CITY OF BEASTS (野獣都市) de Fukuda Jun (1970)

CITY OF BEASTS

Titre Original : Yajû Toshi – 野獣都市
1970 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h28
Réalisation : Fukuda Jun
Musique : Satô Masaru
Scénario : Ishimatsu Yoshihiro et Oyabu Haruhiko

Avec Kurosawa Toshio, Mikuni Rentaro, Takahashi Noriko, Komatsu Hôsei, Ötaki Hidoji, Kita Ryuji, Okada Kawai, Kusano Daigo et Komatsu Eisaburo

Synopsis : Yasuhiro Arima, étudiant à l’université, fait la connaissance d’Ishihama, président d’une société pharmaceutique au passé sombre, qui s’implique lentement mais sûrement dans ses sales affaires.

Il y a des réalisateurs, ils n’inspirent pas confiance, c’est comme ça. Fukuda Jun, pour moi, c’est l’homme qui a fait beaucoup de mal à Godzilla durant les années 60 et 70. Même si, évidemment, dans le fond, la Toho est autant à blâmer pour l’orientation enfantine de la saga. Mais oui, il y a des films, comme Le Fils de Godzilla, ou Godzilla contre Megalon, ça te marque un homme, et pas pour les bonnes raisons. Mais allez savoir pourquoi, un bon jour, je me suis dit « tiens, Fukuda Jun, il n’a pas fait que détruire Godzilla dans sa carrière, il a bien dû faire d’autres films à côté pour que la Toho l’embauche ». Une trentaine de films en réalité. Du coup, c’est parti pour un peu d’exploration, mais à reculons quand même, et le premier sur lequel j’aurais décidé de donner une chance au réalisateur fut ce City of Beasts de 1970, ou Yajû Toshi. Un petit film policier qu’il réalise alors que la Toho venait de commander un nouvel opus de Godzilla à Ishiro Honda, sans argent, livrant en 1969 l’immondice pleine de stock-shots qu’est La Revanche de Godzilla. Et vu comment se procurer les films du monsieur, surtout en bonne qualité, est une mission, on en restera sans doute là. Non pas que c’était mauvais, j’ai même été en réalité agréablement surpris par le résultat final. Alors que ce n’était pas gagné au départ, face à une ouverture qui, si elle respire bon les années 70 et son style inimitable, m’aura laissé songeur, scénaristiquement parlant, avec des raccourcis énormes, et un personnage principal, Yasuhiro Arima, qui fait certains choix étranges. Ou comment passer, en une scène et un générique (chanté comme toujours à l’époque), d’étudiant universitaire à pote avec le chef d’une entreprise pharmaceutique car ils aiment les armes à feu à chauffeur de ce dernier en un claquement de doigts, et sans réelle raison.

Tout semble trop facile, trop précipité. Et pourtant, passé cet écueil initial, City of Beasts s’avère être un petit polar comme il en pleuvait dans les années 70, direct, hyper efficace, qui ne perds pas une seconde et après tout il ne dure même pas 1h30, et qui sait, quand il le faut, se faire bien violent. Fukuda Jun est donc dans un contexte à l’opposé de ces commandes pour le roi des monstres chez la Toho. Il y a même un côté ultra nihiliste dans le métrage, dans le fond lui aussi plutôt récurent à l’époque, mais qui fait néanmoins toujours plaisir à voir. Arima donc, va devenir ami avec Ishihama, devenir son chauffeur, et au fur et à mesure, s’impliquer dans les différentes magouilles, allant bien entendu jusqu’au meurtre. Il faut dire qu’une fois qu’on lui a offert un colt, Arima se prend un peu comme l’inspecteur Harry, dégainant plus vite que son ombre et refroidissant ceux qui se trouvent devant lui sans le moindre remord. Scénaristiquement, le métrage n’innove pas vraiment, et dans le fond, ne surprend guère. Un chef d’entreprise qui a atteint le sommet durant les miracles économiques de l’après-guerre, on se doute que tout n’est pas légal derrière tout ça. Arima qui se fait embaucher comme chauffeur alors qu’il ne l’a jamais vu conduire, et qu’il a juste été témoin de son talent avec les armes à feu, ça laisse également très peu de doute sur comment tout cela va se terminer. Chantage, bidouilles en bourse, incendies criminels, exécutions froides et expéditives, City of Beats ne fait pas dans l’originalité, mais il le fait avec un certain savoir-faire et une générosité qui font plaisir. Fukuda soigne véritablement sa mise en scène pour le coup, et ça fait plaisir de le voir prendre tout ça au sérieux.

Il ne recule pas devant la violence, il y va à fond en allant toujours plus loin dans un ton résolument sombre, et si certaines altercations font aujourd’hui sourire, c’est du bon boulot. Ce qui serait plus problématique aujourd’hui, ce serait sans doute le travail sur le son. Tous les tirs de pistolets font le même son, tous les coups, de poings comme de pieds, font le même son. Peu dérangeant à l’époque, aujourd’hui par contre, cela fait un poil plus sourire. Dommage car dans sa montée en puissance, et donc sa montée en violence, City of Beats est diablement efficace, à défaut de surprendre. Et puis, Fukuda a réunit là un beau casting. Souvent silencieux, Kurosawa Toshio est crédible en étudiant à la gâchette facile, tandis que Mikuni Rentaro est un chef d’entreprise pile comme on pourrait se l’imaginer à cette époque-là. N’oublions pas Takahashi Noriko, au regard envoutant, même si son personnage n’est pas toujours traité avec subtilité. Tout ça, ça nous fait regretter le côté inabouti du film, et de son scénario, plaisant à suivre, mais blindé de facilités et de choix pas toujours judicieux. Toujours est-il que lorsqu’on ne connaissait que le Fukuda des Godzilla, c’est un énorme pas en avant.

Les plus

Un très bon casting
Filmé sérieusement
Violent et nihiliste
Plaisant à suivre

Les moins

Des grosses facilités scénaristiques
Un développement de personnages parfois étrange
Les bruitages, peu nombreux

En bref : City of Beasts est un polar noir et nihiliste hyper efficace de la part de Fukuda Jun, malgré des errances et facilités. Prévisible mais bien divertissant.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A very good cast
♥ Seriously made
♥ Violent and nihilistic
♥ Entertaining
⊗ The script has many flaws
⊗ The character’s development is sometimes strange
⊗ The sound effects, always the same
City of Beasts is a dark thriller, nihilistic and effective from Fukuda Jun, despite flaws in the script. Predictable but entertaining.

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