Titre Original : Gladiator II
2024 – Etats Unis
Genre : Péplum démesuré
Durée : 2h28
Réalisation : Ridley Scott
Musique : Harry Gregson Williams
Scénario : David Scarpa
Avec Paul Mescal, Denzel Washington, Pedro Pascal, Connie Nielsen, Joseph Quinn, Fred Hechinger, Lior Raz, Derek Jacobi, Peter Mensah, Matt Lucas et Alexander Karim
Synopsis : Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
Gladiator 2, la suite que personne n’attendait, que personne ne voulait, sauf les studios et Ridley Scott, et qui aura mit plus de 20 ans à débarquer. Il y a des choses à en dire. Et si l’on est souvent tenté de ne pas comparer avec l’opus original afin de ne pas descendre en flèche cette suite tardive, le film n’aide pas beaucoup tant il cherche souvent à simplement copier l’original. Mais déjà, parlons chiffres, car c’est amusant ça. Gladiator II est un des 10 plus grands succès au box-office de l’année 2024. Succès ? Et bien non, car comme pour le récent Kingdom of the Planet of the Apes (que j’ai aimé, ceci dit en passant), le film aura coûté tellement cher, avec un budget estimé à tout de même 250 millions de dollars, hors marketing, qu’il n’est même pas rentré dans ses frais lors de sa sortie cinéma avec ses 460 millions. Oui, il va bien falloir un jour que les studios se calment quand, pour être rentable, il faut approcher voire dépasser le milliard au box-office. Surtout quand les blockbusters, contrairement à il y a 30 ans où ça ne sortait que l’été et à Noël, il y en a maintenant tout le temps. Bref, c’était le moment chiffre, sauf qu’un box-office, positif ou négatif, ne reflète pas toujours la qualité du produit, et que le cinéma de Ridley Scott, il divise plus que jamais depuis bien 10 ans, et donc, depuis le suicide de son frère Tony Scott. Oui, son cinéma a changé, devenant plus pessimiste, nihiliste, et voulant souvent réécrire ses propres mythologies (Prometheus et Alien Covenant) pour rationnaliser le tout. Mais rien ne l’arrête, puisqu’à l’heure actuelle, une série qu’il dirige est en post-production et deux longs métrages sont en pré-production. Et Gladiator II donc ? Et bien il s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Scott, qui à la fois veut démystifier un peu sa propre œuvre (le premier film donc), offrir un point de vue encore plus nihiliste sur son sujet (l’empire Romain), tout en allant dans le démesure la plus totale.
Bon, ne retirons pas tout au film, des récents métrages de Scott (depuis sans doute Seul sur Mars, anomalie feel-good de sa carrière), Gladiator II est sans aucun doute son métrage le plus divertissant, qui n’ennuie jamais, et qui dans sa démesure la plus totale, est parfois réjouissant. L’action est de bonne tenue, fréquente, et essaye toujours d’en faire plus. Vous aimiez les gladiateurs du premier ? Il y en aura plus. Vous aimiez le méchant empereur du premier ? Ils sont deux et encore plus détestables. Vous étiez impressionnés par la scène du tigre du premier ? Ce coup-ci, on nous offre des singes enragés, un rhinocéros et même une bataille navale dans l’arène avec supplément requin. Si l’ensemble n’était pas si sérieux (et au final, cette scène si banale), on se dirait que Scott pourrait nous réaliser un nanar avec des requins qui serait fun. Mais voilà, dans sa démesure, Gladiator II s’avère hautement divertissant malgré ses 2h28 au compteur. Autre bon point, Denzel Washington comme très souvent souligné, qui semble clairement content d’être là, en fait des caisses, et s’avère pour le coup le meilleur personnage du métrage, un bad guy manipulateur et sadique comme on les aime. D’ailleurs, en soit, le casting est bon, mais là où ça coince, c’est niveau personnage. Paul Mescal par exemple n’est pas mauvais en héros torse nu, mais son personnage et son cheminement sont si peu intéressants que l’on se fiche bien de son sort, ce qui est tout de même dommage, pour le personnage principal. C’est presque pareil pour Acacius, joué par Pedro Pascal, pas mauvais, amenant des pistes intéressantes et nouvelles pour le film aux côtés de Macrinus (Denzel Washington donc), mais qui finalement, ne sert pas à grand-chose et est bien trop vite éclipsé. Et l’ironie, c’est que l’on se rend bien trop vite compte que si l’on retire du métrage Acacius et Macrinus, Gladiator II n’est alors qu’une grosse redite du premier film, sur certaines scènes, sur sa narration, et sur, au final, sa finalité.
Mais le souci, c’est qu’en visant le toujours plus, plus grand, plus complexe, plus de personnages, plus de sous intrigues, plus d’animaux en CGI, Gladiator II apparaît comme une redite qui se perd. Le premier Gladiator, avait, il est totalement vrai, une intrigue très simple, des enjeux tout aussi simples et limpides, mais au final, c’est ce qui rendait son personnage principal rapidement attachant, ce qui rendait les scènes d’action excitantes lorsqu’elles débarquaient. Ici, l’action a beau être de bonne tenue, en mettre plein la vue, les enjeux sont souvent vains. Ça manque d’impact, d’émotions, de ce quelque chose pour que l’on se sente investi dans l’aventure. C’est sans doute pour cela que l’on se moque dans un sens du destin de Lucius, comparé au Maximus du premier film. Et comme le film fait dans la redite assez souvent, il est d’autant plus difficile, comme je le disais, de ne pas comparer les deux œuvres. Avec tout ça, on peut clairement s’estimer heureux que Scott n’a pas réalisé la suite de Blade Runner, où il lui aurait justement retiré sa simplicité, et son émotion. En espérant qu’à l’avenir, il ne décide pas de revisiter d’autres de ses films, tant sa vitesse de production le rend capable de tout. En tout cas, le relatif flop du métrage est, dans un sens, compréhensible et même mérité. Même si, en contrepartie, le film est, encore une fois, divertissant, pas foncièrement mauvais, et que, par extension, on ne passe pas un mauvais moment devant.
Les plus
Divertissant
Un film qui fait dans la démesure totale
Denzel Washington
Les moins
Une grosse redite du premier film
Plus, toujours plus, trop souvent
Aucune émotion, aucun impact
En bref : Comme on s’en doutait, Gladiator II ne marquera pas les esprits, et est largement inférieur à l’original. Dans sa volonté du toujours plus, autant dans l’action que les personnages et les enjeux, tout en se calquant trop sur l’original, il en perd tout impact, dans ses enjeux, et même dans l’action.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Entertaining ♥ Always more ♥ Denzel Washington |
⊗ It feels a lot like the first film ⊗ More, always more, too much more ⊗ No emotion at all |
As expected, Gladiator II is not great and won’t leave a mark, it’s clearly not as good as the first film. But by doing always more, in the action, characters and storyline, and by doing it by staying too close to the first one, it looses its soul, its impact. |
Tu viens de me faire couler une sueur froide avec ton texte : et si Ridley Scott avait réalisé « Blade runner 2049″… Par Jupiter, quel affreux cauchemar ! 😅
Au moins aussi terrible que ce que présage les images que tu as captées de « Gladiator II », et ce que tu décris en prime dans l’arène. Cette surenchère me donne la nausée rien que d’y penser. Mais quid de l’émotion ? Quid de la tragédie vécue par Maximus sont on épousait le triste parcours pour redorer son blason.
Ça a beau être divertissant comme tu l’écris, je crois que je ne suis pas prêt à m’infliger ça.
Je partage ton (res)sentiment. Ridley, à force de piétiner l’héritage de ses anciens films, a fini par provoquer chez moi un désintérêt total de tous ses projets. Une suite à GLADIATOR, franchement, la première fois que j’en ai entendu parler, j’ai cru à une (maximus) blague.
A quand la suite de THELMA ET LOUISE ?!?
Princecranoir : On peut vraiment s’estimer heureux pour BLADE RUNNER hein, Scott voulant juste détruire maintenant, n’étant plus du tout intéressé par l’émotion, ben…
Mais voilà, moi j’étais quand même un minimum curieux pour ce GLADIATOR 2 même si je n’en attendais strictement rien. Mais je savais avant même le visionnage que ce serait compliqué, moins bon que l’original. Il rejoint la liste des films de 2024 qui sont « meeeeh » : pas désagréable en soit, mais inutile et vite oubliés, comme le remake de SPEAK NO EVIL (identique à l’original durant la première heure, puis différent mais moins bon. Pas mauvais, bien rodé, mais inutile et je l’ai déjà oublié).
Oli : Ridley, j’avoue que depuis que son cinéma a grandement changé, je regarde limite un projet sur 2. Son NAPOLEON, pas vu, même son THE LAST DUEL qui paraît-il est bon, alors je l’ai dans un coin, mais jamais trouvé la motivation de le voir. Même si pas un grand film, je crois que son dernier film que j’apprécie, c’est son anomalie, SEUL SUR MARS (vivement une suite : PLUS SEUL SUR MARS ?)