre gros guillemets tant l’inspiration est présente) La Malédiction de Richard Donner, mais au lieu de nous demander de survivre en jouant le héros, il faudra tuer en jouant l’anti héros, Damien… ah non, Lucius. 15 niveaux, le plus souvent avec une victime à abattre, parfois plusieurs, un manoir entier à notre disposition, en comptant en prime son gigantesque jardin, et c’est parti pour l’aventure. Dans les faits, Lucius se joue comme n’importe quel jeu à la troisième personne. On se déplace dans notre environnement, on observe les points d’intérêts, on récupère quelques objets clés, on dégote aussi quelques secrets (comme la sordide cave), et on met doucement en place notre plan pour éliminer nos cibles à exécution. Et il faut bien avouer que la formule proposée par le studio est rafraichissante, ce n’est pas tous les jours que l’on nous fait jouer l’antagoniste, encore moins quand il s’agît d’un enfant. Ceci dit, le jeu du studio, petit studio indépendant d’ailleurs, est très loin d’être parfait, et marquera plus les esprits pour son concept et son côté sanglant que pour son gameplay, ou au final même, ses graphismes ou son originalité.
Pour chaque chapitre donc, on consulte la mission du jour, traduction la victime à abattre, on se balade dans le manoir pour la trouver, et on met le plan à exécution. Sauf que. Sauf qu’évidemment, tout n’est pas si simple, et le cheminement vers la réussite est parfois un poil plus complexe que prévu. Encore heureux, car sinon, 15 chapitres pour tout autant de victimes, ça aurait été plutôt court. Cependant, nous ne sommes pas du tout dans un jeu bac à sable façon Hitman, puisque chaque cible ne pourra être abattue que d’une seule manière, et ce sera donc au joueur non pas de faire preuve d’originalité pour parvenir à ses fins, mais juste à trouver le bon cheminement pour faire ce que le jeu attend de nous. Forcément si au début c’est plutôt simple, ça se corse un peu par la suite, mais Lucius n’est pas non plus un jeu difficile. Oui, à certains moments, la solution n’apparaît pas clairement au joueur, et à force d’arpenter le manoir pour trouver des objets pour avancer ou tout simplement pour trouver le chemin que notre cible prend, on finit par le connaître par cœur ce manoir, malgré sa taille énorme. Bon, évacuons directement donc les défauts du jeu, et en soit, il y en a un paquet, certains qui seront plus ou moins gênants en fonction du type de joueur que vous êtes. Graphiquement déjà, ce n’est pas la folie. Certes, Lucius est un jeu de 2012, mais les graphismes, quoi qu’on en pense (oui, ce n’est pas le plus important, loin de là), c’est la première chose que l’on voit en lançant un jeu. Une belle direction artistique peut souvent rattraper une technique à la ramasse ceci dit.
Lucius lui paraît plutôt terne, Ce n’est pas vraiment beau, ça manque de finition, mais au moins, ça tourne très bien, ça ne rame pas, et encore une fois, en ayant accès assez rapidement dans le jeu à l’intégralité du manoir, on se familiarise avec notre environnement et on finit par ne plus y prêter attention, à ces décors bof. On pourrait dire la même chose d’ailleurs pour les personnages, assez moches de manière générale, mais au final, on n’y prête plus attention, vu qu’on sait que la plupart des personnages vont finir étripés, découpés, noyés, électrocutés ou j’en passe. Mais tout ça, ce n’est pas grave, car ici, on veut du gameplay. Sauf que sur ça aussi, Lucius ne brille pas vraiment. Si j’ai déjà pu aborder au final le manque de liberté du titre, il y a des points plus importants qui coincent dans le gameplay même. Si se balader et explorer le manoir ne pose pas de soucis, encore heureux, le jeu étant fluide et Lucius répondant au doigt et à l’œil, le reste n’est pas du même niveau. L’inventaire par exemple est une plaie à gérer, et encore heureux, le nombre d’objets ramassables n’est pas immense. On pourrait aussi parler des pouvoirs que l’on récupère au fur et à mesure de l’aventure, comme de la télékinésie, le fait de pouvoir retourner le cerveau des PNJ (non, pas littéralement, juste leur faire faire des actions par exemple), puis après, lancer des boules de feu. Une bonne manière de varier le gameplay et de le faire évoluer sur la durée, mais il y a un petit souci à cela. Lorsque l’on équipe un sort par exemple, il est alors impossible d’effectuer une autre action, comme récupérer un objet, ou bien ouvrir une porte. Une fois un sort équipé, Lucius ne peut faire qu’une chose, à savoir utiliser le sort (ou se déplacer, tout de même).
La technique de Lucius n’est donc clairement pas exceptionnelle. Heureusement que l’ambiance sonore réhausse le niveau, même s’il faudra faire avec des doublages anglais… fonctionnels dirons-nous, qui en font souvent des caisses, et donc, peu crédibles. Mais les musiques et autres bruitages restent eux d’un bon niveau. On pourrait croire, avec tout ça, que Lucius ne mérite pas le coup d’œil. Et pourtant. Lucius, c’est le genre de petit jeu, clairement imparfait et bancal, mais oh combien attachant, déjà car il tente des choses et nous offre une aventure qui sort de l’ordinaire, mais aussi tout simplement car Lucius, ce n’est pas un jeu qui tire sur la corde. Si l’on peut par exemple un peu tourner en rond au début, lorsque l’on ne connait pas bien le manoir, ou tout simplement car l’on ne trouve pas la bonne action à effectuer, le reste est beaucoup plus naturel et direct, et au final, l’aventure n’est pas bien longue, environ 7 heures, 8 si vous prenez vraiment tout votre temps pour explorer et trouver quelques secrets (et oui, il y a du contenu annexe et des petites missions). Pas très long, ni trop court, en réalité, souvent la durée parfaite pour un jeu horrifique avant que la lassitude ne s’installe réellement. Il suffit de voir, aussi bons soient-ils, que le plus gros défaut des récents The Last of Us Part 2 et Silent Hill 2 Remake, c’est qu’ils s’étirent un peu sur la fin, et donc deviennent un poil lassant. Lucius, au lieu de tirer sur la corde, a une durée de vie honnête et concise, sauf si l’on compte les deux suites sorties ensuite comme une continuité. Ah oui, et le scénario. Rien d’étonnant si vous connaissez bien la saga cinématographique dont le jeu s’inspire, assez répétitif, mais pourtant ça aussi, ça fonctionne.
Lucius donc, en toute honnêteté c’est très bancal, il est très facile de lui taper dessus pour tout un tas de raisons, mais pour autant, il propose une expérience qui sort clairement de l’ordinaire et donc, qui rend curieux, et on se prend au jeu, décimant la population du manoir, que ce soit notre famille ou bien le personnel (de ménage, le jardinier, tout y passe), souvent de manière sanglante et sadique, et rien que pour ça, Lucius mérite qu’on l’essaye. Son concept est clairement là, ses défauts aussi et surtout du point de vue technique, mais vu son prix souvent dérisoire depuis le temps (je l’ai eu je crois à deux euros, avec sa première suite, au même prix), et sa durée de vie qui ne vous prendra pas énormément d’heures de votre vie, c’est parfait pour laisser parler vos pulsions meurtrières, même si on aurait aimé plus de liberté dans les meurtres justement. Mais ce genre d’expérience est néanmoins à soutenir. A voir maintenant ce que le studio a réussi à faire évoluer, vu que Lucius, c’est une trilogie, et si la qualité ne change pas, on sera forcément moins clément.
Les plus
Une tentative originale
Des mises à morts bien sanglantes
Le concept même de jouer le fils du diable
On est meuchant
Les moins
Techniquement moche
Gameplay bancal
En réalité, aucune liberté, un seul chemin
En bref : Lucius, c’est un jeu avec un concept fort, un jeu que l’on a envie d’aimer, et que l’on parcourt en trucidant tout le monde sur notre passage, mais c’est également un jeu avec d’affreux soucis, techniques, de gameplay, de doublage.