Titre Original : Cannibal Holocaust
1980 – Italie
Genre : Cannibales, animaux et sexe
Durée : 1h35
Réalisation : Ruggero Deodato
Musique : Riz Ortolani
Scénario : Gianfranco Clerici et Ruggero Deodato
Avec Robert Kerman, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Luca Barbareschi, Salvatore Basile et Ricardo Fuentes
Synopsis : L’expédition du professeur Monroe part à la recherche de reporters américains disparus en Amazonie. Ils vont finir par trouver les cadavres des Américains, et les nombreuses bandes filmées de leur expédition, qui va expliquer ce qu’il s’est passé…
Cannibal Holocaust, bien que je l’ai découvert assez tardivement, la première vision datait tout de même d’il y a un bon paquet d’années, plus de 10 ans, presque 20. Mais cette vision, avec une amie lors d’une soirée à s’ennuyer sur notre lieu de travail de l’époque, m’aura marqué. À vie ? Peut-être bien au final. Vu dans sa copie intégrale non censurée en DVD à l’époque, Cannibal Holocaust avait fait grande impression. C’était malsain, c’était glauque, ça ne nous laissait pas vraiment souffler. La dernière demi-heure était fort épuisante, en plus d’être clairement en avance sur son temps avec un procédé découvert par le grand public bien des années après, devenant ainsi le sous-genre bien aimé (je suis ironique) du found footage. Et puis bien entendu, il y avait ces moments polémiques, indéfendables, et qui auront au moins eu comme répercutions de nouvelles lois dans le monde du cinéma concernant les animaux. Car Cannibal Holocaust est un film sauvage dans tous les sens du terme, un film qui ne ménage personne, et surtout, un film qui marque, que l’on aime ou pas. Mais remettons les choses dans leur contexte. En 1977, Ruggero Deodato avait signé Le Dernier Monde Cannibale, sa première incursion dans le sous-genre cannibale, qui fera les bons jours du cinéma bis Italien de la fin des années 70 et du début des années 80. Deodato dynamite le genre, et beaucoup suivront, comme Umberto Lenzi, mais pas avec le même talent (il signera la Secte des Cannibales en 1980, ainsi que Cannibal Ferox en 1981). Contacté en 1979 par un producteur Allemand, Deodato accepte de se lancer dans un autre film du genre, et le tournage commence en Juin de la même année, pour une sortie en Février 1980 en Italie. Une sortie enflammée, puisque le réalisateur fut trainé devant les tribunaux à cause de la violence de son film, devant prouver que ses acteurs sont bel et bien encore en vie. Mais pour sa cruauté envers les animaux, il fut malgré tout condamné. Car oui, ça va loin, très loin, et c’est bien souvent frontal. Résultat des courses, le film fut censuré voire interdit dans pas mal de pays. En France lors de sa sortie en 1981, c’est une interdiction au moins de 16 ans pour une version censurée du film.
Et presque 40 ans après, Cannibal Holocaust représente toujours le même choc pour le spectateur. En quelque sorte, Deodato a livré le film de cannibales ultime, mais également une charge virulente envers les journalistes qui sont toujours à la recherche de plus de sensationnalisme. D’autres métrages auront traités du sujet, de manière bien différente, mais parfois tout aussi frontale et rentre-dedans (Tueurs Nés de Oliver Stone), mais Cannibal Holocaust lui le fait en touchant certains sujets sensibles. Bref ! Clairement découpé en deux parties, Cannibal Holocaust commence presque calmement. La première partie en effet met en scène le professeur Monroe qui se rend en Amazonie pour retrouver un groupe de reporters Américains disparus. Dans un sens, Deodato reprend là la même formule que pour Le Dernier Monde Cannibale. On se retrouve un peu plus devant un film d’aventures, dans la jungle. C’est dépaysant, on découvre rapidement des tribus avec une culture bien différente, on découvre la faune… Mais Deodato pousse le bouchon vraiment loin dés cette première partie, et il est en effet à la fois dur de regarder l’écran mais dur de détourner le regard. Car Deodato, qu’il veuille choquer ou non avec son film, maîtrise le langage cinématographique, c’est indéniable. Son film est parfaitement construit en terme de scénario, sa mise en scène sait se faire discrète bien que parfois insistante sur certains passages (mais nous sommes dans un film d’horreur, quoi de plus normal que d’insister sur l’horreur ?). Mais Cannibal Holocaust va trop loin dès qu’il touche aux animaux, c’est un fait. Que le film nous montre une mygale mourir, cela ne me pose pas de soucis, tant ma phobie des araignées est grande… Mais Cannibal Holocaust va plus loin et touche à un rongeur (pour une scène atroce), un singe et pire, une grosse tortue d’eau. Et je peux vous dire qu’il y en a des choses sous sa carapace… Du coup, avant même d’être un film d’horreur et un film de cannibales, le film suscite de fortes réactions chez les spectateurs, et peut faire hurler. Et ça, c’est compréhensible. Des scènes dures, et difficiles à regarder.
Puis vint la seconde partie du métrage, lorsque Monroe récupère les bandes filmées par l’équipe d’Américains, retrouvés morts. Le film bascule alors dans un cinéma vérité qui va donc influencer bien plus tard un genre entier lors de la sortie du Projet Blair Witch, et qui constitue en quelque sorte le point d’orgue du métrage. Moins d’animaux, mais plus de cannibales, et surtout, des personnages qui au final, méritent clairement ce qu’il leur arrive. Le film se transforme alors en boucherie hyper réaliste où des actes atroces tels que des décapitations ou des castrations ont lieu, et souvent de manière plus vraie que nature donc. Certes, ça va loin, et entre la mise en scène caméra à l’épaule de Deodato et le score musical devenant de plus en plus glauque de Riz Ortolani, le spectateur lui pourra rester les mains crispées à son siège. C’est aussi dans ce sens là la force du métrage, puisque l’on parvient à être crispé, dégouté, mal à l’aise, pour des personnages que finalement, on n’apprécie même pas, étant donné qu’ils s’attirent au final eux-mêmes les ennuis. On récolte ce que l’on sème paraît-il ! Ces journalistes n’avaient strictement aucun respect pour les autres et les cultures différentes, et voilà, ils en payent le prix, très cher. Si bien qu’à la fin du métrage, nous sommes bouche bée, un peu comme les spectateurs dans le film, silencieux après la projection des bandes retrouvées. Cannibal Holocaust est un film qui marque les esprits, pour un très long moment. Il est bien difficile de tout cautionner dans un tel métrage, si rentre dedans, et il est même difficile dans le fond d’apprécier le spectacle. Mais Cannibal Holocaust est un film important, un film précurseur, et un film qui ne nous lâche pas une fois terminé. En ça en soit, c’est une réussite.
Les plus
Des moments vraiment malsains
La partie found footage, 20 ans avant le genre
Un film intelligemment construit
Solide mise en scène au final
Les moins
Les animaux !
Est-ce que ça va trop loin ?
En bref : Cannibal Holocaust est un film important, même si en soit, il va trop loin, notamment en ce qui concerne les animaux. Mais derrière, son message et surtout sa dernière partie demeurent intacts. Ça choque, ça marque, ça ne laisse pas indifférent.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some really sick moments ♥ The found footage part, 20 years before the genre exploded ♥ The construction of the story is smart ♥ Technically, it’s strong |
⊗ The animals! ⊗ Does it go too far? |
Cannibal Holocaust is important, even if sometimes, it goes too far, especially about the animals. But behind all this, there is a message, and the last part of the film. Shocking, one cannot remain indifferent. |
La violence gratuite sur les animaux est à vomir, c’est détestable. Le film a pourtant des qualités, comme tu le soulignes bien, il est impressionnant. Mais je ne le reverrai sans doute jamais. Ou alors dans une version retirant toutes les scènes de violence sur animaux.