MASTER DETECTIVE ARCHIVES: RAIN CODE +
Sortie : 17 Juillet 2024
Genre: Danganronpa 4
Studio : Too Kyo Games
Éditeur : Spike Chunsoft Co., Ltd.
Joué et testé sur : Playstation 5
Existe sur : PlayStation 5, Nintendo Switch, Xbox Series X and Series S, Microsoft Windows
Synopsis : Yuma, un détective en formation amnésique, et Shinigami, l’esprit qui le hante, s’attaquent aux mystères non résolus dans la ville de Kanai Ward !
Après avoir complété, comme scénariste, le jeu Danganronpa V3 en 2017 chez Spike Chunsoft, Kodaka Kazutaka a décidé qu’il était temps de créer son propre studio et de passer à autre chose. Logique dans le fond, après trois jeux, quelques spin off, et deux séries animées. Pour autant, ça ne veut pas dire que la recette va changer. Après tout, il créé son studio, mais amène avec lui le réalisateur et scénariste de la saga Zero Escape, l’illustrateur de Danganronpa, et bien d’autres. Mais il n’est pas pour autant en froid avec Spike, qui édite justement le jeu du jour, sorti au départ sur Switch en 2023, puis sur Playstation et PC en 2024. Et après une trentaine d’heures de jeu, c’est clair et net, Master Detective (oui on va simplifier le titre à rallonge) est un peu un Danganronpa 4, mais en full 3D. Mais la recette est un peu la même. Dans les grandes lignes, puisqu’ici, nous jouons un apprenti détective amnésique, qui va devoir résoudre des enquêtes sanglantes pendant 5 chapitres, et un prologue faisant office de chapitre 0. La grosse différence avec Danganronpa, c’est finalement l’aspect fantastique du titre, qui n’hésite donc pas à plonger dans le surnaturel, là où dans Danganronpa, malgré l’aspect farfelu et dérangé, tout cela restait « terre à terre ». Explications. Au début du jeu, nous nous réveillons, dans une pièce sombre qui s’avère être dans une gare, amnésique. Bon, oui, ça fait le lien avec Danganronpa et ses personnages qui n’ont jamais leurs souvenirs. Ici aussi il y a une raison, révélée pas plus tard que dans cette introduction. En trouvant une lettre dans notre poche, on fonce prendre le train. Nous sommes apparemment un maître détective et nous sommes invités à rejoindre la ville coupée du monde qu’est Kanai Ward. A bord du train, 5 maîtres détectives. Cela fait six passagers.
Le souci ? L’organisation mondiale des détectives n’avait prévue que 5 détectives. Il y a donc un traitre, et avec notre amnésie, difficile d’avoir la confiance des autres, surtout que les maîtres détectives ont chacun une capacité qui leur est propre. Des capacités surnaturelles bien sûr. Comme de pouvoir capter les battements de cœur des gens, et ainsi savoir combien de personnes se trouvent dans le train, ou de revivre la découverte d’une scène de crime. Bon, c’est bien beau, et après un peu de parlotte, notre personnage, nommé Yuma Kokohead, s’évanouit. A son réveil, révélations et horreur. Une créature fantasmagorique que l’on va appeler Shinigami chan (oui, Shinigami voulant dire dieu de la mort, et c’est exactement ce qu’elle est, donc comme ça, c’est clair et net) nous suit partout, et s’avère être la cause de notre amnésie. Pire, on retrouve, les uns après les autres, tous les maîtres détectives assassinés, brûlés vifs. Le train allant arriver en gare, il faut mener l’enquête, rassembler des indices, mais les choses se compliquent, et alors que l’on est sur le point de se faire arrêter, Master Detective nous donne sa vision des fameux procès de Danganronpa. Shinigami va nous envoyer dans un monde parallèle, le labyrinthe des mystères, où l’on va affronter des ombres, trancher des murs et des contradictions avec notre épée, résoudre des énigmes, tout ça pour arriver jusqu’au coupable… qui perdra automatiquement la vie une fois l’énigme résolue. Voilà donc ce qui nous attend, très proche de Danganronpa, mais bien plus fantaisiste via le labyrinthe des mystères qui permet à l’équipe de se laisser aller, mais ce coup-ci, intégralement en 3D, et se déroulant, pour les cinq chapitres de l’intrigue passé ce prologue, à Kanai Ward, une ville tout en néon où il pleut non-stop depuis des années.
Rien de surprenant pour le connaisseur, le but sera de résoudre une énigme, et donc un meurtre par chapitre, avant le bouquet final qui doit tout résoudre. Et Master Detective, et bien, c’est très cool, parfois très prenant, parfois hilarant, et donc, c’est une excellente continuité pour l’auteur de Danganronpa. Mais dans la transformation de son concept, on gagne parfois des choses, mais on en perd. Par exemple, le fait de déambuler dans une ville, tout en 3D, avec différents quartiers plus ou moins grands, c’est bien, et d’ailleurs, dans son style, le jeu est beau. On apprend à aimer Kanai Ward malgré sa pluie et sa nuit constante. Ce qui est alors dommage, c’est qu’à chaque chapitre, avant qu’une enquête ne débute vraiment, le joueur peut se balader, et résoudre quelques intrigues secondaires, qui en réalité, n’ont rien de palpitantes, tant il suffit souvent de parler à un PNJ, puis un second, et voilà, la fin de l’intrigue. Il manque donc un petit quelque chose, qui peut s’expliquer par le scénario même du jeu. Le fait de nous faire jouer ce coup-ci un détective (en formation) et donc d’avoir des enquêtes variées avec des personnages qui le sont tout autant, c’est très bien. MAIS on perd alors un poil en tension et en émotion, comparé justement à un Danganronpa, en lieu clos, et donc, avec des personnages que l’on apprend à connaître dès le début de l’aventure, parfois que l’on apprécie, et que l’on n’a pas forcément envie de soupçonner de meurtre par la suite, ou juste, de voir mourir.
En ouvrant la formule, Master Detective perd un poil de son impact, puisque 90% du temps, les coupables et les victimes, on fait leur connaissance seulement quelques minutes avant. Par ailleurs, on pourra dire la même chose de l’équipe de détectives autour de nous, puisque s’ils ne sont pas nombreux, le jeu en développe, en gros, un par chapitre. Du coup, forcément, Halara, qui nous vient en aide dans le chapitre un, se révèle rapidement amusante et attachante, puisqu’on apprend à la connaître et que ses interventions dans les chapitres suivants sont alors très bien fichues. Mais Vivia, qui est très discret et ne parle presque pas, n’a droit qu’à un développement dans le chapitre 4, soit assez tardivement en réalité. Et du coup, on peut presque dire qu’on l’avait oublié, et ses moments manquent d’impact. Oui, Master Detective n’est pas parfait, loin de là. Mais est-ce qu’il est bien quand même ? Oh que oui. Il y a beau y avoir majoritairement les défauts énoncés plus haut, l’aventure se fait malgré tout haut en couleur, et ce qu’il y a à côté fonctionne très bien. Forcément, les personnages développés très tôt s’avèrent très attachants, comme Halara, ou hilarants, comme Fubuki la tête en l’air ou le Shinigami et ses remarques pleines d’humour noir, et de perversité. Certains personnages secondaires qui reviendront au fur et à mesure des chapitres, comme Kurumi, s’avèrent aussi attachants, ou intéressants comme Makoto. Même si lui, on se doute dès sa première apparition au chapitre 3 qu’il nous cache quelque chose. Si les intrigues secondaires sont peu passionnantes, elles sont peu nombreuses, et parcourir la ville est un plaisir tant la patte artistique du titre est réussie.
Et puis donc, il y a les meurtres. Si certains chapitres sont, comme dans Danganronpa d’ailleurs, moins inspirés ou moins prenants que d’autres, c’est en général du très bon boulot. Mention spéciale au chapitre 2, dont j’ai vu le meurtre venir, et dont la résolution était à la fois logique, et donc, que j’avais deviné, sans pour autant me gâcher le plaisir de la découverte et des explications. Je ne pourrais pas dire la même chose du chapitre 3, pour moi assez faible, puisque les personnages concernés sont peu intéressants, et que pour certains, comme le coupable, on ne leur aura adressé la parole qu’une fois pendant 5 secondes. Ceci dit, le labyrinthe des mystères, qui compose le gros des chapitres, rattrape le coup sur ce chapitre grâce à l’humour des échanges avec Shinigami chan. Et donc, en quoi il consiste ce labyrinthe ? Avec beaucoup d’humour et beaucoup de drame, l’on va devoir se frayer un chemin en démêlant le vrai du faux. Au lieu de tirer sur les affirmations ou contradictions comme dans Danganronpa, nous avons une épée et il faudra trancher tout ça (mais le concept reste donc le même), répondre à des questions, résoudre des petits casse-têtes ou bien encore trouver des mots manquants dans un pseudo jeu du pendu afin d’atteindre la vérité ultime, l’identité du meurtrier et donc tout le cheminement du meurtre qu’il faudra rassembler encore une fois comme dans les précédents jeux de l’auteur. C’est prenant, aidé par un excellent doublage Japonais, des musiques comme toujours géniales, un humour qui fait mouche et des mystères pour la plupart bien fichus, même si on retrouvera quelques éléments connus (un meurtre en chambre close par exemple, un meurtre en public).
Mais ça fonctionne, et après chaque chapitre, j’avais hâte de voir ce que le chapitre suivant me réserverait en enquête tordue. Le tout est bien entendu très directif, mais il y a toujours malgré tout ce petit côté excitant lorsque l’on parvient soi-même à trouver les solutions et à rassembler les pièces du puzzle. Voire à trouver soit même le coupable, ce qui est possible pour les premières enquêtes (les très bons chapitres 1 et 2), moins pour les suivants (le chapitre 3 et ses personnages que l’on connait à peine, et le chapitre 4 bien tordu et donc impossible à anticiper). Evidemment, l’on pourra toujours dire que le personnage du Shinigami, fantôme tout mignon dans le monde réel et usine à fan service dans le labyrinthe des mystères, abuse un peu sur le fan service, mais quand c’est au service d’un bon scénario et de répliques aussi cinglantes, je valide. Est-ce aussi bon que Danganronpa ? A mes yeux, non, mais ça s’en rapproche, et en affinant un poil la formule si une suite voit le jour, possible que l’on tienne là le début d’une grande saga dans son genre, bien écrite, imaginative, et avec d’excellentes musiques. A condition, comme toujours, d’aimer les enquêtes tordues, et d’aimer lire, puisque Master Detective Archives Rain Code +, c’est beaucoup de lecture. Maintenant, je vous laisse, j’ai un jeu à platiner.
Les plus
Une belle direction artistique
L’humour, noir et pervers
Excellente musique
Certaines enquêtes excellentes
L’histoire sans sa globalité, intéressante
Certains bons personnages
Le labyrinthe des mystères, bourré d’idées
Les moins
D’autres enquêtes moins prenantes
Certains personnages trop en retraits
Les intrigues secondaires, peu passionnantes
En bref : Master Detective Archives Rain Code +, sous son titre à rallonge, c’est le dernier jeu des créateurs de Danganronpa, et ça fait un peu office de Danganronpa 4. Des enquêtes, des meurtres, de l’humour très noir… malgré quelques défauts, on se prend au jeu et on a du mal à lâcher la manette.